L’Afer se retourne contre ses fondateurs
Jean Philippe Dubosc
\ 17h18
Jean Philippe Dubosc

La nouvelle a pris tout le monde de court : selon News Assurances Pro, l’Association française d’épargne et de retraite (Afer) a attaqué en justice ses deux fondateurs. La direction a confirmé, à L’Argus de l’assurance, que la première association d’épargnants de l’Hexagone réclame bien à Gérard Athias et à André Le Saux entre 3 M€ et 5 M€ au titre du préjudice moral subi par l’Afer suite à leur condamnation pour abus de confiance. « La cour d'appel et la Cour de cassation ont relevé que l'association, en tant que telle, avait subi un préjudice en raison des agissements des fondateurs pour lesquels ils ont été condamnés », rappelle Gérard Beckerman, le président de l’Afer.
Posture changeante
Du coup, l’association a fait estimer le montant de son préjudice par Alain Abergel, président de la Compagnie nationale des experts en activités commerciales et techniques (CNEACT). Cet expert comptable a pris en considération la baisse du nombre d’adhésions et les frais de justice engendrés par l’affaire. Cette action est d’autant plus surprenante que l’Afer, qui s’était portée partie civile après la mise en examen de ses fondateurs, s’était retirée en 2006 juste avant l’ouverture du procès au pénal. « L'Afer a souhaité laisser la justice examiner et trancher l'accusation portée au plan pénal contre les fondateurs. Elle n'a pas pour autant entendu abandonner les droits qui auraient pu lui être reconnus », justifie Gérard Beckerman.
Opposition accrue
« Pendant que l’on parle de cette nouvelle affaire, on ne parle pas du reste », estime un courtier. Alors que l’assemblée générale annuelle de l’Afer va se tenir le 29 juin à Nantes (Loire-Atlantique), de plus en plus de voix s’élèvent contre la direction. Après François Nocaudie, le président de SOS Principes Afer, qui a révélé les accords secrets entre les fondateurs du contrat Afer et de son assureur Aviva, un nouveau collectif de courtiers frondeurs s’est constitué. Ils critiquent notamment les fortes augmentations de rémunération de l’équipe dirigeante.
Risque de prescription
Gérard Beckerman balaie d’un revers de main toute stratégie de diversion : « l’expert a rendu son rapport le 24 février 2011, soit bien avant les diverses actions médiatiques orchestrées chaque année par les détracteurs historiques à l'approche de l'assemblée générale. » Si l’Afer a décidé de se retourner maintenant contre ses fondateurs, c’est uniquement parce que passé le 21 juin, il y aurait eu prescription. « Pourquoi alors l’Afer n’a pas poursuivi également Aviva alors que l’assureur a été reconnu financièrement responsable des fondateurs ?», s’interroge un observateur. Autre question : si l’Afer gagne, que va faire l’association de la somme alors que celle-ci ne peut être utilisée pour alimenter le fonds du contrat Afer. La suite au prochain épisode du feuilleton Afer.
Jean-Philippe Dubosc
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