La nouvelle décote de la dette grecque ne devrait pas affecter les assureurs français
JEAN-PHILIPPE DUBOSC

Contrairement à ce que la lecture des journaux peut faire penser, les banques ne sont pas les seuls établissements à être touchés par la décote de 50% de la dette grecque. Adoptée dans la nuit du 26 au 27 octobre par les dirigeants de la zone euro, réunis à Bruxelles pour sauver Athènes de la faillite, cette mesure n’est pas non plus une bonne nouvelle pour les sociétés d’assurance (ni d’ailleurs pour les fonds de pension et les sociétés de gestion de portefeuille), qui détiennent massivement des obligations hellènes. Les assureurs français figurent parmi les plus exposés, avec près de 9 Md€ de dettes souveraines grecques, selon les estimations de la société de courtage actions CA Chevreux, filiale du Crédit Agricole.
Pas d'inquiétude
Pour autant, ils ne semblent pas très inquiets. « Notre bilan est suffisamment solide pour absorber d’éventuels défauts sur certains actifs comme cela a été le cas, par exemple, en 2008 », a déclaré Nicolas Moreau, directeur général d’Axa France, dans La Tribune. D’autant que les obligations grecques représenteraient à peine 1% des actifs des assureurs hexagonaux. Chez Legal & General France, l’exposition à la dette grecque se situe même à 0,6%. « Compte tenu du contexte, nous avons déjà commencé à réattribuer nos actifs vers davantage d’obligations « corporate » (d’entreprise, NDLR). Nous avons vendu des obligations d’Etat, y compris françaises », explique son PDG, Olivier Potellet.
Echéance lointaine
En outre, toujours d’après CA Chevreaux, la grande majorité de la dette grecque détenue par les assureurs arrive à échéance après 2015. Or, la décote décidée à Bruxelles concerne les créances arrivant à échéance en 2012. Enfin, les banquiers sont directement exposés sur leurs fonds propres tandis que les assureurs portent le risque avec les assurés. Si les provisions des sociétés d’assurance devraient absorber sans peine la décote de la dette grecque, elles pourraient se révéler insuffisantes si le problème s’étend à l’Espagne ou à l’Italie.
Risque de contagion ?
« Les mesures adoptées dans le cadre du plan de sauvetage de la zone euro vont permettre de cantonner le risque au cas grec et d’éviter la contagion à d’autres pays », estime Etienne Pourny, expert des marchés obligataires et président de la société de gestion Stelphia Asset Management (détenue à 14% par la Banque Postale et à 14% par OFI). Olivier Potellet, de Legal & General France, est moins optimiste : « C’était important que l’Europe prenne une décision. Mais je crains que ces mesures ne permettent pas d’éviter la contagion. C’est une digue importante, mais qui ne règle pas le problème de fond. Il s’agit d’une réponse à court terme. »
Jean-Philippe Dubosc
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