Législatives : Ces agents d'assurances candidats à l'Assemblée
Ils seront dix-sept agents généraux d'assurances à se présenter ce dimanche 10 juin au premier tour des élections législatives. La plupart sont conscients que s'ils sont élus députés, ils n'auront plus le temps d'exercer un métier qui exige d'être sur le terrain.
Dix-sept agents généraux d'assurances vont se soumettre, ce 10 juin, au verdict des urnes. Il est difficile de dire combien seront élus, mais on peut imaginer qu'ils seront plus nombreux à siéger à l'Assemblée nationale que dans la précédente mandature : sur les 577 députés, on comptait 5 agents d'assurances, contre... 161 fonctionnaires. Certes, la fonction publique offre une sécurité de l'emploi qui permet de mettre sa carrière entre parenthèses durant 5 ans, à l'inverse des agents généraux, qui exercent à leur compte.
LES CHIFFRES
- 6 607 candidats, dont 17 agents généraux
Entre deux mandats, il faut choisir
Reste que d'autres professions libérales sont davantage représentées au Palais Bourbon. Pas moins de 38 avocats et 41 médecins sont députés sortants. « L'agent d'assurances, qui a un portefeuille de clients, ne peut pas suspendre ses activités. Il lui est impossible de reprendre sa place à l'issue de son mandat politique », explique Louis Cosyns, agent général MMA à Dun-sur-Auron (Cher). Ce qui n'empêche pas ce député (UMP) de se représenter. « J'ai la chance d'avoir une entreprise familiale. Au début, c'est mon fils, assureur, qui a géré l'agence. Aujourd'hui, ce sont mes collaborateurs et mon épouse qui s'en occupent jusqu'à mon retour. »
Les agents candidats à la députation sont conscients de la difficulté de mener de front leurs activités et un mandat de parlementaire. « On ne peut pas cumuler les deux, juge Cécile Guillocher, agent général Aréas assurances au Mans et candidate (Modem) dans la quatrième circonscription de la Sarthe. Si l'on veut exercer correctement le mandat de député, il faut y consacrer beaucoup trop de temps. Si je suis élue, je compte restructurer mon cabinet en le faisant gérer par une personne de confiance. » Certains vont plus loin. « Si je suis élu, il faudra que j'arrête mon activité », lance Marc-Henri Fiaschi, agent mandataire Axa à Trans-en-Provence et candidat (MPF) dans la huitième circonscription du Var. « Pour une question d'emploi du temps, il est impossible de mener les deux activités de front. Être député, c'est quasiment un temps complet », confirme Alain Cousin. Cet ancien agent Axa à la retraite en sait quelque chose : il est député (UMP) depuis 1988 et se représente dans sa circonscription de la Manche. Autrefois agent d'assurances, Xavier Bertrand, l'ancien ministre de la Santé, l'a bien compris en abandonnant son métier pour se consacrer entièrement à la politique.
Alors pourquoi certains agents se portent-ils quand même candidats ? Cette activité constitue-t-elle un bon tremplin pour faire de la politique ? « Un bon tremplin, je ne sais pas, mais il s'agit d'un métier riche de contacts, depuis les particuliers jusqu'aux chefs d'entreprise », précise Cécile Guillocher.
Soulignons que les agents que nous avons interrogés n'ont pas demandé d'autorisation à leur compagnie avant de se porter candidat. « Je n'ai pas sollicité d'autorisation, témoigne Cécile Guillocher, mais il m'a paru évident de faire part de ma candidature aux élections législatives, car j'ai un contrat moral avec ma compagnie. Je me suis rapprochée de différentes personnes et je n'ai reçu que des encouragements. En outre, comme je ne représente pas un parti extrême, cela pose moins de difficultés. » Une considération qui n'a pas arrêté les cinq agents qui se présentent sous l'étiquette extrême droite (dont quatre affiliés au Front national). Comme les autres professions libérales, les agents généraux se situent plutôt à la droite de l'échiquier politique. Sur les 17 qui se présentent dimanche prochain, deux se réclament du centre et une d'un parti écologiste (Le Trèfle). Et dans l'ancienne assemblée, un seul siégeait sur les bancs de la gauche.
Éviter les conflits d'intérêts
Quoi qu'il en soit, une fois élus, rares sont les agents à être prolixes en propositions de loi et autres amendements. Tous s'accordent pour dire qu'ils sont peu sollicités par la profession. « Pour éviter toute suspicion de conflit d'intérêts, les assureurs préfèrent qu'un amendement qui leur est favorable soit défendu par un député ne travaillant pas dans le secteur », analyse Lionel Tourtier, délégué général de l'Association française professionnelle de l'épargne retraite (Afpen). « Le lobby bancaire paraît plus évident à l'Assemblée nationale », constate Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants. La prochaine Assemblée va-t-elle changer la donne ? Verdict le 17 juin.
LOUIS COSYNS
- Agent MMA, 60 ans
- Député UMP depuis 2002 de la 3e circonscription du Cher
« À l'époque, il n'était pas nécessaire d'informer sa compagnie avant de s'engager en politique. Je l'ai fait par loyauté envers la Mutuelle du Centre, devenue MMA. Aujourd'hui, la plupart des compagnies sont très hostiles à l'engagement politique de leurs agents. »
CÉCILE GUILLOCHER
- Agent Aréas, 47 ans
- Candidate Modem dans la 4e circonscription de la Sarthe
« Le métier d'agent général est riche de contacts. Je suis confrontée quotidiennement aux préoccupations des chefs d'entreprise, associée à l'essor de leur société et à ses difficultés. Les particuliers me font part de leurs soucis, et de leurs craintes concernant leurs revenus à la retraite. C'est une profession qui permet d'être proche des gens et de bien connaître le tissu économique local. »
ALAIN COUSIN
- Agent Axa retraité, 65 ans
- Député UMP depuis 1988 de la 3e circonscription de la Manche
« À l'Assemblée Nationale, pour me tenir au courant de l'évolution de mon secteur, j'ai fait partie du groupe d'étude consacré à l'assurance. Toutefois, pour qu'il n'y ait pas un mélange des genres, je ne suis jamais intervenu au Parlement sur les questions liées à ma branche. De toute façon, j'étais assez peu sollicité par la profession pour faire remonter des sujets auprès des députés. »
MARC-HENRI FIASCHI
- Agent mandataire Axa, 59 ans
- Candidat Mouvement pour la France (MPF) dans la 8e circonscription du Var
« J'exerce des activités politiques depuis longtemps, avec une forte implication dans le secteur touristique. Sinistré par les inondations de juin 2010, je suis secrétaire de l'association d'aide aux victimes. Ces expériences m'ont appris que les messages ne passaient pas entre le terrain et ceux qui nous gouvernent. Pour moi, être député, c'est avoir l'occasion d'établir une représentation directe entre le terrain et le pouvoir. »
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