Pilar Gonzalez De Frutos, présidente de l'Unespsa : « Le potentiel de croissance de l'assurance vie est considérable »
À l'heure où l'Espagne est désignée comme étant, après la Grèce, la prochaine victime de la crise dans la zone euro, la rédaction de L'Argus a analysé l'état du marché espagnol de l'assurance et invité Pilar Gonzales de Frutos, la présidente de l'association espagnole des assureurs, l'Unespa, à commenter les résultats 2011 du secteur. Elle souligne sa bonne résistance et évoque les perspectives ouvertes par le transfert d'une partie de l'épargne vers l'assurance vie.
PROPOS RECUEILLIS PAR ARMAND CHAUVEL, À BARCELONE

Comment s'est comportée l'assurance espagnole en 2011 et quels sont les premiers éléments d'analyse en 2012 ?
Les résultats globaux de 2011 ont été qualifiés par tous les observateurs de « plus que raisonnables », le secteur ayant quasiment maintenu son chiffre d'affaires en non-vie et augmenté ses provisions en vie de 5,09%. Si les résultats du premier trimestre 2012 montrent une légère dégradation, il est trop tôt pour en tirer des conclusions. Certes, nous ne sommes plus dans une confortable position contracyclique, comme au début de la crise, et nous souffrons de la baisse de l'éparque des ménages, mais moins qu'il ne peut sembler à première vue.
L'assurance auto, un quart des primes, paraît pourtant bien touchée...
Oui, mais malgré un recul d'un peu plus de 4% au premier trimestre, les ratios techniques demeurent bons. Les Espagnols roulent moins, et la sinistralité a diminué de 9% depuis 2008, dans la même proportion que le volume de primes, preuve que les assureurs ont transféré la baisse de la sinistralité brute à leurs clients. Là où les primes chutent le plus, c'est dans l'assurance multirisque construction ou les assurances d'entreprise, de l'ordre de 25% depuis le début de la crise, ou dans le crédit-caution. Néanmoins, ce phénomène est compensé par le fait que l'assurance apparaît, de plus en plus, comme une valeur refuge aux épargnants et aux investisseurs.
La hausse des provisions en vie devrait donc se poursuivre ?
Oui, l'incertitude créée par les fonds de pension a poussé beaucoup d'épargnants à en retirer leur argent pour le placer dans de l'assurance vie, particulièrement orientée retraite. Il faut préciser qu'en Espagne, nous partons d'une situation très différente de celle de la France, car notre assurance vie ne représente que 8% du total de l'épargne. Le potentiel de croissance dans ce domaine est donc considérable, même si, pour en profiter, il faudrait peut-être simplifier l'offre et mieux communiquer, car beaucoup de gens méconnaissent encore ces produits. De ce point de vue, l'obligation qui sera faite à partir de 2014 à la Sécurité sociale d'indiquer aux citoyens espagnols le montant de leur future retraite devrait marquer un point d'inflexion.
Comment expliquer le bon comportement des assurances santé et habitation ?
Ici, contrairement à la France, l'assurance santé ne repose pas sur le remboursement, mais sur l'accès à des réseaux de soin privés, que la réduction des dépenses de santé publique tendra à favoriser dans les prochaines années. Inévitablement, beaucoup de familles vont se tourner vers cette solution et venir grossir le nombre de titulaires d'assurances santé, déjà supérieur à 10 millions [NDLR : sur 46 millions d'Espagnols en 2011]. Quant à l'assurance habitation, si elle continue de croître de plus de 2% malgré l'effondrement des hypothèques, c'est parce que nos assureurs ont su la faire passer d'une assurance de remboursement à une assurance de services, avec des prix modiques et une attention immédiate qui remporte l'adhésion des usagers.
Les compagnies espagnoles demeurent innovantes malgré les difficultés ?
Certainement, notre système d'indemnisation directe dans l'assurance automobile fonctionne si bien qu'il est un cas d'école. Nous sommes aussi à la pointe dans la gestion d'actifs en assurance vie et possédons une très bonne expertise dans l'assurance contre les catastrophes naturelles. S'il existe un point sur lequel nous devons nous améliorer, c'est la lisibilité de l'offre : il nous faut mieux communiquer sur ce qu'est un contrat d'assurance et être plus clairs quant aux couvertures que nous offrons ou n'offrons pas, de sorte à éviter tout malentendu.
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