A Lyon, Dentexia fait grincer les dents des organisations de chirurgiens dentistes

Un centre dentaire sous statut associatif, baptisé Dentexia, vient d'ouvrir dans le 6e arrondissement de Lyon, en promettant des tarifs divisés par deux. Son président, Pascal Steichen, affiche des forfaits de l'ordre de 970€ pour une couronne et un implant, tout en assurant un salaire mensuel net de 8 000€ aux implantologues recrutés dès le mois de septembre. Sa recette : une organisation dans laquelle le praticien est déchargé de toutes les contraintes de gestion et des achats de prothèses groupés, mais sans compromis sur la qualité selon lui.

L'Agence régionale de santé Rhône-Alpes n'a pas fait obstacle à ce projet, alors que l'association, qui a déclaré sa création à Aix-en-Provence en juillet 2011, n'a toujours pas finalisé son accord commercial avec le prothésiste qu'elle a identifié à Bordeaux. Dentexia intrigue les professionnels lyonnais, dubitatifs à l'égard des multiples vies professionnelles du dirigeant, tour à tour consultant, formateur et éditeur de revues spécialisées. "Il n'a rien d'un dentiste et cependant il a mis au point les protocoles de soins", s'insurge Alain Chantereau, président de l'Ordre des chirurgiens dentistes.

"Il est désormais possible de créer une association loi 1901 sous un but louable et en salariant des chirurgiens dentistes, tout en se faisant une publicité que le code de déontologie interdit aux libéraux", ironise Philippe Balagna, le président du Syndicat des chirurgiens dentistes, convaincu que le cabinet low cost sera contraint à "un abattage du matin au soir pour rentabiliser l'activité".

Ces deux professionnels promettent de redoubler de vigilance, alors qu'un prochain centre est programmé au mois de mars, au sein de la maternité privée Natécia, dans le 8e arrondissement de Lyon, puis à Vaulx-en-Velin, début avril. D'autres établissements secondaires sont prévus à Marseille, Paris, et dans plusieurs grandes autres villes de France.

Laurent Poillot, à Lyon