AG2R La Mondiale : pourquoi l'Alsace s'en va !

Le torchon brule entre le groupe de protection sociale AG2R La Mondiale et ses entités Muta Santé et Arpege Prévoyance. Ce 20 septembre, le conseil d'administration de l'institution de prévoyance alsacienne aurait pris la décision de rétablir dans ses fonctions le dirigeant Stéphane Demuth...alors que celui-ci avait été licencié quelques jours auparavant par son employeur, le groupement d'intérêt économique (GIE) AG2R Reunica. Désavoué par la direction générale d'AG2R La Mondiale, Stéphane Demuth nous livre aujourd'hui sa version des faits. Et n'exclut pas une sortie de l'Alsace du groupe dirigé par André Renaudin. 

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AG2R La Mondiale : pourquoi l'Alsace s'en va !
Stéphane Demuth

Quelles sont les origines de cette crise entre AG2R La Mondiale et ses entités alsaciennes ?

Alors qu’il était totalement indépendant, le groupe Arpege a rejoint Reunica en 2010. Un accord de maintien d’autonomie des structures du groupe Arpege - à savoir Muta Santé et Arpege Prévoyance - a alors été signé. Cet accord politique prévoyait l’autonomie des conseils d’administration et du fonctionnement des deux entités. Lorsque le groupe Reunica a intégré AG2R La Mondiale en 2015, nous avons renouvelé cet accord. Sauf que depuis deux ans, cet accord politique est régulièrement mis à mal au grand dam des administrateurs alsaciens. Le groupe tente de centraliser certaines fonctions stratégiques, veut externaliser certains de nos services, revoir notre système informatique…C’est de là que sont nées les crispations avec AG2R La Mondiale.

Quelle a été la réaction des conseils d’administration de Muta Santé et d’Arpege Prévoyance ?

Suite au non-respect d’AG2R La Mondiale des engagements de souveraineté des entités alsaciennes, les administrateurs d’Arpege ont demandé la rédaction d’un nouveau protocole qui devait donner plus d’autonomie aux deux structures. En parallèle est né le projet de la Société de groupe assurantiel de protection sociale (Sgaps) d’AG2R. Résultat, hasard du calendrier ou non, en mai dernier, les conseils d’administration se sont retrouvés à délibérer sur les deux sujets. La proposition faite par direction générale sur le fonctionnement d’Arpege – qui donnait plus d’autonomie mais était quelque peu réductrice commercialement – a été adoptée à la majorité dans les deux conseils d’administration. En revanche, sur le deuxième point abordé, les administrateurs ont décidé de surseoir à l’intégration de leurs organismes dans la Sgaps.

Pour quelles raisons ?

Les conséquences de la mise en place de ce nouveau groupe prudentiel ne sont pas évidentes à aborder, tout comme l’influence dominante de la structure faîtière ou l’exposition des fonds propres en matière de solidarité financière. En attendant que la situation s’améliore sur les autres sujets en cours, les administrateurs ont donc préféré rester prudents, quitte à rentrer dans la Sgaps plus tard. Seulement suite à cette prise de position, le groupe a décidé de ne pas mettre en œuvre le nouveau protocole d’accord. Or, celui-ci avait été validé par les conseils d’administration dont les délibérations sont censées être souveraines. Cet évènement a accru les tensions en interne. Et c’était sans compter sur mon licenciement intervenu durant l’été, qui a alors mis le feu aux poudres.

Pourquoi avez-vous été licencié par AG2R La Mondiale ?

Cette éviction semble être une réaction à la non-adhésion à la Sgaps. J’ai certainement été victime d’un licenciement politique. Je travaille depuis 21 ans dans le groupe Arpege. Je suis directeur de la business unit (BU) Arpege depuis 2010, dont j’étais le dirigeant historique et opérationnel. Autant dire que lorsque, le 12 septembre dernier, je reçois ma lettre de licenciement – avec effet immédiat sans indemnité, ni préavis – c’est l’incompréhension qui domine. Conséquence de quoi, les administrateurs de Muta Santé, réunis en conseil d’administration extraordinaire le 15 septembre dernier, ont décidé de révoquer André Renaudin et de me nommer à sa place en tant que directeur général de la mutuelle suivi en cela par le conseil d’administration d’Arpege Prévoyance qui a fait de même lors de son conseil d’administration ordinaire du 20 septembre.

Comment peut-on être à la fois licencié et promu directeur général ?

Je suis licencié par le groupe AG2R La Mondiale, qui était mon employeur à travers un Groupement d’intérêt économique AG2R Réunica, mais je suis aujourd’hui employé directement par la mutuelle et l’Institution de Prévoyance.

Alors que le conflit semble se durcir, une réconciliation est-elle possible ?

On ne sait jamais, on sera fixé très prochainement ! Les administrateurs d’Arpege Prévoyance n’ont pas souhaité délibérer sur le sujet de l’appartenance au groupe sans en avoir mesuré toutes les conséquences. Une réunion de travail devrait avoir lieu rapidement entre les administrateurs des organisations syndicales et ceux des organisations patronales pour étudier plus en avant les différentes options. Les administrateurs de Muta Santé ont décidé lors de leur CA du 15 novembre de soumettre à une assemblée générale organisée début novembre une proposition de sortie du groupe AG2R La Mondiale.

Pourquoi vouloir éventuellement quitter le groupe AG2R La Mondiale ?

Nous pourrions retrouver notre autonomie de fonctionnement et la souveraineté de nos institutions alsaciennes. Si ce départ devait être acté, il n’y a pas de volonté particulière de rejoindre un autre groupe. Quand on divorce, on ne se remet pas tout de suite en couple. Après, dans notre monde, tout peut aller très vite. Cela dépend des opportunités.

Quelles pourraient être les conséquences sociales d’un départ du groupe AG2R La Mondiale ?

Aujourd’hui, environ 200 personnes employées par le GIE AG2R Reunica travaillent pour Muta Santé et Arpege Prévoyance. Ils seraient repris en direct par les deux structures. Ce qui importe pour les salariés, c’est qu’on pérennise leurs emplois, qu’on leur maintienne leur statut, mais surtout le contenu et la qualité de leur poste. En tout cas, ceux qui étaient dans la rue la semaine dernière sont plutôt inquiets de rester dans le groupe AG2R. Mais pas d’en sortir.

Arpege Prévoyance : quiproquo autour de la tenue du conseil d’administration

Alors que l’institution de prévoyance alsacienne indique, dans un communiqué, qu’Arpege Prevoyance a réintégré Stéphane Demuth, le groupe de protection sociale, dans un autre communiqué, ne se positionne pas sur la même ligne. Pour elle, le conseil d’administration exceptionnel d’Arpege Prévoyance n’a pas pu siéger ! « Faute de satisfaire aux conditions régulières de quorum, le conseil d’administration n’a pu ni siéger, ni a fortiori délibérer. Les instances du Groupe se réuniront dans les prochains jours afin de tout mettre en œuvre pour sortir de la crise dans le respect de chacune des entités concernées », indique AG2R La Mondiale. 

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