Allemagne : une couverture dépendance obligatoire... et facultative
Dépendance assurance dépendance

Outre-Rhin, les pouvoirs publics ont engagé plusieurs réformes pour apporter des réponses au vieillissement de la population.
L’Allemagne a introduit dès 1995 une assurance dépendance. Pas totalement surprenant au regard des statistiques démographiques : le pays est, en Europe, l’un des plus concernés par le vieillissement et donc la perte d’autonomie. D’ici 2040, la population de plus 67 ans, l’âge légal de la retraite, dépassera les 21 millions de personnes, soit 40 % de plus qu’aujourd’hui ! Pas totalement étonnant, non plus, le choix du financement effectué par le pays de Bismarck : une cotisation obligatoire assise sur les salaires. Plus précisément, l’assurance dépendance a été calquée sur le schéma de l’assurance maladie. Affiliation automatique pour toutes personnes qui relèvent des caisses publiques et obligation de souscrire une couverture privée pour la minorité d’assurés allemands affiliés à une assurance maladie privée.
Un RAC très élevé
La dernière réforme entrée en vigueur cette année a fait passer le nombre des niveaux de dépendance de trois à cinq en intégrant les maladies neuro-dégénératives comme la démence ou Alzheimer. Elle a ainsi ouvert des droits à 400 000 personnes supplémentaires, faisant passer à 3,3 millions le nombre de bénéficiaires de l’assurance dépendance. Ces derniers disposent d’ailleurs d’une certaine liberté, puisqu’ils peuvent décider d’une prise en charge par des professionnels ou par des proches. « L’objectif est de laisser, si possible, aux personnes couvertes le choix de l’encadrement », insiste le ministère de la Santé.
Mais cette couverture obligatoire ne suffit pas, néanmoins, à couvrir l’intégralité des frais d’où l’expression utilisée en Allemagne « d’assurance dépendance partielle ». En effet, le reste à charge dans les établissements s’élève en moyenne à 580,80 € par mois en 2017, selon les statistiques du ministère de la Santé, mais il peut varier de 300 à 800 € mensuels, selon les régions (Länder). D’après la Fédération allemande des compagnies privées d’assurance maladie (PKV), le coût moyen d’une place dans un établissement de type Ehpad est de 1 700 € par mois.
Une « Bahr » trop coûteuse
Pour faire face au problème, l’Allemagne a lancé en 2012 une complémentaire gérée par les caisses privées et subventionnée par l’état. Selon les derniers chiffres de la PKV, plus de 770 000 contrats subventionnés par l’État (5 € par mois), dit « dépendance Bahr » du nom du ministre de la Santé en charge du projet, ont été souscrits depuis 2012, dont 40 % de la part de jeunes de 25 à 35 ans. « Mais le succès espéré n’est pas au rendez-vous », reconnaît Dominik Heck, porte-parole des caisses privées, avant d’expliquer : « Les sondages montrent que les assurés ont peur de se confronter à ce sujet de la dépendance qu’ils ont tendance à refouler ». Et cette complémentaire pose certains problèmes. « Il y a un risque d’explosion des cotisations car les assureurs n’ont pas le droit d’exiger dans ce cas un bilan santé », souligne Timo Voss, conseiller de la Fédération des assurés privés (Bund der Versicherten). Avant d’ajouter : « Ce système n’est donc pas fonctionnel. Il faudrait que les assurés calculent eux-mêmes la somme dont ils ont besoin pour le financement du reste à charge. » La solution ? « Il faut faire du sur-mesure : en fonction de la région où l’on habite, des conditions de vie, dans une maison ou dans un immeuble, avec des proches ou sans… ».
Un équilibre délicat
La réforme de l’assurance dépendance de 2017 a fait exploser les coûts de 22 % au premier semestre. Le déficit des caisses s’établit à 3 Md€ (37 Md€ de dépenses contre 34 Md€ de recettes) qui sera financé grâce à la réserve constituée de 9,4 Md€. Mais la Fédération allemande des sociétés d’assurance estime que les taux de cotisations – relevés de 0,2 point à 2,55 % du salaire au 1er janvier 2017 – devraient rester stables jusqu’en 2020 grâce à la bonne santé de l’économie.
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