Assurance automobile – Tarifs – Concurrence : Les mutuelles engagent la riposte
Face au projet de loi de Benoît Hamon, les mutuelles sans intermédiaires (MSI) mènent une contre-offensive tarifaire en assurance auto.
Le marché de l'assurance auto est en pleine effervescence. Et pour cause : en l'espace de quatre mois, deux mutuelles sans intermédiaire - la Maif et la Maaf - ont relancé une guerre larvée des tarifs en dévoilant leur stratégie commerciale. Le 27 août dernier, la Maaf, à grand renfort publicitaire, a annoncé qu'elle n'augmentera pas les cotisations automobile de ses 3,5 millions de sociétaires en 2014 tout en accordant dans le même temps une remise de 5% à tous ses assurés au titre de 2013. Pour conquérir des sociétaires, elle a également prévu d'appliquer à partir du 1er janvier 2014 des tarifs inférieurs à ceux de 2013 pour tous les contrats souscrits par de nouveaux clients. De son côté, la Maif avait dégainé dès le printemps en promettant des tarifs auto stables en 2014. Ce gel des tarifs est d'autant plus surprenant qu'il intervient après des années de hausses. Ainsi, les primes d'assurance auto ont progressé en moyenne de 11% entre 2003 et 2012.
DIX ANS DE HAUSSE
+ 11% La progression des primes d'assurances auto entre 2003 et 2012
Bonne santé financière
Ces politiques généreuses, les deux groupes mutualistes estiment être en mesure de les conduire au regard de leurs performances techniques et financières. En 2012, la Maaf et la Maif ont affiché une rentabilité technique correcte avec un ratio combiné de respectivement 99% et 100,7% contre 102% pour l'ensemble du secteur (données FFSA), pour un résultat net de 198 ME et 157 ME.
Au-delà d'une bonne santé financière, les MSI ont rebattu leurs cartes d'un point de vue commercial. Une stratégie axée notamment sur une démutualisation des risques et une plus forte sélectivité à l'entrée. « Les MSI ont saisi les enjeux de la segmentation des risques tout comme les limites de la mutualisation dans un contexte de tensions sur le marché. Pour conserver des parts de marché, elles cherchent à identifier la rentabilité des sociétaires là où quelques années auparavant le sujet était clairement tabou », souligne Stéphane Chappellier, associé responsable du pôle IARD au sein du cabinet Actuaris.
La preuve : la Maaf estime avoir récolté les bénéfices de sa gestion interne : « une plus forte sélection des risques, une surveillance accrue du portefeuille et une gestion de sinistre plus efficace du fait de la mutualisation au niveau de la Sgam Covéa », détaille Étienne Couturier, son directeur général.
Difficile de ne pas voir aussi dans cette offensive tarifaire la volonté de répliquer à la résiliation à tout instant des contrats d'assurance auto prévue dans le projet de loi consommation de Benoît Hamon.
Réponse à la loi Hamon
Pour Christine Mathé-Cathala, directrice marketing, « la Maif a toujours recherché l'engagement dans la durée de ses sociétaires, la préservant ainsi des éventuels effets néfastes de la loi ». Au premier rang desquels un turn-over plus élevé des portefeuilles et une explosion des coûts de gestion.
Reste que cette politique tarifaire pratiquée par les MSI pourrait sonner le glas d'années de hausses de prix chez les assureurs. À tel point que la hausse moyenne ne devrait pas excéder les 2% en 2014, selon les prédictions de Cyrille Chartier-Kastler, président de Fact et Figures : « Les assureurs traditionnels vont revenir progressivement vers des hausses de tarifs modérées voire nulles en dommages. Ces derniers devront retrouver les moyens de revenir en croissance de portefeuille. Sur cet axe stratégique, ils risquent de se heurter à l'agressivité commerciale des mutuelles sans intermédiaire. » Les assureurs doivent donc réagir. Or, pour le moment, aucun des principaux acteurs n'a encore dévoilé les contours de sa stratégie. Un mutisme qui interroge de fait leur capacité réelle à répliquer aux MSI...
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