Hommage unanime pour Antoine Bernheim
À 87 ans, le Lion de Trieste a tiré sa révérence, après une vie et un parcours professionnel hors normes. Tout le monde salue cette personnalité atypique, qui aura laissé son empreinte en France mais aussi en Italie.
CATHERINE DUFRÊNE ET DOMINIQUE MURET, À MILAN

Antoine Bernheim s'est éteint le 5 juin, à l'âge de 87 ans. Ce « parrain » du capitalisme européen, ancien banquier d'affaires, éminent faiseur de grandes réussites économiques (Vincent Bolloré, François Pinault, pour ne citer qu'eux), était devenu assureur dans les années 70. Et un grand assureur, unanimement salué comme un formidable stratège doté d'une vision de très long terme, mais également un grand humaniste.
Salué comme un héros national en Italie
Lors de son premier passage à la tête de Generali, à la fin des années 90, il donne au groupe italien une véritable envergure internationale. Homme de subtilité et d'humour, féroce envers ses ennemis, un brin comédien à ses heures, Antoine Bernheim, qui n'avait jamais digéré son éviction de l'assureur italien, réussit le coup de force de revenir à la présidence du groupe en 2002, grâce au soutien de son « fils spirituel » Vincent Bolloré.
Finalement, s'étant senti « trahi » par ce dernier, il aura bataillé jusqu'au bout, comme l'a illustré son dernier coup d'éclat lors de l'assemblée générale des actionnaires en avril 2012. Une bataille de trop, selon beaucoup, pour qui le « grand homme » aurait dû se résoudre à raccrocher les gants plus tôt...
L'Italie était son deuxième pays, sa terre d'adoption. Et là aussi, la nouvelle de la disparition d'Antoine Bernheim a été largement reprise, les personnalités de la finance ne manquant pas de saluer l'envergure et la personnalité du manager. « Il a été une grande figure de référence pour le monde financier européen. Je me souviens de lui comme d'un homme qui a toujours soutenu ses idées avec une passion unique », commente le PDG de Generali, Gabriele Galateri Di Genola, qui souligne également comment Antoine Bernheim a été « un guide important et déterminant pour le développement international de la compagnie ».
L'appelant affectueusement Tonio, la presse transalpine unanime salue sa force de caractère, en rappelant qu'il sut défendre par-dessus tout « l'italianité du Lion de Trieste ». « L'homme qui eut le courage de rompre avec Enrico Cuccia », l'influent patron de la banque d'affaires Mediobanca, titre ainsi l'hebdomadaire Panorama. « L'un des derniers "grands vieux" de la finance », écrit le Corriere della Sera, en le qualifiant de « pilier du capitalisme français ». « L'homme qui avait prévu la crise », écrit carrément l'éditorialiste Vittorio Da Rold, du quotidien économique Il Sole 24 Ore, tandis que Michel Calcaterra, du site financier Firstonline, évoque « le cheval de race de la finance » : « Il répétait "Je suis un vieillard", mais son cerveau continuait à imaginer de nouvelles opérations financières, de nouvelles alliances, de nouveaux raids. »
ANTOINE BERNHEIM EN QUELQUES DATES
- 1967-1999 Associé gérant de la Banque Lazard.
- 1972-1997 PDG de la compagnie d'assurances La France.
- 1981-1991 Cofondateur et PDG d'Euromarché.
- 1988-2003 Administrateur et vice-président de la banque italienne Mediobanca.
- 1995-1999 et de 2002 à 2010 Président du groupe Generali.
Claude Tendil, PDG de Generali France :
« C'était un grand bonhomme »« J'ai rencontré Antoine Bernheim lorsqu'Axa a racheté la Compagnie du Midi. Devenu administrateur d'Axa, il s'est intéressé à la façon dont j'ai restructuré les différentes sociétés du groupe puis dont j'ai mené la fusion Axa-UAP et m'a apporté son soutien tout au long de ces opérations difficiles. Quand j'ai quitté Axa, il m'a mis en contact avec le président de Generali pour que je rejoigne le groupe puis m'a fait entrer au conseil de Generali SpA en Italie. C'était un grand stratège. Sa plus grande passion professionnelle a été Lazard, mais aussi Generali et l'Italie. Antoine Bernheim a été un président développeur. Il aura marqué l'économie italienne, à la fois comme administrateur de Mediobanca, clé de voûte du capitalisme transalpin, et comme président de Generali, l'un des porte-drapeaux économiques du pays. Avec lui, tout était blanc ou noir : soit vous étiez un ami soit son ennemi, mais au moins, on savait à quoi s'en tenir ! J'ai eu la chance de bénéficier de sa confiance et de son soutien. Au plan humain, on pouvait toujours compter sur lui. Il avait beaucoup de qualités de coeur, d'humour et de férocité à la fois. Pour lui, la retraite était l'antichambre de la mort. C'était un grand professionnel, un grand patron et un grand bonhomme. Je n'ai que des regrets, de l'estime et de l'amitié à exprimer. »
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