L'assurance comme seul recours
L'Italie n'a pas de système d'assurances catastrophes naturelles, alors que le pays présente un risque élevé dans ce domaine. Le récent séisme en Émilie-Romagne relance le débat, au moment où l'État a décidé de se désengager.
DOMINIQUE MURET, À MILAN

Hasard ou coïncidence ? Quatre jours avant le tremblement de terre qui a frappé l'Émilie-Romagne dans la nuit du 20 mai, entraînant la mort de sept personnes et provoquant de nombreux dégâts, avec des dommages pour l'économie estimés à plusieurs centaines de millions d'euros, un décret-loi était publié réformant le système de la protection civile en Italie. À la clé : la décision de l'État de ne plus indemniser les personnes privées et les entreprises pour les dommages subis en cas de catastrophe naturelle.
LE CHIFFRE
3 millions C'est le nombre d'Italiens vivant dans des zones à risque sismique élevé.
Flou public, carence privée
Crise oblige, le gouvernement ne peut plus se permettre d'intervenir financièrement à chaque calamité pour couvrir les dégâts. Or, en Italie, il n'existe pas de régime catastrophes naturelles. Les politiques ont toujours rechigné à imposer une assurance en la matière, qui aurait pu être perçue comme un nouvel impôt.
De leur côté, les compagnies ne se sont jamais bousculées sur ce terrain, compte tenu de la forte exposition du pays aux inondations, éboulements et autres tremblements de terre. Selon les experts, dans les 10 prochaines années, plus de 6 millions d'édifices sont menacés en cas de séisme et 300 000 en cas d'inondation, tandis que 3 millions de personnes vivent dans des zones à haut risque sismique et 21 millions dans des zones à risque moyen. Les compagnies qui proposent ces polices dans la péninsule se comptent sur les doigts de la main et proposent des couvertures et des tarifs pouvant aller de 100 à 2 000 €.
En dépit des nombreux et vifs débats sur ce thème cette dernière décennie, l'État n'a jamais eu le courage d'affronter résolument la question. Le décret-loi sur la protection civile adopté le 16 mai reste une fois de plus assez ambigu et ne semble pas avoir pris en compte tous les paramètres, comme les disparités entre régions, le recensement des constructions antisismiques, etc.
En cas de calamité, passé l'état d'urgence qui ne se prolongera pas au-delà de 100 jours, l'État ne prendra plus les dégâts à sa charge. Le texte prévoit simplement la possibilité pour les Italiens de stipuler, sur base volontaire, des assurances privées « anticatastrophes », sans donner davantage de détails. Il est juste question de déductions fiscales destinées à encourager la diffusion de ce genre de polices.
Et beaucoup de débats...
Pour l'heure, le décret doit être transformé en loi et se doter d'un règlement spécifiant les contours de ce nouveau mécanisme à mettre en place. Autant dire encore de longs mois de discussions avant son entrée en vigueur...
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