Réchauffement : les assureurs tirent la sonnette d'alarme

Avant la tenue du sommet du G8 à Édimbourg, les assureurs ont voulu se faire entendre au cours d'une série de conférences à Londres et à Bruxelles destinées à évaluer l'impact financier des changements climatiques.
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Face au réchauffement de la planète, les assureurs ont décidé, au cours d'une série de conférences, de sortir de leur réserve. « Pour la première fois, les assureurs peuvent vraiment assumer un rôle de premier plan dans l'estimation des conséquences financières des changements climatiques. » Pour Peter Hubbard, DG d'Axa Insurance en Grande-Bretagne, il ne fait aucun doute que la connaissance des besoins et des attentes de leurs clients dans le monde entier peut aider les assureurs à assumer parfaitement une mission de conseil dans la problématique du réchauffement de la planète.

Présidant la conférence organisée par l'Association of British Insurers (ABI) le 29 juin à Londres, Peter Hubbard s'est fait ainsi l'écho des préoccupations des assureurs : « Même s'il est encore trop tôt pour évaluer les risques financiers liés au changement climatique au sein de notre propre entreprise, il faut faire en sorte que l'impact réel de ces changements soit reconnu par la communauté politique et économique. » Une mission de reconnaissance que les assureurs ont entrepris de communiquer à grand renfort d'études scientifiques très documentées.

Selon l'ABI, qui s'appuie sur un rapport compilé par l'Intergovernemental Panel on Climate Change (IPCC, groupe d'études intergouvernemental sur le changement climatique), le coût des tempêtes et des ouragans augmentera de près de 65 % d'ici à 2080. Il faut comprendre par là que la part des dommages remboursés par les assureurs atteindra en moyenne 23 MdE par an à cette date.

Selon l'ABI, le coût d'une saison d'ouragans chargée aux États-Unis pourrait atteindre 125EMdE, soit deux fois et demie le coût des intempéries enregistré en 2004. Au Japon, les coûts des typhons pourraient augmenter de plus de 65 %, à près de 30 MdE. Cette augmentation représenterait le double de ce qu'a enregistré le Japon en 2004, qui était déjà l'année la plus coûteuse depuis cent ans. Dans ce scénario catastrophe, l'Europe ne serait pas épargnée : l'étude de l'ABI prévoit que le coût des inondations en Grande-Bretagne et dans le reste de l'Europe pourrait atteindre 121 MdE pour une seule année.

Pluies et vents pourraient submerger la Bourse

Hormis la hausse des dommages, le rapport estime que les catastrophes naturelles pourraient aussi avoir une influence néfaste sur les valeurs boursières de l'assurance, devenues plus volatiles. Les besoins en capitaux subiraient également une tendance haussière significative. Selon un scénario pessimiste, les exigeances des assureurs en capitaux devraient augmenter à hauteur de 64 MdE afin de couvrir l'écart entre les pertes extrêmes et les pertes attendues, conséquences des cyclones tropicaux.

Réduire les émissions de CO2

Du point de vue des assurés, les primes ont de grands risques de subir une inflation à la hausse. Selon l'ABI, elles pourraient progresser de 80 % d'ici à 2080 pour les marchés de l'assurance couvrant les ouragans américains et les typhons japonais. Pour l'Europe, le gonflement des primes est estimé à 15 % sur la même période, une augmentation plus modique dans la mesure où l'étude s'est limitée aux très fortes intempéries en excluant les inondations.

Bien heureusement, s'empresse de souligner le rapport, les moyens d'empêcher la réalisation du scénario catastrophe existent bel et bien. Selon l'ABI, les gouvernements doivent avant tout réduire les émissions de gaz carbonique. À elle seule, cette initiative pourrait diminuer la taille des besoins en capitaux pour la couverture des ouragans, des typhons et autres intempéries à hauteur d'environ 50 MdE.

Dans une autre conférence organisée par Allianz Group à Londres en collaboration avec WWF International, les revendications se sont faites encore plus précises : « En tant qu'investisseur, nous réclamons un cadre d'action encore plus spécifique et allant au-delà du schéma d'émission de gaz carbonique prévu jusqu'en 2012 », a commenté Joachim Faber, directeur général de la branche Asset Management d'Allianz. Plus largement, le rapport d'Allianz se montre favorable à l'augmentation des investissements dans les énergies renouvelables dans une fourchette allant de 300 à 500 ME dans les cinq prochaines années.

Renforcer la prévention... et le rôle des gouvernements

Le rapport de l'ABI préconise aussi un renforcement des codes de la construction, ainsi qu'un renforcement de la protection des côtes et des îles, en particulier aux États-Unis. Dans une conférence à Bruxelles, le Comité européen des assurances (CEA) s'est également montré favorable au renforcement du rôle des États dans les mécanismes de centralisation des risques. L'organisme retient par ailleurs le développement des méthodes alternatives d'assurance des grands risques comme une solution possible. En substance, ces mécanismes, tout comme dans le cas des « cat' bonds », une titrisation des risques catastrophes, permettent de transférer les risques de catastrophe des assureurs ou réassureurs vers les marchés financiers - en d'autres termes, là où est l'argent.

Les gouvernements, dont ceux des huit pays les plus riches du monde qui se réunissent actuellement en Écosse, ont un rôle clé à jouer dans la réduction des impacts financiers du réchauffement climatique. Remarqueront-ils que les revendications des assureurs s'ajoutent à celles des scientifiques, des écologistes et des élus locaux, en Europe comme aux États-Unis ?

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