Bientôt systémique, la réassurance!
Promise en 2014, l’insertion des réassureurs dans la liste des groupes réputés systémiques est finalement attendue pour 2016.

Reculer pour mieux sauter. Depuis plus de deux ans, l’épineuse question de l’insertion ou non des réassureurs dans la liste des groupes réputés systémiques revient à intervalle régulier dans les discussions entre le FSB, l’IAIS et les superviseurs nationaux. Officiellement, la décision, maintes fois repoussée, arrive cette année. Depuis novembre et le lancement des consultations sur la mise à jour de la méthodologie de désignation des G-SIIs, le Conseil de stabilité financière multiplie les signaux faibles. Contactée par L’Argus, l’instance rappelle que « ce travail est cours d’élaboration au sein de l’IAIS » Et d’ajouter : « Tous les efforts entrepris en faveur d’une révision de la méthodologie peuvent s’adresser à tous types d’assurance, de réassurance et activités financières. La liste 2016 des G-SIIs est prévue pour être en accord avec la nouvelle méthodologie. » Officieusement, la désignation des réassureurs ne ferait plus aucun doute. « Le document de travail ferme la porte à une méthodologie séparée mais le débat porte désormais sur la création de critères d’identification qui tiennent compte des spécificités de la réassurance », confie une source interne à l’IAIS. La démarche n’aurait rien d’incongrue. Et pour cause : outre le critère de la taille, l’interconnexion entre un réassureur défaillant et d’autres réassureurs ou assureurs primaires est susceptible de provoquer un « effet domino », estime l’IAIS. À telle enseigne que le poids des provisions techniques pour les activités acceptées en réassurance ou en rétrocession compte pour 5,7 % (sur les 40 % affectés à l’interconnexion) dans la méthode actuelle de désignation des assureurs systémiques. Intégrer les réassureurs corrigerait un déséquilibre de traitement, lequel est pointé du doigt par quelques G-SIIs. Un argumentaire battu en brèche par les réassureurs dont le caractère systémique semble absurde. « Nous n’avons pas d’exemple historique de défaut d’un réassureur, nous apportons au contraire de la stabilité au système », déclarait Denis Kessler, PDG de Scor en novembre dernier, rejoint par Insurance Europe, la super fédération européenne de l’assurance : « Les interconnexions entre les réassureurs et le reste du système financier ne peuvent être considérées comme problématiques dans la mesure où à peine 5 % du montant global des primes d’assurance primaire leur sont cédées. De plus, l’exposition des assureurs au risque de crédit des réassureurs est très faible », précise Cristina Mihai, sa directrice des affaires internationales et de la réassurance.
Cohérence référentielle
Dès lors, comment interpréter l’indécision dont l’IAIS fait preuve depuis 2014 ? La raison serait avant tout politique, suspendue au devenir de Berskhire Hathaway, le réassureur américain aux mains du milliardaire Warren Buffet. Les États-Unis, qui n’ont à ce jour pas reconnu le groupe comme systémique dans leur propre référentiel, réclament une cohérence entre leur cadre fédéral et celui de l’IAIS, où la présence du troisième réassureur mondial (voir ci-contre) semble acquise. « Tout l’enjeu du bras de fer entre les Américains et l’IAIS est de parvenir à construire une méthodologie qui exclurait Berkshire de la future liste », indique une source au fait du dossier. Verdict dans quelques mois.
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