Catherine Touvrey (Harmonie Mutuelle) : « La réduction de certaines marges en santé est normale, voire assez saine »

La directrice générale de la première mutuelle de France, Catherine Touvrey, revient, pour L’Argus sur les principaux enjeux de l’année 2017 pour Harmonie Mutuelle, de la construction du futur géant mutualiste MGEN-Istya-Harmonie à la stratégie produits hors santé et prévoyance.

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Catherine Touvrey (Harmonie Mutuelle) : « La réduction de certaines marges en santé est normale, voire assez saine »
Catherine Touvrey
Directrice générale d’Harmonie Mutuelle

Mise en œuvre (ralentie) de la future UMG MGEN-Istya-Harmonie

Depuis la lettre d’intention, nous sommes engagés dans la construction d’un groupe fort à intégration croissante : le futur groupe MGEN-Istya-Harmonie comptera tout de même plus de 38 000 salariés !

Nous sommes toujours dans la phase préalable au dépôt auprès de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution et à la finalisation de l’organisation managéria­le. Nous sommes dans un projet complexe qui mérite qu’on travaille sérieusement aux conditions nécessaires à sa réussite.

Prochains référencements santé prévoyance dans les ministères

La question des référencements santé prévoyance dans la Fonction publique doit se traiter en deux temps : notre offre doit répondre au ­cahier des charges ministériel de l’appel d’offres, la phase d’équipement venant ensuite. Sur l’agriculture, Harmonie Fonction publique équipe aujourd’hui un peu plus de 50 % de la population concernée, alors même qu’il n’y a pas d’obligation d’adhésion pour ces populations. Nous sommes à nouveau référencés pour sept ans : même avec l’arrivée d’AG2R La Mondiale et Groupama au sein des organismes sélectionnés, nous n’envisageons pas d’ajustement stratégique particulier. Ce qui nous préoccupe plus est le niveau des couvertures décidé dans le cadre de ces nouveaux référencements, en santé comme en prévoyance.

Bilan 2016 et tendances 2017

Nous qualifions l’année 2016 de bonne année (NDLR : après le +3,3 % en 2015, «Top de la mutualité» de L’Argus de l’assurance). Les mouvements sur le marché ont été nombreux, les opportunités aussi : nous avons pris notre part sur la première phase de l’ANI. Nous comptons de nombreux succès à la fois sur les grands comptes et les TPE, ainsi que sur les branches. Pour ces dernières, 2016 a surtout été une année d’équipement suite aux recommandations (NDLR : 21 pour Mutex, 4 pour Harmonie Mutuelle en solo).

2017 devrait être une année de développement raisonné : la ­pérennité de la relation avec nos entreprises est importante, nous ne sommes pas intéressés par une logique de coups.

Sur les tarifs, nous accompagnons l’évolution des frais de santé (NDLR : Ondam à 2,1 % pour 2017), en dehors du travail spécifique d’accompagnement sur certains contrats dégradés – mais qui ne constituent qu’une petite partie du portefeuille. Sur la collective, nous n’avons pas été agressifs d’un point de vue tarifaire sur l’ANI, il ne devrait donc pas y avoir de redressement particulier.

Les marges techniquesen santé

Je pense que la réduction de ­certaines de ces marges est ­normale, assez saine voire souhai­tée par les citoyens ! Les marges unitaires décroissent, mais existent toujours – même en collective. De notre côté, nous faisons vivre notre modèle non lucratif : nous ne travaillons pas à perte sur ce segment. Aussi, avec 171 000 béné­ficiaires de l’ACS (NDLR : aide à l’acquisition d’une complémentaire santé), nous sommes de loin la complémentaire la plus solidai­re.

Vers un « New Mutex »

Une lettre d’intention a été signée le 26 octobre par les présidents des mutuelles présentes au sein du pacte d’actionnaires (NDLR : Harmonie Mutuelle, Eovi MCD, Adrea, Apréva, Ociane, Matmut). Cette lettre fixe les conditions de notre montée au capital à hauteur de 51 % : nous avons franchi une étape importante et sommes aujourd’hui dans l’exécution des points d’accord qu’elle contient.

Prendre la majorité du capital de Mutex, c’est la doter d’un actionnaire de référence qui prend la responsabilité d’épauler le management dans le développement d’un projet industriel rentable. Mais ce n’est pas en faire un outil propriétaire ! Le projet que nous formons collectivement pour le "New Mutex" reste celui d’un assureur à capitaux mutualistes ouvert, au service de la mutualité et plus largement de l’économie sociale. Nous n’avons pas vocation à bouleverser ce point, ni à faire de la prévoyance en dehors de Mutex.

Le dossier RSI

Nous sommes la seule mutuelle à être au niveau du futur seuil de 600 000 personnes assurées, seuil qui était jusqu’alors de 23 000. Le récent rapport Igas sur le sujet, qui mettait en avant la qualité de gestion réalisée par Harmonie, envisageait un relèvement de seuil jusqu’à 100 000, pas au-delà ! Le fait qu’il y ait un peu moins d’éclatement des opérateurs peut toutefois être utile pour les assurés. Nous sommes en discussion avec quelques mutuelles qui ont envie de poursuivre cette activité, probablement dans le cadre d’une union. Il faut un niveau de taille qui permette cette stabilité : nous avons vocation à grossir, mais de là à représenter 70 ou 80 %... Ce n’est pas le sujet.

L’enjeu des seniors

La population des seniors est importante pour Harmonie ­Mutuelle, avec plus de 400 000 personnes protégées. C’est une population fidèle mais qui a des atten­tes propres, totalement absen­tes des contrats labellisés (NDLR : les décrets d’application de ces contrats pourraient ne pas paraître). Nous ­avions pourtant fait part de nos propositions suite à la consultation de juillet dernier : l’ACPR et la FNMF ont donné un avis réservé sur cette mesure qui, de plus, segmen­te à nouveau le marché de la complémentaire santé.

Quelle diversification hors santé/prévoyance ?

Nous préférons parler de stratégie multimétier plutôt que de diversification : la santé, la prévoyance et la prévention constituent ainsi des «métiers-cœurs», et nous sommes loin d’avoir épuisé ces sujets ! Il y a aussi une notion de services et de conseils qu’il faut développer. En santé, l’ANI n’est qu’une étape avant d’autres dans l’évolution de la protection sociale : le vieillissement de la population constitue également un facteur très impactant à moyen terme.

Nous avons aussi, à court terme, des sujets épargne-retraite et ­logement : l’assurance auto ne me semble pas être le projet du moment pour nous. D’ici la fin de l’année, nous aurons généralisé la vente dans nos réseaux des réponses assurance vie de la France Mutualiste et, en 2017, lancé la multirisque pro et la MRH.

Sur la prévention, nous avons franchi une étape importante cette année avec notre offre «La santé gagne l’entreprise», avec un nombre satisfaisant de devis et contrats pour cette première ­année – et pas forcément en complément de nos propres contrats santé ! Le marché n’est aujourd’hui pas mature en France et comporte donc de nombreuses opportunités. Sur les services, nous avons mis en production une déclinaison de notre partenariat avec Orange, « Harmonie Live », ainsi que notre fonds d’innovation commun.

Les enjeux du numérique

Sur le plan de la distribution, le numérique pose une question prioritaire : comment éviter de se faire intermédier, que ce soit via des comparateurs ou de manière indirecte (via Google) ? Aujourd’hui, les visiteurs de notre site se divisent en trois tiers : ­référencement payant, référencement naturel et accès direct, ­résultats obtenus en développant le capital confiance et notoriété de la marque. Toutes les opérations courantes pour les adhérents doivent pouvoir se réaliser en ligne, sans que cela ne ­devienne un canal exclusif. Côté offre, nous avons ­investi dans la labellisation d’objets connectés médicaux et santé ainsi que dans l’installation d’une cellule innovation interne réalisant du sourcing de start-up en fonction des cas métiers qui apparaissent. Sur Betterise (NDLR : plateforme de prévention personnalisée lancée en 2015), le niveau d’utilisation est légèrement en deçà de nos atten­tes : nous poursuivons le développement de cette solution.

L’avenir d’Harmonie Mutuelle

Avec Stéphane Junique (NDLR : président d’Harmonie Mutuelle) nous entendons développer cette dynamique d’ouverture et de ­capacité à attirer tout type de ­public. On est dans une position rare où l’on sait traiter, avec un réseau salarié, l’ensemble des marchés (particuliers, TPE, CCN, entreprises). Cette dimension s’exprime aussi du côté des mutuelles avec une cinquantaine de mutuelles comprises dans Agrume, qui compte environ 1,5 million de personnes protégées (NDLR : hors Harmonie). Deux mutuelles nous ont récemment rejoints et nous sommes en négociations exclusives avec la mutuelle Audiens.

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