Coface : le projet d’introduction en Bourse inquiète les parlementaires

Une simple déclaration dans un communiqué de presse aura suffi à mobiliser une vingtaine de parlementaires. Lors de la publication des résultats 2013 de l’assureur-crédit Coface, Jean-Marc Pillu, son directeur général a indiqué que «son groupe se prépar[ait] avec confiance et enthousiasme au projet d’introduction en Bourse envisagé au premier semestre, sous réserve des conditions de marché».
Une remise en cause de l'intérêt national
Il n’en fallait pas davantage pour provoquer l’inquiétude d’une poignée de parlementaires. Une vingtaine de députés et sénateurs, issus en grande majorité des rangs de l’UMP, ont déposé, ce mercredi 5 mars, une proposition de résolution contre ce projet d’entrée en Bourse. En cause : une telle procédure menacerait la mission d’intérêt général du groupe dans le cas où les activités passeraient sous pavillon étranger. En effet, une partie de l’activité de Coface repose sur un système de garanties publiques à l’export aux entreprises françaises. L’ancienne entreprise publique, privatisée en 1994 et aujourd’hui détenue à 100% par Natixis, elle-même filiale de BPCE, vient notamment en garantie des principaux contrats militaro-industriels (EAFS, Airbus…).
Le droit de veto de l'Etat, seul rempart à l'IPO
Dans sa présentation de la proposition de résolution, Frédéric Lefebvre, député de la première circonscription des Français de l’étranger, rappelle que «l’entrée au capital et au conseil d’administration d’une société participant à la diplomatie économique du pays d’investisseurs étrangers motivés par le seul rendement financier semble aller à l’encontre des intérêts nationaux.» Et de se demander : «Peut-on imaginer demain un fonds d’investissement américain ou chinois siéger au conseil d’administration d’une société dont les collaborateurs travaillent à la mise en place d’une garantie pour l’exportation de Rafales en Inde ?»
Les parlementaires attendent donc de l’Etat qu’il exerce son droit de veto sur ce projet. Un droit dont il peut faire usage dès lors que plus de 10% du capital de Coface change de main. Pour rappel, chaque assemblée du Parlement a la faculté de voter des résolutions à caractère général, sur tout sujet. Contrairement aux lois, les résolutions n'ont pas de valeur contraignante. Elles marquent l'expression d'un souhait ou d'une préoccupation.
Ce projet d’IPO («Initial Public Offering») intervient dans un contexte où Natixis souhaite se désengager depuis 2010 de cette activité d’assurance-crédit, considérée comme non stratégique.
Amélioration des fondamentaux
Parallèlement, le groupe a publié en 2013 un résultat net part du groupe (RNPG) de 127 M€, en hausse de 2,7%, tandis que le résultat opérationnel est ressorti stable à 197 M€. Le chiffre d’affaires s’est, quant à lui, contracté de 3,1% (-1,6% en comparable) pour atteindre à 1,44 Md€, pénalisé par l’Europe de l’Ouest (-7,1%), l’Amérique du Nord (-9,6%) et l’Asie-Pacifique (-16%).
L’activité commerciale de l’assureur-crédit a plutôt bien résisté au cours de l’exercice écoulé. La nouvelle production de contrats a bondi de 29% à 157 M€ alors que dans le même temps, le taux de rétention s’est amélioré de 2 points à 88%.
Coface a également enregistré une nouvelle baisse de 0,4 point de son ratio brut de sinistres à primes à 51,1% pour un ratio combiné net de réassurance à 82,5% (+2,3 points), «compte tenu de la mise en place d’une meilleure protection sur les grands risques et les risques politiques», indique le groupe dans un communiqué.
Une croissance mondiale de 3,1% en 2014
A propos de ses perspectives, Coface prévoit une légère hausse de la croissance mondiale à hauteur de 3,1%, contre 2,5% enregistré en 2013, tirée par la reprise en zone euro, l’accélération de la croissance aux Etats-Unis et le maintien de la croissance dynamique dans les pays émergents.
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