Comment les DAF achètent l'assurance

Dénuées de risk managers, les entreprises de taille moyenne et intermédiaire confient généralement la gestion de leurs risques et l’achat des produits d’assurance à leur directeur administratif et financier (DAF). Trois d’entre eux, aux manettes de fleurons de l’industrie, des services et de la distribution chez Alsapan, Léa & Léo et Jeff de Bruges, témoignent des risques auxquels ils sont confrontés, des arbitrages qu’ils opèrent en matière de choix et de couverture, du rôle de leur courtier et de la place essentielle, mais ténue (5 % de leur temps), que tient cette activité dans leur périmètre d’action.

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Comment les DAF achètent l'assurance

Alsapan , l’as des revêtements de sols mélaminés

L’entreprise

ETI familiale du groupe Strub dirigée par Cécile Cantrelle, Alsapan est implantée en France depuis 1972 à travers cinq usines (210 000 m2 couverts) qui fabriquent des millions de meubles en kit, de plans de travail et de revêtements de sols. Le siège se situe à Dinsheim, en Alsace. CA : 230 M€.

La gestion des risques

« Elle est partie intégrante de ma feuille de route, explique Philippe Bouillot, DAF d’Alsapan. J’aborde, sur le plan pratique, la prévention avec notre direction technique, qui place les sprinklers et les outils permettant de sécuriser nos sites, et détermine les investissements. Le budget consacré à la sécurité des sites est de plusieurs centaines de milliers d’euros par an. Je m’appuie sur le rapport consécutif à la visite annuelle de risques effectuée avec notre courtier strasbourgeois Roederer et notre principal assureur QBE. Les discussions sont toujours tripartites. Nous avons changé de courtier un an et demi après mon arrivée, le service s’étant dégradé. Ce point a été traité en comité de direction car l’assurance est un sujet important. Venant d’une multinationale, j’ai entrepris, en 2015, une cartographie des risques avec mon assureur QBE qui dispose d’un outil avec Arengi. En une vingtaine d’entretiens avec des responsables et collaborateurs en interne, elle a été édictée, en trois mois. Nous la présentons ensuite à nos clients et la faisons évoluer deux fois par an avec notre direction qualité dans un comité de pilotage étendu. Nous reprenons chaque risque, vérifions les actions menées et évoquons les nouveaux aléas. Le pire, c’est l’incendie, puis les produits défectueux, les accidents du personnel et les risques commerciaux. »

Transfert à l’assurance

« Impossible de me passer d’un courtier car je n’ai pas la compétence technique, précise Philippe Bouillot, DAF d’Alsapan. En 2015, notre assureur de l’époque a résilié notre contrat et nous avons eu du mal à trouver un assureur à un prix acceptable pour la multirisque industrielle. Roederer nous a proposé de passer à de la coassurance avec QBE en chef de file. Je leur achète aussi nos RC (pro/dirigeant). L’assurance de notre flotte (70 véhicules) est portée par Groupama, l’assurance-crédit par Coface et la mutuelle du personnel par Malakoff Médéric Courtage. Je n’ai pas souscrit d’assurance fraude, ni risques cyber, mais je vais bientôt travailler sur le règlement général européen sur la protection des données (RGPD) avec la direction informatique et il n’est pas impossible que l’on s’assure. Chaque année, je remets certains mandats de mes assureurs en jeu en demandant à Roederer de faire faire des cotations sur des lignes. Mon driver n’est pas uniquement le prix, mais la couverture, la qualité de l’assureur et les services proposés. Les devis permettent d’optimiser. Roederer sait les comparer. Je fais le point avec lui trois fois par an. »

Mon driver n’est pas uniquement le prix.

Philippe Bouillot, DAF d’Alsapan

Léa & Léo, le réseau national de crèches

L’entreprise

Créé en 2007, Léa & Léo est un réseau de 23 crèches, situées dans le Grand-Est, en Rhône-Alpes, en Bretagne et en Pays-de-Loire, qui a une capacité d’accueil de 700 jeunes enfants. L’entreprise réalise un CA de 12 M€.

Le transfert à l’assurance

« La petite enfance est une activité réglementée, rappelle Francis Deau, DAF de Léa & Léo. J’achète donc prioritairement les assurances obligatoires. La MRH est le poste le plus lourd, j’auto-assure donc le bris de vitres. Je couvre la responsabilité civile des deux fondateurs du groupe (RCMS/dirigeant) et de l’entreprise. J’ai aussi souscrit une assurance homme clé. Puis une assurance des flottes, pertes d’exploitation et une protection juridique. Je fais appel à un courtier multicompagnie recommandé par mon patron via son réseau à qui je donne un cahier des charges. Fin 2017, nous avons fait un appel d’offres qui a débouché sur la mise en place de nouvelles polices avec Gan et MMA pour toutes les entités du groupe et la holding. Le coût de l’assurance représente 0,35 % de notre CA. »

La gestion des risques

« Outre la finance, le risk management est un pan de mon métier, déclare Francis Deau, DAF de Léa & Léo. Président de l’antenne normande de l’association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), je sensibilise mes pairs à la prévention, en plus du volet purement assurantiel. L’activité de services de Léa & Léo ne souffre aucuns risques complexes. Les aléas concernent surtout les bâtiments (inondations, dégâts matériels...). Mais l’optimisation de leur gestion est essentielle. J’ai ainsi souscrit un contrat de maintenance en matériel sur les bâtiments. Nous faisons l’objet de visites régulières de conformité (extincteurs, issues de secours...). Je vois mon courtier une fois par an pour dresser un bilan des sinistres et réviser l’étendue de nos besoins à couvrir, notamment nouveaux. Notre système d’information est en mode Saas, donc on peut vivre sans assurance cyber, mais je vais bientôt traiter le RGPD... En interne, lors des réunions trimestrielles entre direction et fonds d’investissement (actionnaires minoritaires), seule la gestion des risques financiers est abordée. »

On peut vivre sans assurance cyber.

Francis Deau, DAF de Léa & Léo

Jeff de Bruges , la marque de chocolats belges si française

L’entreprise

Scindée entre la structure exploitation (110 succursales) et l’entité diffusion (le grossiste des 400 magasins franchisés), la marque de chocolats fondée par le Français Philippe Jambon, en 1986, est située à Ferrières-en-Brie (94). L’actionnariat se répartit entre le fondateur et le groupe belge Neuhaus, d’où la production à Bruxelles. L’entreprise emploie 700 personnes en boutiques et 100 au siège. CA consolidé : 140 M€.

La gestion des risques

« J’ai bâti sur Excel une matrice qui décrit les risques, leur probabilité, leur impact, les mesures à prendre, la fréquence des contrôles et les personnes responsables, explique François Surbled, DAF de Jeff de Bruges. Elle se rapporte à notre entrepôt, notre informatique, notre finance, nos approvisionnements, nos RH, les magasins et notre réputation. Les craintes majeures ? La défaillance de notre fournisseur Neuhaus, la destruction de notre entrepôt ou de notre SI, le sanitaire et, de plus en plus, la fraude. Sur ce point, j’ai donc mis en place des mesures drastiques telles que la limitation à 1 000 K€ de paiements cryptés issus de neuf banques. »

Le transfert à l’assurance

« Les polices sont précontactées en Belgique dans un cadre global groupe, souligne François Surbled. Je négocie ensuite avec le central la part qui m’incombe. En France, je vais demander à notre courtier AMD de faire un appel d’offres. Je couvre nos 50 véhicules et nos 510 magasins en multirisque pro avec Axa. Outre le transport de marchandises et une RC en cas de contamination, j’ai souscrit une garantie pertes d’exploitation et incendie tous risques avec AFM, filiale de FM Global dédiée aux dommages aux biens des ETI. Nous n’avons pas de police cyber, mais avec le RGPD et les tracas de Lactalis, nous sommes en train d’en évaluer le coût. Je penche, toutefois, pour l’auto-assurance, préférant plutôt budgéter des procédures préventives. La charge de l’assurance représente 0,36 % de notre CA. »

L’assurance représente 0,36 % de notre CA.

François Surbled, DAF de Jeff de Bruges

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