Catastrophe de Tianjin : un coup d'alerte pour les assureurs maritimes
Le gouvernement chinois a dévoilé les conclusions de l’enquête sur l’explosion de deux entrepôts dans le quatrième port de Chine, Tianjin, le 12 août 2015. Des conclusions qui avancent un bilan financier inférieur à celui des assureurs maritimes.
Haude-Marie Thomas

Le 12 août 2015, deux explosions sur le port de Tianjin, le quatrième port de Chine, ont fait 165 morts, 800 blessés et 8 portés disparus. Une catastrophe humaine liée à la négligence de plus de 120 personnes, dont les responsables de la société Tianjin Ruihai International Logistics qui ont stocké des produits chimiques dangereux, selon les conclusions de l'enquête.
Sur le plan des dégâts matériels, la commission d’enquête a rappelé que 304 immeubles, 12 428 voitures et 7 533 conteneurs ont été touchés. Elle chiffre la facture des deux explosions à 6,9 Md de yuans ou 1,1 Md $, soit près de six fois moins que l’estimation de l’association des assureurs maritimes (International Union of Marine Insurance).
L'évaluation des sinistres fortement revue à la hausse
En effet, si le marché avait d’abord estimé les dégâts entre 1,5 et 3,3 Md $, soit une fourchette proche du calcul de la commission d’enquête du gouvernement chinois, les assureurs avaient dû significativement augmenter leur bilan pour prendre en compte la valeur des biens concernés, plus importante que prévue, et le nettoyage de la zone. Le 2 février 2016, Patrizia Kern-Ferretti, responsable de la branche marine pour l’Europe continentale chez Swiss Re et membre du conseil d’administration de l’IUMI, a estimé que les dégâts pourraient grimper jusqu’à 6 Md$, dont plus de la moitié reposerait sur les épaules de l’assurance et de la réassurance maritime. La branche transports prend le relais des polices dommages du constructeur dès que le bien assuré sort de l’usine.
La branche marine en première ligne
La catastrophe de Tianjin « pointe la hausse continue des valeurs accumulées dans les ports et les zones de stockage, particulièrement dans les régions fortement industrialisées », avait alerté Dieter Berg, président de l’IUMI (International Union of Marine Insurance) en août 2015. L’IUMI a ainsi estimé que 70 000 véhicules étaient présents sur le port lors de l’explosion qui en a endommagé 12 428 selon la commission d'enquête du gouvernement chinois. Or les professionnels de la ligne cargo ou marchandises transportées sont peu habitués à gérer les questions de cumul.
« Le stockage ne concerne pas le cœur du risque en volume et le cumul est difficile à chiffrer en raison de la mobilité des marchandises transportées, explique Matthieu Caillat, responsable du développement de la souscription chez AxaCS. Notre capacité de modélisation de ces risques s’est jusque-là limitée à des modèles statistiques intégrant la saisonnalité des flux économiques (NDLR : par exemple, le stock de smartphones au moment du lancement d’un nouveau modèle), mais le développement des technologies de l’information permettra à l’avenir un suivi plus précis de ces risques. » Une adaptation impérative car, après la catastrophe de Tianjin, le marché a observé un assèchement progressif des capacités d’assurance et de réassurance sur ces risques.
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