Frank Desvignes (Axa Lab Asia) : « Les trois révolutions digitales à venir… »
Créée en juillet 2015 à Shanghai, l’Axa Lab Asie doit approfondir la culture digitale du groupe en se connectant avec les entreprises locales qui donnent le la en matière d’innovation mondiale. A sa tête, Frank Desvignes rend un premier compte de son semestre d’immersion.

Il a posé ses bagages à Shanghai il y a 6 mois pour « détecter, repérer les tendances digitales et nouer des partenariats sources d'opportunités de business pour Axa ». Frank Desvignes (ex-BNP Paribas à la tête de la division Internet et mobile pour la banque de détail en France), qui s'avoue encore en phase de découvertes avant prototypages, a déjà identifié trois révolutions numériques émergentes :
- Mobile Only, à savoir que la connexion et les usages en ligne transiteront quasi-essentiellement par ce canal roi (déjà 30 % des ventes en ligne aujourd’hui).
- Ubérisation inéluctable de tous les corps de métier (ex : celui des garagistes, Tuhu).
- Intégration d’un maximum de fonctionnalités dans les outils créés pour intéragir avec le client.
Le directeur de l’Axa Lab Asia qui s’attelait depuis 2012 à la transformation digitale du groupe et plus particulièrement de la division mondiale dommages, a donc rencontré de nombreuses entreprises asiatiques de pointe. « Il y a un écosystème florissant de start-up et le but consiste à les identifier très tôt », explique-t-il.
A date, quatre « projets disruptifs » voués à créer de nouveaux marchés seraient dans le tuyau, résultant toutefois de l'audition de 120 start-up ! Axa est, de fait, partie à l’assaut de l’Asie avec la volonté d'y conquérir 100 millions de nouveaux clients d'ici 2030. « Seules les nouvelles technologies nous permettront d’adresser des volumes aussi colossaux », glisse-t-il.
L’innovation asiatique pour éviter de copier-coller les innovations américaines
En Europe, selon lui, les entreprises copient-collent les innovations en provenance des Etats-Unis telles GoPro, les produits Apple etc. Frank Desvignes se plaît donc à citer des groupes tel l'industriel taïwanais spécialisé dans la fabrication de produits électroniques Foxconn, l'entreprise chinoise d'électronique et d'informatique Xiaomi dont les processeurs pour tablettes et ordinateurs portables intéressent jusque Intel, la plateforme de streaming chinoise LeTV basée sur le modèle de Netflix (ndlr : films et séries télévisées en flux continu sur Internet) composée d’ une box maison et d’écrans révolutionnaires et dont le bouquet intégré à l’installation est vendu en ligne. Mais il aussi question de Baidu, l’entreprise internet chinoise dont le moteur de recherche peut chercher du texte et des images et Tencent, le fournisseur de services à valeur ajoutée Internet et mobile (applications, tchat,…)…
Terrain de jeu fertile
L’exploration semble particulièrement prolifique. Objectif pour Axa: dénicher les technologies qui permettent de réduire les efforts et frustrations des clients lors de leur expérience d’utilisateur. Quoi de mieux, en effet, qu’un pays où le e-commerce n’est pas considéré comme un mode d’achat, mais comme un art de vivre (ndlr : 520 millions d’acheteurs en ligne en 2015 contre 200 millions aux Etats-Unis) pour trouver les fonctionnalités les plus efficaces ?
Du téléchargement du contrat au paiement sans limite de montant en passant par les notifications dernier-cri de messagerie, les assureurs veulent et doivent aller plus vite dans leur relation avec les consommateurs. « Axa veut faire partie des acteurs partie-prenante de l’insurtech dans le domaine de la voiture, de la maison et de la santé connectée, de l’économie du partage, du soin ou encore de la bancassurance », assure Frank Desvignes qui précise que le gouvernement chinois déborde d’ambition, multipliant la création de structures d’accélération de start-up.
Deux modèles en opposition
En ce sens, il oppose le modèle Alibaba.com – colossal site chinois de vente en ligne mondial à destination des entreprises (70 % de transactions via le mobile, ndlr) – à celui, américain, d’Amazon.com. « Le premier relie ensemble les intermédiaires quand le second désintermédie pour vendre à bas coût en direct ». Un modèle pourrait, in fine, l’emporter sur l’autre. Et peut-être pas celui que l’on croît… Pour l’heure, Frank Desvignes travaillerait à l'élaboration d'un produit d’assurance santé en partenariat avec un fabricant de montre connecté. « Evaluer un risque, estimer son prix en direct et le délivrer automatiquement : voilà le but recherché », conclut-il. Si, en Chine, China Life, Pingan et China Pacific Insurance mènent le marché, la vente en ligne (4,7 % des produits d’assurance) bouscule la donne avec une croissance annuelle de 14%.
SUR LE MÊME SUJET
Base des organismes d'assurance
AbonnésRetrouvez les informations complètes, les risques couverts et les dirigeants de plus de 850 organismes d’assurance
Je consulte la baseFrank Desvignes (Axa Lab Asia) : « Les trois révolutions digitales à venir… »
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir