Thierry Martel (Groupama) : « Nous avons atteint nos objectifs »
Fort d’un résultat net en hausse de 43% à 368 M€ et un ratio combiné en assurance non-vie stabilisé à 99,2%, Groupama affiche, en 2015, une rentabilité restaurée. Ce qui permet au groupe d’assurance mutualiste d’envisager, à présent, de revenir plus avant sur le terrain du développement.

Reconstituer les marges techniques en dommages pour compenser la baisse des rendements financiers ; repenser le modèle économique de l’épargne pour s’adapter à un environnement de taux bas ; préparer Solva 2, notamment en termes d’allocation d’actifs ; investir dans l’économie ouverte axée sur les nouveaux usages : tels étaient les quatre piliers stratégiques élaborés par Groupama au lendemain de ses déboires financiers en 2011. « Ce n’était pas tant de les poser qui compte, que de les réussir aujourd’hui! », a déclaré Thierry Martel, directeur général de Groupama SA, le 17 mars 2016, lors de la présentation des résultats annuels du groupe.
La rentabilité l'a emporté sur le développement
A la loupe, Fabrice Heyries, son directeur général adjoint, précise sur cette feuille de route que le groupe a « continué à augmenter sa rentabilité en non-vie et son mix de produits vendus et aussi décidé de réduire son niveau de risques sur les actifs ». Ainsi, 2015 apporte une nouvelle pierre à l’édifice à l’assureur mutualiste puisque son taux d’endettement de 10,2% a baissé de 1,4 point et que ses fonds propres ont progressé de 2% pour s’établir à 8,2 Md€. Au global, avec un résultat net en hausse de 43 % à 368 M€, un résultat opérationnel qui bondi à 163 M€ ainsi qu'un chiffre d’affaires stable de 13,7 Md€ (réparti entre 7,1 Md€ en non-vie et 6,3 Md€ en vie dont 10,7 Md€ en France), la rentabilité l’a donc nettement emporté sur le développement. En atteste la baisse record des frais généraux qui a atteint 401 M€ l’an dernier contre déjà 386 M€ en 2014.
Plombé par la situation en Turquie et l'environnement de taux bas
Grevé, à l’instar d’Axa, par l’instabilité règlementaire et judiciaire en Turquie (ndlr : réouverture possible de sinistres anciens) dans le domaine de la RC Auto qui a obligé le groupe à renforcer ses provisions de 100 M€ (ndlr : 250 M€ pour Axa), soit quasiment le double de l’exercice antérieur, le ratio combiné du groupe s’établit en 2015 à 99,2% contre 99% en 2014. « La situation en Turquie nous coûte 5,7 points de ratio combiné », souligne Benoît Maes, directeur financier de Groupama. En France, le ratio combiné est de 97,9%.
Autre fléau de l’année : les taux bas qui se sont également traduits par 2 points de ratio combiné supplémentaires. Enfin, côté assurance vie, la transformation active du portefeuille a opéré avec une part des encours en unités de compte (UC) en épargne individuelle qui a été portée à 20,7%, soit un pourcentage supérieur à la moyenne de la profession. « En collecte d’UC, nous sommes à 40 % depuis début 2016 », insiste Fabrice Heyries.
Retour au développement
Les objectifs édictés post-déconfiture de 2011 ayant été atteints, le temps de renouer plus avant avec le développement a donc sonné. Avec, toutefois, des moyens qui restent fragiles (lire encadré). En 2015, la dynamique était cependant déjà au rendez-vous sur la complémentaire santé collective post-ANI. Sous la marque Gan, le groupe avait été, pour rappel, le premier à lancer une offre en 2013. « Nous avons plus accru le collectif que réduit l’individuel », explique Thierry Martel. En chiffres, cela représente précisément 30 M€ de baisse sur l’individuel et 75 M€ de hausse sur le collectif, soit un solde de 40 M€ sur l’ensemble « santé ». « C’est sur notre chiffre d’affaires 2016 que cela se verra vraiment. Nous avons gagné 50 000 affaires nouvelles et après avoir conquis des parts de marché, envisageons dans un second temps de revoir les clients pour personnaliser leurs couvertures », détaille le directeur général.
Autre développement phare : les partenariats stratégiques comme celui d’Amaguiz avec la société de financement de Renault-Dacia-Nissan qui totalise à ce jour 10 000 contrats d’assurance vendus par les concessionnaire et évidemment avec Orange pour créer la banque mobile 4.0 « résolument disruptive, dans une approche de bancassurance », promet Thierry Martel qui ajoute : « la valeur ne vient pas de la plateforme, mais de la relation commerciale avec la client ». 26 groupes de travail planchent actuellement sur la construction de l’offre prévue pour 2017.
En 2015, Groupama a continué de renforcer son niveau de capitalisation, lequel reste malgré tout sous-dimensionné. Les fonds propres ont atteint 8,2 Md€, en hausse de 2% tandis que les plus-values latentes s'élèvent à 10,1 Md€, dont 7,3 Md€ sur les obligations, 0,7 Md€ sur les actions et 2,1 Md€ sur les actifs immobiliers. Conséquence : sur la base de son modèle interne partiel (risques non vie et santé vie) et de la formule standard, l’assureur mutualiste fait état d’un ratio de Solvabilité 2 à 263% contre 255% sous format Solvabilité 1 (124% sur fonds propres durs). Le groupe a notamment bénéficié de la transitoire sur provisions techniques applicable sur le périmètre de Groupama Gan Vie. Pour rappel, le paquet «branches longues», partie intégrante de l’accord du 13 novembre 2013 sur Omnibus 2, intègre une mesure transitoire portant sur les provisions techniques permettant aux compagnies, sous réserve du feu vert de l’ACPR, d’étaler sur 16 ans l’impact du passage d’un calcul de provisions techniques S1 à un calcul S2. L’enjeu : lisser dans le temps les impacts financiers. Hors effet de la transitoire, le taux de couverture Solvabilité 2 de Groupama ressort en 2015 à 133%.
Sébastien Acedo
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