Intelligence artificielle et santé : l’humain ne sera pas hors jeu
Lors d’un des premiers ateliers de Réavie consacré à l’assurance santé et à la médecine du futur, un consensus sur le rôle de l’humain a émergé entre professionnels de santé et assureurs complémentaires.

« L’intelligence artificielle (IA), ce n’est pas Big brother ». Nicolas Sekkaki, président d’IBM France, qui s’exprimait en ouverture d’une des premières conférences du colloque Réavie, à Cannes, consacrée au thème « Assurance santé, médecine du futur : quelle est la place de l’humain », s’est voulu rassurant. Watson, le système d’intelligence artificielle créé par IBM, est déjà utilisé dans le secteur médical. Il ouvre de nouveaux horizons pour les médecins confrontés à des masses d’information colossales, tant dans leur pratique que par les publications médicales. Ce sont d’ailleurs les médecins qui sont venus à IBM, car il leur était impossible de lire tout ce qui se publie. L’IA constitue déjà un apport majeur dans des secteurs comme la cancérologie, et elle fait également des incursions dans l’assurance pour la recherche des contrats en déshérence (Generali France). Mais M. Sekkaki ne croit pas pour autant que l’IA se substituera aux médecins ou aux assureurs.
Desobeir à watson
Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF, première organisation de médecins libéraux), estime pour sa part que la médecine est bouleversée par l’arrivée des nouvelles technologies, dont l’IA est le « point ultime ». Il prédit qu’elle bouleversera le métier des praticiens. Il en veut pour preuve l’exemple de la radiologie, où l’œil humain identifie 17 nuances de gris, et une intelligence articielle 200. « Demain, en radiologie, l’interprétation sera automatisée et plus performante », parie le Dr Ortiz. Ce dernier ne croit pas non plus que les robots remplaceront les médecins, mais les machines n’en prendront pas moins une place de premier plan. Notamment parce qu'à la différence du médecin qui sort d’une nuit de garde, le robot est, lui, toujours en forme. L'humain a beau être imparfait, le Dr Ortiz n'en croit par moins que l’on va « revenir au côté humaniste de la médecine ». Quitte à désobéir à la machine : « Nous serons les acteurs de la transgression. Watson dira : je propose cela, le médecin suivra dans 95% des cas mais ne l’appliquera pas toujours ».
Des garde-fous
Christian Schmidt de la Brélie, directeur général du groupe de protectin sociale Klesia, pense aussi que l’intelligence artificielle va « nous tourner plus vers l’humain ». Catherine Grandpierre, membre du bureau de la Mutualité française (FNMF), pense de son côté que les organismes complémentaires santé peuvent, face à l’avancée des nouvelles technologies, jouer un rôle de garde-fous préservant la place de l’humain. Pour Jean-Manuel Kupiec, directeur général adjoint de l’Ocirp, la question est aussi de savoir ce que l’on fait des masses de données récoltées, en particulier par les objets connectées. Pour l'intelligence articielle comme pour toutes les technologies, la question centrale reste bien celle de l'usage.
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