L'ANI bouscule, mais mobilise

Pour cette édition des Journées du courtage, l'accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 et sa transposition ne pouvaient pas passer inaperçus. Exposants et visiteurs n'ont pas cessé de parler de cette évolution réglementaire qui bouscule le paysage de la complémentaire santé.
Toutefois, au-delà de la polémique soulevée par les récents accords de branche remettant à l'ordre du jour les clauses de désignation (lire l'interview du président de l'Apac, p. 23), les courtiers de proximité souhaitent davantage avoir accès à des solutions concrètes pour pouvoir aborder au mieux le segment de marché des entreprises. Les assureurs, représentants des mutuelles et courtiers grossistes qui fréquentaient les allées de ces Journées du courtage l'ont d'ailleurs bien compris. Présentant tour à tour programme de formation, outil d'aide à la vente ou encore accompagnement technique pour faciliter les formalités d'usage, ils étaient tous mobilisés pour sensibiliser leurs apporteurs partenaires à cette nouvelle cible prioritaire : les entreprises de moins de dix salariés.
« La matière est complexe, et pour jouer pleinement son rôle de conseil, le courtier a besoin d'accompagnement », confirme Sylvie Langlois, directrice générale de Solly Azar. Et Laurent Ouazana, directeur général de Ciprés vie, d'ajouter : « Nous avons un marché sous-équipé au niveau des très petites entreprises. De par leur proximité et leur technicité, les courtiers ont une fabuleuse occasion de démontrer leur valeur ajoutée. C'est pour cette raison que nous nous devons de les pousser à être acteurs de ce changement. »
Les nouveaux outils sont en place
Solly Azar profite ainsi de ces Journées du courtage pour mettre en avant un accompagnement de tous les instants, tant au niveau technique qu'au niveau commercial, avec la mise en place d'outils tels qu'un « visio-chat » (un forum avec vidéo), un comparateur de devis ou encore un dispositif d'e-mailing type à destination de ses courtiers. De son côté, Ciprés vie s'appuie sur l'événement pour lancer aux courtiers de proximité un grand « Je vous ai compris », dont la traduction concrète est la mise en ligne d'un réseau social dédié au courtage et à la protection sociale. « Nous venons de lancer officiellement ce nouveau réseau social, courtage-network.fr. C'est un endroit réservé aux courtiers, où ils pourront partager leurs expériences et les évolutions réglementaires », détaille Laurent Ouazana.
Les courtiers ont avec l'ANI une fabuleuse occasion de démontrer leur valeur ajoutée.
Laurent Ouazana, DG de Ciprès vie
Pour autant, la formation pour permettre au courtage de répondre à la nouvelle donne de la complémentaire santé collective n'est pas l'apanage des courtiers grossistes. Les assureurs ainsi que les mutualistes présents dans les allées n'hésitent pas non plus à avancer leurs pions. « Amener, via la formation et des campagnes de sensibilisation, les réseaux de distribution à basculer le plus vite possible vers le collectif va nous permettre de pousser plus facilement de nouvelles offres et, surtout, va les amener à être moins dépendants du segment de la santé individuelle », conclut Pierre François, directeur général de Swiss Life prévoyance et santé, qui estime aussi que ce processus de formation offre une meilleure compréhension des attentes de ses apporteurs d'affaires.
PATRICK PETITJEAN, PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION POUR LA PROMOTION DE L'ASSURANCE COLLECTIVE (APAC) « La vigilance est plus que jamais de mise »
Où en sommes-nous au niveau de l'ANI depuis la décision du Conseil constitutionnel ?
Le 13 juin, l'invalidation par le Conseil constitutionnel des clauses de désignation a été un événement important pour la profession. Pour autant, on s'attend à ce que le dossier rebondisse encore. Il y a déjà eu beaucoup de tentatives de déstabilisation, notamment dans le monde paritaire. On voit bien que le lobbying s'exerce pour que le législateur revienne sur la réécriture de l'article du code de la sécurité sociale déclaré inconstitutionnel. La vigilance est plus que jamais de mise.
Pourquoi l'Apac s'oppose-t-elle à deux accords de branche ?
Nous avons décidé de réagir aux deux accords de branche des 28 juin et 8 juillet parce qu'ils incluent une clause de désignation pour la plasturgie et une recommandation pour celui des espaces de loisirs et d'attractions. Nous avons décidé de demander aux branches professionnelles signataires de revenir sur leur position. Si ce n'est pas le cas, nous engagerons un contentieux.
PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS BAUME
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