Le big data et la difficile révolution technologique de l'assurance
Le Big data modifie profondément le paysage de l'assurance. Mais les assureurs ont encore des progrès techniques à faire pour profiter à plein de l'afflux de données.

Trois ruptures « permettent la révolution technologique », résume Côme Berbain, sous-directeur adjoint expertise de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information :
- la granularité de données devenue massives,
- l’augmentation de l’intelligence artificielle qui permet d’approfondir les algorithmes,
- l’installation de nouvelles infrastructures informatiques et notamment des nouveaux systèmes de gestion de bases de données qui augmentent la puissance de calcul
L'assurance de demain
Le thème de l'intervention de Côme Berbain qui intervenait à la Chaire Pari* le 6 janvier 2016 ? L’assurance de demain. Et son corollaire de fantasmes qui vont de la capacité de prédiction absolue, notamment en santé (le rêve de prédire l’apparition de maladies graves) à l’individualisation des contrats comme le Pay how you drive en plein boom en passant par la lutte contre la fraude facilitée par l’analyse prédictive et les outils issus du big data.
« Cette révolution fait face à des limites structurelles, prévient Côme Berbain qui insiste sur l’inopérabilité partielle des systèmes d’information actuels des assureurs. « Ils regorgent de formats de données différents rendant impossible tout croisement. Par exemple, un grand assureur a réalisé qu’il avait 17 formats de date dans ses bases de données… ».
Encore complexe de réussir à affiner la tarification
Un détail technique ? Pas tant que cela puisqu'en conséquence beaucoup d’informations sont inexploitées, notamment pour affiner la tarification. Les critères pris en compte tels que l’âge, le poids ou encore le code postal restent prévalent, sans ajouts d’éléments issus du « big data ». Les data scientists sont à l’œuvre, mais il faut donner du temps au temps.
L'aléa persistera
.
Car en parallèle, le monde de l’assurance est confronté à la difficulté d’exploitation des données externes, au manque de données sur les risques nouveaux, à l’industrialisation difficile pour les modèles complexes et au besoin « de corrélation ! Il faut savoir ce qui caractérise un bon risque, un client potentiellement infdèle etc. », détaille l’expert.
Enfin, il reste aussi une part d’aléas. Le big data quand il aura atteint sa maturité sera donc source d’un nombre diminué de variables, mais l’aléa persistera. Peut-être une bonne nouvelle pour l’assurance.
*Programme de recherche sur l’appréhension des risques et des incertitudes.
Selon Côme Berbain, le marché, à la faveur du big data et du nouvel écosystème qui se met en place, migrera vers le BtoB. Des accords tels que celui d’Axa avec BlaBlaCar, par exemple, ou même la dernière opération médiatisée de prise de contrôle de Groupama Banque par Orange le prouve. « Attention à l’effondrement des marges des assureurs », alerte le sous-directeur de l’ANSSI qui leur conseille de revenir aux risques, à la gestion d’actifs et de contrats et à la tarification pour faire valoir leur valeur d’expert, de développer le BtoBtoC en essayant de mettre en place une distribution dite 2.0 comme la maison connectée ou la santé en coordonnant les parcours de soins. « Les assureurs pourraient aussi devenir gestionnaires de données », conclut-il.
SUR LE MÊME SUJET
Le big data et la difficile révolution technologique de l'assurance
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir