Les dirigeants envisagent 2025 avec optimisme
Avant même que le gouvernement ne mette à l'honneur l'année 2025, quelques dirigeants de l'assurance ont planché, lors du Forum des forces commerciales, sur la réglementation, les évolutions sociologiques et la distribution à cet horizon.

Est-ce un signe révélateur de la pression qu'ils subissent ou une réaction logique à l'effervescence européenne et nationale ? Toujours est-il que la réglementation occupe le devant de la scène quand des dirigeants de l'assurance évoquent l'avenir de leur secteur dans douze ans lors de la dixième édition du Forum des forces commerciales, le 20 juin à Paris. Jean-Pierre Menanteau, directeur général du groupe Humanis, lance ainsi : « Sauf si nous assistons à un effondrement de la construction européenne d'ici là, en 2025, nous vivrons l'impact post-Solvabilité 2. Nous connaîtrons sans doute une plus grande convergence fiscale au sein de la zone euro et une montée en régime du "consumérisme bruxellois", qui amplifiera le conseil, la transparence et modifiera les règles de rémunération. »
Avec quelque 11300 agences réparties dans toute la France, il nous a semblé évident que l’agent général était au coeur de la cité, au service des clients dans une relation de proximité unique. C’est le thème que nous allons développer dans le cadre des élections municipales de 2014, en multipliant les rencontres sur le terrain
Hervé de veyrac, président d’Agéa
La transparence semble également être l'un des enjeux pour les années à venir, selon Jacques de Peretti, directeur général délégué d'Axa France, qui, réagissant aux réflexions relatives à la pression réglementaire nationale récente pesant sur les assureurs (lois « Hamon », « Duflot »...), tempère : « Je ne crois pas au cataclysme réglementaire. Tout cela relève d'un processus lent, même si, récemment, l'actualité française s'est un peu emballée. » Néanmoins, il met en garde contre un contexte trop contraignant susceptible de nuire au nécessaire processus d'innovation. Un point sur lequel le rejoint Nicolas Schimel, directeur général d'Aviva France, qui souligne « un risque d'exclusion de certaines offres » et invite à « faire attention à la prolifération des microréglementations ».
Représentant le monde du grand risque, Anne Charon, PDG de Zurich France, constate une anticipation des comportements en prévision de Solvabilité 2, avec, entre autres, « un niveau d'exigence accru sur la qualité des données fournies par l'assuré, au risque de voir le client se sentir soupçonné ».
Cheveux gris et bords de mer
Le vieillissement de la population est salué comme une opportunité par l'ensemble des débatteurs. Jacques de Peretti va même jusqu'à parler d'« un avenir radieux et optimiste », avant d'ajouter : « L'assurance devra conserver et renforcer son rôle sociétal de conseil et de rassurance, car si l'allongement de la durée de vie nous offre l'opportunité formidable de nous inscrire dans le long terme, nous devrons néanmoins nous montrer plus créatifs pour accompagner la génération des services. »
La numérisation telle que nous l’avons imaginée est au service du client, bien sûr, mais elle est également au service de l’agent général, qui trouve là le moyen de libérer du temps commercial et, ainsi, de satisfaire une clientèle en quête de conseils sur certaines gammes de produits. Pour les autres, la numérisation permet le self-service.
MattHieu BéBéar, dgA d’Axa particuliers-professionnels
Note d'optimisme également pour Nicolas Schimel, qui évoque des Français « toujours plus vieux et disposant d'un pouvoir d'achat laissant supposer un accroissement de la matière assurable ». Jean-Pierre Menanteau estime cependant qu'un effort pédagogique devra être fait sur deux points : « Dans les années à venir, il faut impérativement retrouver le chemin de l'enseignement de l'économie afin de mieux sensibiliser les Français à l'épargne et, par ailleurs, renforcer la prévention en MRH, la France ayant démontré les vertus de la prévention routière ».
Les difficultés devraient venir de la post-urbanisation, sujet qui rend Jacques de Peretti particulièrement disert tant le risque lui semble lourd : « Les populations quittent les lieux isolés et s'agglutinent près des mers et des cours d'eau. Cela devrait entraîner une explosion des sinistres liés aux catastrophes naturelles. On estime qu'à moyen terme, il devrait y avoir cinq fois plus d'événements de ce type dans le monde, ce qui coûtera dix fois plus cher à la société et entraînera une multiplication par vingt des coûts supportés par l'assurance. Ainsi, en France, nous prévoyons un doublement du poids de l'indemnisation des événements climatiques, faisant passer l'incendie au second rang dans les risques MRH. » Autre conséquence de ces mouvements de population pointée par Nicolas Schimel : l'arrivée de nouveaux modes de fonctionnement collaboratifs, de copartage et un usage de la communication très différent.
Notre stratégie consiste à pousser la dématérialisation sur les tâches les plus coûteuses et d’orienter nos forces vers une meilleure prestation de conseil. Mais nous devons composer avec une clientèle diverse, en tenant compte de celle qui privilégie la relation humaine. Nous sommes à mi-chemin de cette stratégie, mais la cible s’éloigne au fur et à mesure que nous avançons
Jérôme Grivet, dg de crédit agricole assurances
Les agents toujours dans le Paf
Les dirigeants des deux compagnies disposant d'un large réseau d'agents présents lors de cette manifestation sont formels : le paysage assurantiel français (le Paf) réservera une place majeure aux agents. Nicolas Schimel fonde ses prévisions sur trois raisons : « Tout d'abord, la capacité d'adaptation des agents, qui va de pair avec leur esprit entrepreneurial, le tout dans une proximité avec la clientèle dont ils savent tirer tous les avantages. Enfin, ils sont eux-mêmes multicanaux, et le seront à bon escient dans un monde que je ne crois pas, à terme, totalement dématérialisé. » À ces forts atouts, le directeur général d'Aviva France ajoute néanmoins une condition prioritaire : « Les agents vont devoir trouver comment rémunérer la valeur créée et comment la positionner par rapport au prix. » Un défi qu'il estime être également du devoir des compagnies.
Nous nous heurtons à un problème de volatilité exacerbé par les réglementations européennes (particulièrement Solvabilité 2) et française. Dans ce contexte, le système des précomptes n’est plus absorbable. Cependant, aujourd’hui, le courtage est le circuit de distribution qui a la plus grande liberté d’action et la meilleure élasticité.
Philippe Saby, directeur réseau courtage de generali
De son côté, Jacques de Peretti assène le postulat qui conduit désormais la stratégie d'Axa : « Les métiers de banquier et d'assureur seront fusionnés, parce que les banquiers ont ouvert cette voie. Le rapprochement sera progressif, mais en 2025, la convergence sera totale et le grand public ne fera plus la différence entre la banque et l'assurance. » Un pari visionnaire ? L'avenir nous le dira. Mais en attendant, Axa fait tout pour le remporter, puisque dès la fin 2013, sur ses 3 400 agences, 400 auront déployé le modèle d'assurbanque, et elles seront 650 fin 2014.
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