Les solutions alternatives, talon d'Achille de la réassurance
Appréciée par les agences de notation comme une activité stable, la réassurance l'est tout autant et pour les mêmes raisons par les investisseurs. Une attractivité à double tranchant.

L'importance de leurs fonds propres, leur résistance à la crise et leur ratio de solvabilité font des réassureurs de solides candidats pour les agences de notation. Les trois principales ont rendu leurs analyses du marché en avant-première des « Rendez-vous de septembre » à Monte-Carlo. Pour la troisième année, Fitch, Moody's et Standard et Poor's soulignent une continuité dans la discipline de souscription et des améliorations dans la gestion du risque qui valent à la branche sa puissante capacité financière et sa résistance à un contexte difficile.
« Les clés de ce marché sont sa capacité de résilience et sa discipline de souscription. En dépit de l'immensité des dommages assurés en 2011 et 2012 et d'un environnement de taux d'intérêt faibles qui ont influé sur les revenus des investissements, le secteur de la réassurance est resté profitable et a augmenté son capital », observe James Eck, vice-président et senior credit officer chez Moody's.
Et si l'ensemble des premiers réassureurs ont vu leurs notes baisser de quelques notches au cours de la dernière décennie, ils n'en conservent pas moins pour deux d'entre eux un AA+. Cinq autres sont notés AA-, tandis qu'une dizaine de réassureurs se situent à A+.
Les agences, qui leur prédisent une stabilité pour les mois à venir, n'en réservent pas moins leur pronostic à plus long terme. Moody's met ainsi en garde contre le grand nombre de défis à affronter, dont les faibles taux d'intérêts et les conditions économiques en Amérique du Nord et en Europe.
Afflux alternatifs
Par ailleurs, les trois agences s'accordent à observer que la réassurance traditionnelle pourrait être rattrapée par le succès de la titrisation, des cat' bonds et des sidecars. Un danger catégoriquement nié par l'ensemble des réassureurs. Ils objectent que cette réassurance dite « alternative », ne constitue que des capacités marginales et essentiellement cantonnées aux risques de catastrophes naturelles aux États-Unis. « Pas de quoi faire trembler le marché », s'agace plus d'un acteur présent à Monte-Carlo.
Pour autant, les experts persistent. Fitch Ratings mise sur une poursuite de la demande en réassurance alternative, signe d'une « convergence croissante entre la réassurance et les marchés financiers ». Il en veut pour preuve que le capital émanant d'instruments alternatifs de réassurance représente aujourd'hui 45 Md$ (34 Md€), soit 14% de la capacité globale en réassurance de dommages catastrophes naturelles, contre 8% en 2008.
Expertise et innovation
Les réassureurs traditionnels auraient pourtant mauvaise grâce de jeter l'opprobre sur ces solutions alternatives, dont ils sont également des utilisateurs assidus pour protéger leur capital et leur exposition. En témoigne, le mortality bond qui sera prochainement lancé par Scor doté d'un point d'attachement (1) très bas, destiné à le protéger contre le risque de pandémie.
Cette capacité à rebondir et à se projeter plus en avant par l'innovation est d'ailleurs un atout relevé par les agences de notation... Ainsi, Lotfi Elbarhdadi, directeur financial services chez Standards et Poor's, a sommé le marché d'intensifier son expertise : « La réassurance n'est pas seulement une question de capacité. Un réassureur doit détenir une réelle expertise dans la connaissance des marchés et dans la gestion des risques. » Et de prédire que seuls les réassureurs capables de se différencier en proposant une réelle valeur ajoutée par ligne d'activité survivront.
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