Marché français de l’assurance en 2014 : Fitch et Spitz affichent des perspectives contraires !

Perspective négative pour l’assurance vie et perspective stable pour l’assurance non-vie : l’agence de notation est formelle, le marché français de l’assurance n’est pas orienté au beau fixe. Une conclusion à laquelle Bernard Spitz, président de la FFSA,  la Fédération française des sociétés d'assurances, a apporté de nombreux correctifs en clôturant la manifestation organisée par Fitch à destination des analystes et des investisseurs.

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Marché français de l’assurance en 2014 : Fitch et Spitz affichent des perspectives contraires !
Siège social de Fitch Ratings, à Londres.

«L’assurance vie en France effectue sa mue en passant d’un statut d’activité en croissance à un statut d’activité cyclique», estime Marc-Philippe Juilliard, directeur senior chez Fitch en charge de l’assurance à Paris, étayant ses propos par une estimation de la collecte brute de l’ordre de 125 à 130 Md€ en 2013, contre 112,9 Md€ un an plus tôt. Des chiffres à rapprocher des tendances circulants à l’approche de l’annonce officielle du 30 janvier, à savoir une collecte nette d’environ 12 Md (contre les -6,5 Md€ historiques de 2012).

Malgré cela, l’agence de notation constate une baisse graduelle de l’attractivité des fonds euros en raison de la baisse des rendements et d’une fiscalité changeante ainsi qu'une réticence des épargnants à investir en unités de compte et une remontée des rachats en raison de la pyramide des âges des contrats. «Face à cela, nous nous attendons au maintien d’une collecte nette volatile, souligne Marc-Philippe Juilliard. D’autant que la fiscalité reste incertaine et qu’une remontée brutale des taux d’intérêt pourrait avoir un impact tant sur l’encaissement que sur les rachats. Enfin, en matière de solvabilité, il faut encore compter avec des plus-values latentes, elles aussi, volatiles». Le verdict est pour Fitch sans appel : la rentabilité des assureurs vie est sous pression et motive la décision d’une «perspective négative».

Stabilité fiscale sur l’assurance vie

Pour sa part, Bernard Spitz rappelle que l’euro-croissance – nouveau contrat résultant de la réforme de l’assurance vie annoncée fin 2012 et en partie guidé par le rapport Berger-Lefebvre d’avril 2013 – créé par l’article 7 du PLFR, adopté fin décembre, «va offrir des opportunités en matière d’offre dès 2014». Par ailleurs, réfutant l’argument d’instabilité fiscale, il cite les propos du Président de la République exprimés à l’occasion des vœux aux acteurs de l’économie et de l’emploi, le mardi 21 janvier : «J’ai donc décidé que seront maintenues jusqu’à la fin du quinquennat toutes les mesures qui incitent à l’investissement : [...] la fiscalité de l’épargne aussi bien pour l’assurance vie que pour le Plan épargne en actions.» Selon le président de la FFSA, «le marché dispose ainsi d’une fenêtre de trois ans de stabilité fiscale sur l’assurance vie». Voilà deux éléments qui, s’ils avaient été pris en compte par Fitch lors de la publication de son rapport mi-décembre, auraient peut-être pesé. Tout comme aurait dû peser, toujours selon Bernard Spitz, le «compromis honorable sur le traitement des garanties de long terme» obtenu sous la présidence européenne lituanienne ayant permis de sortir Solvabilité 2 de l’ornière dans laquelle la directive s’engluait depuis de nombreux mois, voire années.

Non-vie : perspective stable, mais…

Pour Fitch, le marché non-vie inclut le dommage et la santé-prévoyance, ce qui conduit l’agence de notation à distinguer les potentiels et évolutions de ces deux pans d’activité. «Le dommage n’enregistre plus guère de croissance depuis de nombreuses années dans un paysage concurrentiel très marqué par les Sgam Covéa et Sferen, occupant respectivement les première et troisième places de notre top 10 (Groupama étant deuxième), souligne Marc-Philippe Juilliard. En revanche, il faut distinguer la prévoyance dans le marché non-vie qui continue, elle, de progresser».

Pour l’avenir, Fitch souligne certains paradoxes propres à l’Hexagone. Tout d’abord sur le dommages, l’aversion aux risques des populations et le développement des catastrophes naturelles devraient être des facteurs positifs, mais ceux-ci se heurtent au mur des tarifs. Côté santé, l’agence constate que les pouvoirs publics ne veulent pas se désengager… et qu’il en sera de même pour la dépendance. Considérant que «dans ce contexte, l’évolution de cette activité mature sera le fait des tarifs, et que s’esquisse pour 2014 une stabilité tarifaire», Fitch annonce une perspective stable reposant sur l’hypothèse d’un maintien relatif de la politique de souscription et d’une sinistralité moyenne. Néanmoins, elle s’autorise à revoir celle-ci si elle note des «pratiques commerciales agressives».

Perspectives favorables

Amené à conclure, Bernard Spitz évoque le secteur de l’assurance comme «un secteur dont les perspectives sont favorables» grâce à «des entreprises affichant des bilans solides», mais aussi en raison d’un contexte marché poussant à l’innovation, porté par l’euro-croissance, par les actions de groupe (potentiellement assurable), par l’évolution de la complémentaire santé et par le développement du digital. Enfin, le président de la FFSA a profité de cette tribune pour rappeler aux investisseurs et aux analystes que les assureurs avaient traversé la crise sans «jamais avoir eu besoin de faire appel aux pouvoirs publics», et qu’ils sont aujourd’hui, «forts de 2 000 Md€ de placement, des acteurs incontournables de l’économie, comme l’a démontré, en 2013, la création des fonds Novo grâce à la modification du code des assurances autorisant ainsi l’investissement direct dans les entreprises non cotées».

France - Allemagne : égalité

L’agence Fitch procède traditionnellement à ces estimations dans les principaux pays européens (voir schéma ci-dessous). Ainsi, pour 2014, la France et l’Allemagne se trouvent exposées aux mêmes conclusions concernant leurs secteurs vie et non-vie. L’Italie est, elle, placée sous perspective négative pour les deux segments, à l’inverse des Pays-Bas, qui obtiennent un double «stable». Enfin, le Royaume-Uni se distingue puisque la «vie» est notée stable, tout comme la non-vie sur le marché de Londres, qui bascule cependant en négative lorsqu’il s’agit du marché régional.

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