La hiérarchie du marché est respectée

On prend les mêmes et on recommence, ou presque. La hiérarchie est respectée sur les trois premières marches. La suite du classement connaît davantage des changements de rang que de vrais bouleversements. Les nouveaux entrants appartiennent tous au camp des mutuelles interprofessionnelles. À la 18e place, Mutuelle de France Plus devient la plus grosse structure de la Fédération des mutuelles de France (FMF), dépassant la Mutuelle familiale. C'est un autre signe de la concentration du marché, la FMF (l'une des composantes de la FNMF) étant jusqu'alors composée de moyennes mutuelles (moins de 100 M€ de cotisations).

Issue d'un rapprochement d'égaux, qui s'est traduit juridiquement par l'absorption de la lyonnaise Mutuelle Santé Plus par la marseillaise France Sud, elle mise sur une complémentarité tant géographique que « métier ». La première est plutôt positionnée sur le collectif, la seconde sur l'individuel. Oréade-Prévifrance, qui se glisse au 25e rang, est le produit de la fusion, en décembre 2009, des mutuelles Oréade et Prévifrance, qui rayonnent surtout dans le Grand Ouest.

Naissance d'Intériale

Côté mutuelles de la fonction publique, le fait marquant est à chercher dans le classement des groupes, avec l'apparition d'Intériale. Créé en 2010 autour de la mutuelle éponyme, première au ministère de l'Intérieur, d'Intériale prévoyance, d'Intériale Filia (protection sociale des non-fonctionnaires) et de la Mutuelle générale des Affaires sociales, ce groupe inaugure une nouvelle forme juridique de regroupement, l'union mutualiste de groupe (UMG). Son président, Pascal Beaubat, n'exclut pas de nouveaux rapprochements.

Toutefois, les prétendantes se raréfient ! Car, cette année, le monde des mutuelles de fonctionnaires a franchi une nouvelle étape avec la création d'une autre UMG, Istya, dont le navire amiral est la Mutuelle générale de l'Éducation nationale (MGEN). Fondée par cette dernière, la Mutuelle des Affaires étrangères et européennes (MAEE), la Mutuelle générale Environnement et Territoires (MGET), la MNH (hospitaliers) et la MNT (territoriale), elle a déjà été rejointe par la Mutuelle civile de la Défense (MCDéf) et pourrait bientôt l'être par la Mutuelle générale de l'Économie, des Finances et de l'Industrie (Mgefi).

« Droits et devoirs »

Dans ce contexte, l'on peut parier que les prochaines convergences s'opéreront entre mutuelles interprofessionnelles et de la fonction publique. D'ailleurs, le groupe Harmonie mutuelles a déjà fait un pas en ce sens, en attirant la Smar (ministère de l'Agriculture) et la Mnam (aviation de marine).

Le tableau des groupes fait aussi ressortir le poids des groupes paritaires dans l'univers mutualiste. Certains ne se font pas prier pour dévoiler leurs objectifs. « Notre ambition pour 2012 est de structurer le pôle mutualiste interprofessionnel du groupe de protection sociale Humanis, qui représente un total de plus de 1 million de personnes protégées pour quelque 700 M€ de cotisations », explique Frédéric Rousseau, directeur général de l'union de mutuelles Radiance. Pour croître, ce dernier précise qu'il cherche des mutuelles ayant des valeurs proches de celles de l'union, qui « acceptent des droits et des devoirs ». Le tout autour de trois pôles régionaux, avec une logique de fusion qui pourrait rapidement influencer le Top 30.

Enfin, le classement par niveau de solvabilité montre que les mutuelles sont plutôt bien dotées. Les dirigeants mutualistes ont certainement raison de souligner que c'est d'abord le signe d'une gestion saine et qu'il ne s'agit pas d'une cagnotte. Néanmoins, à décortiquer les chiffres, on peut aussi comprendre pourquoi des députés ont pu être tentés de taxer les mutuelles, dont la couverture du besoin de marge de solvabilité dépasse 350%...