Macif structure sa stratégie en assurance de personnes
La mutuelle d’assurance Macif, qui vise 800 000 clients en prévoyance et plus d’1,3 million en santé en 2020, crée une Union mutualiste de groupe (UMG). Une manière de structurer et développer son pôle santé/prévoyance... et de préparer l’avenir.
? Éloïse Bernis et Gwendal Perrin

ANI, contrats responsables, Solvabilité 2… Rarement un marché n’aura été aussi bouleversé en un laps de temps si réduit que celui de la complémentaire santé, forçant les acteurs à s’adapter. La concentration mutualiste est ainsi une réalité depuis plus d’une dizaine d’années, le nombre de mutuelles passant entre 2006 et 2015 de 1 158 à 485. Un mouvement qui touche aussi la Macif, présente dans le Top 10 de la mutualité de L’Argus et le Top 20 en santé.
Autant d’éléments contextuels et réglementaires qui poussent en effet la Macif à structurer sa stratégie en assurance de personnes. Si 2015 fut un tournant pour l’assureur mutualiste qui a restauré sa rentabilité avec un résultat net de 205 M€, la prospérité de son avenir dépendra, entre autres, de sa capacité à se diversifier en multiéquipant ses 5,2 millions de sociétaires. Le groupe niortais a donc choisi d’annoncer, ce 25 mai, la création d’une UMG « plus engageante », selon les termes de Fred Vianas, directeur du pôle santé-prévoyance du groupe Macif.
Un nouveau cadre juridique
Ce nouveau cadre juridique sera plus contraignant (lire encadré) pour les cinq organismes – Macif-Mutualité, Apivia, MNFCT, MNPAF et la mutuelle d’IBM – qui composent l’union, mais permettra au groupe d’arborer une stratégie commune et un pilotage global, de renforcer sa solidité financière et d’y développer de nouveaux produits différenciants… tout en concourant plus facilement aux appels d’offres. Toutes choses qui nécessitent une vraie industrialisation des process ! Le chantier a d’ores et déjà commencé entre les 5 mutuelles : c’est l’assemblée générale extraordinaire de juin 2017 qui entérinera – ou pas – le nouveau statut. La famille vit déjà bien ensemble, les mutuelles étant affiliées à une Union de groupe mutualiste (UGM) depuis 2009 (laquelle va perdurer) : fondée lors de l’arrivée de la MNFCT, elle a été rejointe par la mutuelle d’IBM en 2013, MNPAF en 2014 et enfin Apivia en 2015. Macif-Mutualité a, quant à elle, été créée en 2005.
S’industrialiser pour croître
Sur le plan prudentiel, cette UMG dépendra de la société de groupe d’assurance mutuelle (Sgam) Macif à partir du 1er janvier 2018. Son président Alain Montarant et son directeur général Jean-Marc Raby, définiront donc la stratégie de la future UMG. « Cette UMG ouvre des perspectives toniques dans un contexte compliqué économiquement, avec l’ANI, pour les mutuelles d’entreprise », estime Vincent Boo, président de la Mutuelle Air France (MNPAF). « On va construire ensemble et optimiser en industrialisant. Mon objectif, c’est de diminuer le reste à charge de mes adhérents », renchérit Jean-Luc Pelaud, président d’Apivia Mutuelle.
Outre la consolidation économique, cette UMG a aussi vocation à devenir une structure d’accueil pour d’autres, mutuelles au moment où le marché se concentre, et où « tout le monde discute avec tout le monde »… La prolongation des partenariats sur le grand collectif avec AG2R et sur le petit collectif avec BPCE Assurances complète un dispositif qui n’est pas sans rappeler celui de Covéa, à une tout autre échelle.
Question de taille, justement : si le groupe ne se risque pas à donner d’objectifs chiffrés en santé (tout juste ambitionne-t-il d’accroître le nombre actuel d’1,3 million de sociétaires), il se veut conquérant en prévoyance en escomptant 800 000 clients d’ici 2020 contre 635 000 actuellement – soit une croissance de 26 % en 4 ans.
« L’assurance de personnes est un marché très réglementé et extrêmement volatile, mais en croissance », estime ainsi Frédéric Channac, directeur général délégué assurances de personnes du groupe Macif.
La Macif se veut par conséquent ambitieuse en assurance de personnes, quitte à se structurer de manière contraignante. Si l’accord des cinq mutuelles à la constitution de cette UMG, lors de leurs prochaines assemblées générales, ne suscite que peu d’inquiétude, le récent échec du mariage entre la Macif et la Matmut incite toutefois à une certaine prudence...
UMG, une solidarité financière importante et durable
- Les UMG, au même titre que les autres groupes prudentiels de type Sgam ou Sgaps, obligent à des liens de solidarité financière « importants et durables » entre les sociétés affiliées. Liens explicités dans les statuts et contractualisés par une convention d’affiliation.
- Ces statuts et convention doivent préciser les modalités de coordination centralisée voire d’intégration au niveau du groupe ainsi que la détermination de l’influence dominante (en identifiant, notamment, les décisions stratégiques et financières des entités adhérentes qui requièrent une approbation préalable de l’UMG).
- Les UMG doivent posséder des pouvoirs de contrôle et de sanction à l’égard des organismes affiliés.
- Les mutuelles adhérentes ne doivent pas être déjà affiliées à un autre groupe prudentiel (Sgam, Sgaps ou UMG).
- Les UMG créées après la publication de l’ordonnance du 2 avril 2015 doivent se conformer immédiatement aux nouvelles dispositions (pas de période transitoire).
Sébastien Acedo
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