Présidentielle 2017 : Jean-Luc Mélenchon précise ses intentions pour les complémentaires santé
Election présidentielle Les assureurs

Le candidat de la France Insoumise, s’il veut mettre en place une Sécurité sociale dite «intégrale», se veut toutefois rassurant pour le monde de la Mutualité.
Il était l’un des deux grands absents du rendez-vous de la Mutualité Française, tenu ce mardi dans le cadre de la campagne présidentielle. Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) n’a pu se rendre au Palais Brongniart pour préciser ses intentions quant à la santé et la protection sociale, au contraire de Benoît Hamon, Emmanuel Macron et François Fillon – ainsi que Yannick Jadot et Nicolas Dupont-Aignan.
Il s’explique toutefois sur son absence dans un courrier adressé à la Mutualité Française, considérant qu’il aurait pu être représenté par un porte-parole ou un responsable de programme santé – ce que la FNMF ne voulait pas. Il revient surtout sur l’idée-force de son programme : la mise en place d’une «Sécurité sociale intégrale».
Des chiffrages contestés
M. Mélenchon dément ainsi l’affirmation de la FNMF, voyant dans la prise en charge des soins à 100% par l’Assurance maladie prônée par le candidat de la France insoumise un motif de hausse de la dette et des prélèvements obligatoires. Pour rappel, si le déficit de la Sécurité sociale se réduit depuis quelques années (prévu à 400 millions d’euros hors FSV en 2017, mais 4,3 milliards d’euros en l’incluant), la dette sociale reste de son côté élevée à 121 milliards d’euros.
Cette interprétation mathématique est toutefois contestée par la France Insoumise, considérant que cette Sécurité sociale dite «intégrale» est «entièrement financée». Comment faire en sorte que les dépenses de santé aujourd’hui prises en charge par les complémentaires santé ou les ménages (un peu plus de 42 milliards d’euros par an), transmises donc à l’assurance maladie obligatoire selon ce schéma, soient solvabilisées ?
Dépenses de santé : qui paie quoi ?
Les dépenses de santé peuvent être prises en charge par quatre financeurs : la Sécurité sociale, les complémentaires santé, les ménages (reste à charge) et l'Etat (AME, CMU-C). Si, sur les 195 milliards d'euros de dépenses annuelles en 2015 (selon les Comptes de la santé, DREES), la Sécurité sociale en prend en charge 77%, ces pourcentages diffèrent selon les postes de soins. Ainsi, les restes à charge peuvent se révéler importants sur l'audioprothèse, le dentaire (23%) et l'optique (24%).
| 194,6 milliards d'euros | 100% | ||
Sécurité sociale | 149,5 milliards d'euros | 76,8% | ||
Organismes complémentaire santé | 25,9 milliards d'euros | 13,3% | ||
Ménages (reste à charge) | 16,3 milliards d'euros | 8,4% | ||
Etat | 2,9 milliards d'euros | 1,5% |
Vers une réintégration d'effectifs ?
Deux pistes d’action sont mises en avant. Tout d’abord, sur la part complémentaire, M. Mélenchon veut transformer les cotisations aujourd’hui versées aux organismes complémentaires en cotisations pour l’assurance maladie, considérant que ce transfert rendra le dispositif «plus égalitaire». Le candidat met notamment en avant les risques accrus de tarification à l’âge (une récente étude de la Drees faisait le point sur ce sujet) et considère que «la concurrence sur le marché de l’assurance maladie privée conduise inéluctablement à la disparition des pratiques de tarification dite solidaire».
Sur la part aujourd’hui couverte par les ménages, plusieurs pistes de financement sont avancées : suppression des frais de gestion des complémentaires santé, renégociations des prix des médicaments, régulation de tarifs sur l’optique, l’audioprothèse et le dentaire (rejoignant en ce sens le « reste à charge zéro » porté par les concurrents de M. Mélenchon à l’élection présidentielle) ou encore la suppression des dépassements d’honoraires.
Selon les calculs de la France insoumise, ce 100% Sécu bénéficierait ainsi de «ressources largement supérieures aux besoins», ce qui permettrait ainsi à l’Assurance maladie d’embaucher en son sein l’ensemble des salariés travaillant aujourd’hui pour les organismes complémentaires santé – permettant également aux salariés des services de soins et d’accompagnement mutualistes (SSAM) de développer leurs actions. Il mettrait un terme à l’habituel financement qualifié ici de «dual» entre AMO et AMC, financement «de plus en plus inefficient et inégalitaire».
Dans ce dossier
- Présidentielle 2017 : quels programmes d’Alain Juppé et François Fillon sur l’assurance santé ?
- Présidentielle 2017 : les propositions de François Fillon pour réduire le risque agricole
- Présidentielle 2017 : Emmanuel Macron veut «reprendre la main» sur Solvabilité 2
- Présidentielle 2017 : Benoît Hamon expose ses premières propositions sur la santé
- Présidentielle 2017 : les propositions des candidats de la primaire de gauche sur la santé
- Présidentielle 2017 : Nicolas Dupont-Aignan avance ses propositions sur la santé
- Présidentielle 2017 : les orientations de Marine Le Pen sur la santé
- Présidentielle 2017 : les propositions du Medef sur la protection sociale
- Présidentielle 2017 : la (légère) volte-face de François Fillon sur la santé
- Présidentielle 2017 : candidats de gauche comme de droite défendent le zéro reste à charge
- Présidentielle 2017 : Emmanuel Macron veut des contrats-type pour les complémentaires santé
- Présidentielle 2017 : Jean-Luc Mélenchon précise ses intentions pour les complémentaires santé
- Présidentielle 2017 : le RSI s’invite dans la campagne et formule cinq propositions
- Présidentielle 2017 : Emmanuel Macron veut réformer la sécurité sociale étudiante
- Présidentielle 2017 : les positions des candidats sur les réseaux de soins
- Présidentielle 2017 : la Mutualité Française appelle à faire barrage à Marine Le Pen
Abonnés
Base des organismes d'assurance
Retrouvez les informations complètes, les risques couverts et les dirigeants de plus de 850 organismes d'assurance
Je consulte la base
Commentaires
Présidentielle 2017 : Jean-Luc Mélenchon précise ses intentions pour les complémentaires santé