Réassurance : les ouragans font grimper les prix
Après des années de baisse, les réassureurs ont profité de la série de cat’nat’ de l’automne dernier pour redresser leurs tarifs.

La fin d’un cycle, enfin ? Lors des renouvellements de traités au 1er janvier 2018, les tarifs de la réassurance dommages sont repartis à la hausse, après six années consécutives de baisse. En cause : la forte sinistralité subie à l’automne 2017. Ouragans Harvey, Irma, Maria, tremblements de terre au Mexique, feux de forêt en Californie… Le coût des catastrophes naturelles a atteint, l’an dernier, un record de 130 Md$. Contraints jusqu’ici de puiser dans leurs reprises de provisions pour maintenir leurs résultats financiers, les réassureurs mondiaux se sont donc montrés très fermes lors des négociations avec les cédantes.
Touchées de plein fouet par ces événements, la rétrocession et les tranches des programmes catastrophes affectées ont vu leurs prix augmenter de 20 % voire plus. Mais le redressement tarifaire ne s’est pas limité aux marchés impactés, descendant en cascade sur les autres régions et autres lignes d’activité. Les tranches des programmes concernés mais non touchés ont ainsi vu leurs tarifs progresser de 10 % et les programmes non affectés de 5 %.
Sur le continent européen, épargné par ces phénomènes majeurs, les cédantes ont opposé une certaine résistance. Mais, après plusieurs années de baisse, les réassureurs ont tout de même obtenu une hausse, comprise entre 0 et 5 %. « Même dans les régions faiblement touchées », Hannover Re déclare « avoir pu obtenir une prime au moins égale à celle de l’année précédente ».
Après trois années de baisse consécutive, Scor affiche, de son côté, une tarification ajustée aux risques en hausse de 3 %. La plus forte augmentation depuis les renouvellements de janvier 2009.
Les cat’nat’ permettent la hausse des tarifs…
« S’agit-il d’un feu de paille ou d’une inversion structurelle de tendance ? », s’interroge Marc-Philippe Juilliard, directeur chez S&P Global Ratings. Sur tout marché, la tarification dépend de l’offre et de la demande. Pour l’heure, malgré l’impact des catastrophes naturelles, les capacités restent encore abondantes, et la hausse des prix en P&C est donc modérée, comprise au global entre 0 et 5 %. « Faute d’un assèchement du marché de la réassurance alternative, la perspective d’une inversion structurelle de la courbe des prix reste difficile à envisager. Pour l’heure, ces instruments financiers sont encore disponibles en quantité abondante. Mais si la hausse des taux d’intérêt venait à se confirmer aux États-Unis et en Europe, l’appétit des investisseurs pour les cat bonds (ndrl : obligations catastrophe) pourrait s’amoindrir », explique Marc-Philippe Juilliard. Les réassureurs, eux, veulent croire à une amélioration durable de leurs tarifs. Réponse lors des prochains renouvellements au mois d’avril.
Réassurance : les ouragans font grimper les prix
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir