Le Maroc se dote d'une couverture catastrophes
Maghreb Rendez-vous de Casablanca de l'assurance
Le pays finalise le lancement d'un régime obligatoire pour couvrir les catastrophes d'origine naturelle ou humaine. D'un montant de 60 à 100 ME de primes, le marché représente une opportunité pour les réassureurs internationaux.
Dernière ligne droite au Maroc pour le régime de couverture de risques catastrophiques. Le projet de loi subit actuellement ses ultimes ajustements avant d'être déposé devant le Parlement en vue d'une adoption en 2013, lors de la prochaine session de printemps. « Le Maroc va ainsi devenir le premier pays du Maghreb à se doter d'un régime obligatoire des risques catastrophiques », s'enthousiasme Abderrahim Chaffai, directeur général délégué de la Société centrale de réassurance (SCR). Unique opérateur de cette branche sur le marché marocain, la SCR exerce aussi un certain nombre de missions d'intérêt général.
Surprime et fonds d'État
Dans un pays où le taux de pénétration de l'assurance ne dépasse pas 3% du PIB, le projet, qui a mis plus d'une décennie avant d'aboutir, ne manque pas d'audace. Il comprend deux volets : un fonds d'assurance, alimenté par une surprime obligatoire prélevée sur la majorité des contrats (seules l'assurance vie et l'assurance maritime et aviation y échapperont), et un fonds d'urgence, doté par l'État et destiné à indemniser des personnes non assurées. « En Algérie, il existe bien un régime d'assurance en cas de catastrophe naturelle. Mais la souscription ne se fait pas par extension obligatoire. Résultat, moins de 20% de la population est assurée contre ce type de dommages », fait remarquer Abderrahim Chaffai.
La surprime, qui pourrait être fixée à 6% du montant de la prime initiale - un niveau encore en débat -, sera acquittée chaque année par l'assuré, particulier ou entreprise, au moment du renouvellement de son contrat.
Unique, mais à trois étages
Le système qui se dessine au Maroc est celui d'un régime unique couvrant à la fois des événements naturels et ceux qui sont le fait de l'homme. Le tremblement de terre et ses risques connexes (tsunami) figurent dans la première catégorie, ainsi que les inondations. Dans la seconde catégorie, le terrorisme et les mouvements populaires ont été retenus. Des travaux sont encore en cours, parmi les réassureurs internationaux, afin de déterminer avec précision ce qu'est un mouvement populaire, ce qui distingue une émeute d'une guerre civile. « Depuis le printemps arabe, ces notions ont évolué », reconnaît Abderrahim Chaffai.
Destiné à réaliser des économies d'échelle et à minimiser les frais de gestion, ce montage d'un régime unique a pour corollaire « une exposition plus forte », estime-t-on à la SCR. De fait, le mécanisme de couverture repose sur trois niveaux d'intervention : le marché marocain de l'assurance et de la réassurance, le marché international de la réassurance et, enfin, l'État.
Des intérêts européens
Avec l'appui de la Banque mondiale, un certain nombre d'analyses et de simulations chiffrées portant sur l'exposition et l'équilibre financier du régime ont été menées afin de déterminer avec précision l'intervention de chaque opérateur. « Certains réassureurs européens nous ont déjà fait part de leur capacité de couverture », indique Abderrahim Chaffai.
Dans un marché européen en panne, l'intérêt des réassureurs internationaux pour ce nouveau régime n'est pas feint, assure-t-on à la SCR. Plusieurs réunions avec les principaux réassureurs européens ont déjà eu lieu et auraient débouché sur un certain nombre de recommandations avant que le projet de loi ne soit déposé. Au total, le marché est évalué entre 60 et 100 M€ de primes.
DIX ANS DE GESTATION
En novembre 2002, le Maroc est frappé par de violentes précipitations. Les inondations paralysent plusieurs unités industrielles. Une aide d'urgence est débloquée par l'État. Deux ans plus tard, en 2004, le tremblement de terre qui frappe la ville d'Al Hoceima, au nord du pays, provoque plusieurs centaines de morts et détruit des milliers d'habitations. Une nouvelle fois, l'État intervient et débloque une aide d'urgence.
« Ces deux événements ont marqué le début d'une réflexion pour la mise en place d'un système assurantiel moderne en cas de catastrophe naturelle », explique Abderrahim Chaffai, directeur général délégué de la Société centrale de réassurance.
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