Réassurance santé et prévoyance : à quoi sert encore MutRé ?

La mise en vente possible d’un bloc majoritaire de l’actionnariat de MutRé remet en cause la pérennité de cet outil de réassurance santé et prévoyance conçu par la Mutualité française pour ses adhérents.

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Réassurance santé et prévoyance : à quoi sert encore MutRé ?

À vendre, parts de Matmut et de la Mutualité dans Mut­Ré, prix à débattre ! La petite annonce n’est pas encore officiellement sous presse mais elle a de quoi laisser perplexe quant à l’avenir de MutRé, la structure de réassurance, détenue à parts égales entre Scor, la Matmut et un bloc Mutualité (voir composition ci-contre). Alors que la Matmut faisait part, dès avril?2015, de son intention de vendre, l’actionnaire serait désormais rejoint par quelques mutuelles issues du bloc Mutualité ainsi que le révélait La Lettre de l’assurance dernièrement. ­Selon nos informations, au moins 51 % du capital de MutRé (33,3 % issus de Matmut et 18 % du bloc Mutualité) devrait être mis en vente. De quoi attirer davantage d’acheteurs potentiels. C’est en tout cas le pari implicite de ­Daniel Havis, président de la Matmut. La cause de ce désamour est connue : « MutRé a été utile en son temps et a rendu service. Son développement ne peut guère se réaliser qu’en marchant sur les plates-bandes de Scor, l’un de ses actionnaires », déclarait Daniel Havis en avril dernier. En 2014, MutRé a vu son résultat net chuter de 6 à 1,3 M€, sous l’effet de dotations exceptionnelles aux provisions pour risques et charges tandis que le chiffre d’affaires stagne à 364 M€. Ce n’est pas tout. L’argument est aussi ­financier. En 2014, la contribution de MutRé au résultat net de Matmut s’élevait à … 0 € en sus d’un dividende nul ! Une raison suffisante pour convaincre la mutuelle rouennaise de vendre, et ce « d’autant plus que la Matmut, dépendante d’une activité auto ultra-concurrentielle, cherche par tous les moyens à dégager des plus-values rapidement », confie un bon connaisseur du marché.

Un outil affinitaire toujours d’actualité

Au-delà de l’absence de dividendes, la position vendeuse de quelques mutuelles santé interroge sur la pertinence de conserver un outil affinitaire façonné par la Mutualité française pour le compte de ses adhérents. « L’idée originelle était de construire un véhicule qui assure à la fois la connaissance forte du secteur et le savoir en réassurance », précise Romain Durand, responsable opérations Vie de Barents Re. Et d’ajouter : « Le modèle de réassurance mutualisée s’avère pertinent dans le cadre de la diversification des mutuelles en prévoyance, en assurance vie, dépendance et incapacité. » Or, ce principe fondateur se trouve ­aujourd’hui battu en brèche pour au moins deux ­raisons. La première tient au mouvement de concentration des acteurs de la santé à l’œuvre depuis plusieurs années, et qui s’est accéléré à l’approche de ­Solvabilité 2. La course à la taille critique pénalise MutRé qui intervient comme outil d’accompagnement, via la réassurance, dans le développement de petites et moyennes mutuelles sur de nouveaux marchés (emprunteur, dépendance, prévoyance…).

La seconde est inhérente à la structuration même du marché français de la réassurance santé et prévoyance selon laquelle l’essentiel des primes est cédé de façon horizontale, d’assureurs (mutuelles livre II, IP, sociétés anonymes…) à assureurs, par le mécanisme des acceptations en réassurance. En 2014, ces acceptations entre assureurs, aux ­dépens des réassureurs professionnels comme MutRé, pesaient pour 90 % des cessions en santé (2,7 Md€ sur 3,07 Md€) et presque autant en prévoyance (7,5 Md€ sur 8,9 Md€). Les raisons de ces choix sont multiples : développement commercial, soutien technique, solidarité financière, circulation des fonds propres entre sociétés « combinantes » ...

Si ­certains membres de la FNMF se disent prêts à abandonner au marché leur ­véhicule affinitaire en réassurance, d’autres continuent à défendre l’outil dans l’hypothèse d’un désengagement progressif de l’État en santé. « Si l’État ­décide de transférer 10 Md€ de dépenses santé au secteur privé, il faudra entre 2 et 3 Md€ de fonds propres pour les absorber en ­solvabilité pure. La seule voie de la Mutualité pour augmenter ­significativement sa capacité en capital réside dans la réassurance en tant qu’outil d’accès aux marchés financiers. Dans ce contexte, MutRé a toute sa légitimité », ­analyse Romain Durand.

Quant à la question des repreneurs potentiels, les pistes ne manquent pas. Si Scor n’a pas fait connaître ses intentions, une montée au capital à 85 voire 100 % n’est pas impossible. D’autant que des précédents existent. En 2008, le réassureur français avait acquis Prévoyance Re, organisme créé en 1997 pour réassurer les risques des IP et des mutuelles en santé et en prévoyance (primes nettes émises de 77 M€), précisément pour se renforcer « sur le marché français de réassurance de personnes et auprès des acteurs de l’économie sociale ». Le dossier peut enfin intéresser des assureurs soucieux de renforcer leur assise en réassurance santé et ­prévoyance à l’instar de CNP ­Assurances, AG2R La Mondiale, Malakoff-Médéric ou bien encore Covéa, qui ne cache pas son appétit en matière de réassurance pour les mutuelles et les IP…

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