Assurance auto et habitation : pourquoi les primes vont augmenter en 2020
L’inflation du prix des pièces détachées et la dérive continue du coût des corporels vont peser sur la prime d’assurance automobile. Les hausses tarifaires en habitation seront plus modérées en raison d’une moindre sinistralité climatique.

2020 sera marquée par des hausses tarifaires modérées en assurance dommages. Les hausses moyennes en assurance automobile devraient être comprises entre 1 et 2% selon Facts&Figures, et entre 1,5% et 2% selon le cabinet Actuaris. Si le produit automobile reste un « produit harpon », ce qui plaide pour une politique tarifaire « agressive », souligne Guillaume Rosolek, directeur pricing et data chez Actuaris, la hausse des coûts moyens pèse sur la sinistralité, en particulier le coût moyen des pièces détachées (+4,6%) mais aussi l’inflation du coût des dommages corporels (+5% par an) qui pèsent «pour près de la moitié » dans la prime d’assurance.
Taux bas
Le contexte de taux d’intérêt bas – ils sont même entrés en territoire négatif cet été – pèse également dans l’équation, en renchérissant le montant des provisions nécessaires pour couvrir ces sinistres corporels. Il pourrait aussi inciter les assureurs, confrontés à l’érosion des rendements en assurance-vie, à « déployer des stratégies afin de compenser les moindres revenus financiers », en cherchant de la marge sur les produits d’assurance dommages, analyse Guillaume Rosolek.
L’assurance automobile subit, d’autre part, la hausse du coût du bris de glace, du fait notamment du renforcement des exigences du contrôle technique en 2018. La technologie croissante embarquée dans les véhicules explique également cette flambée, souligne Facts&Figures, avec une hausse moyenne de + 2,90 % des pièces de verre sur 2017-2018 en intégrant l’évolution du mix.
La libéralisation du marché des pièces détachées voulue par le gouvernement devrait, à l’avenir, venir compenser l’effet inflationniste de cette variable, avec une baisse attendue des prix comprise entre 6 et 15% selon les évaluations de l'Autorité de la concurrence. « Cette dérive est une spécificité française due au monopole des constructeurs automobiles », rappelle Guillaume Rosolek. La réforme ne sera effective qu’au 1er janvier 2020 pour les pièces de vitrage, d’optique et de rétroviseurs, puis au 1er janvier 2021 pour les pièces de carrosserie sur les équipementiers de première monte.
Compétitivité tarifaire
Sous l’effet de la hausse des coûts, la prime pure en automobile augmente donc de 1,6% en 2019 et devrait continuer à augmenter de 1,4% en 2020, estime Actuaris. Dans ce contexte, difficile d’envisager que des assureurs pratiquent des gels de tarifs. « Il s’agit d’un artefact afin de gagner en production et en affaires nouvelles. Cela peut correspondre à une stratégie de reprise dans le temps », analyse Guillaume Rosolek. La MAAF a ainsi annoncé une stabilité de ses cotisations automobiles pour 2020. Mais elle pourrait ne pas être la seule mutuelle d’assurance, dans un contexte où les bancassureurs gagnent toujours plus de parts de marché (13,6% à fin 2018). « Les mutuelles sans intermédiaires (MSI) ont beaucoup travaillé sur l’abaissement de leur structure de coût ainsi que sur une segmentation accrue de leurs tarifs afin d’être en capacité de regagner de la compétitivité tarifaire », explique Facts&Figures.
Une moindre sinistralité climatique
Quant à l’assurance habitation, les majorations tarifaires de 3 à 4% ne sont pas à l’ordre du jour cette année. Hormis l’épisode de sécheresse sévère survenu cet été – dont l’effet en termes de sinistres se produira « à retardement » avec les premiers arrêtés de catastrophes naturelles attendus pour juin 2020 – 2019 s’est avérée plus clémente sur le plan de la sinistralité climatique. En 2018, la série d’événements climatiques moyens avait, en effet, coûté 3,2 Md€ au secteur. Actuaris s’attend donc à une baisse de la prime pure d’assurance habitation de 8% en 2019.
Par ailleurs, la baisse tendancielle des fréquences des sinistres observée depuis quelques années a permis de contenir le ratio combiné moyen du secteur en dessous de 100% (99,9% en 2018), ce qui plaide pour des hausses tarifaires modérées. « Le marché de la MRH est désormais sorti de la période de redressements tarifaires significatifs du début des années 2010. Les hausses tarifaires réalisées permettent désormais au secteur d’absorber une charge de 1,2 à 1,4 Md€ d’événements climatiques au cours d’un exercice. L’évolution des tarifs de la MRH dépend donc désormais essentiellement de l’évolution des risques « de base » de la MRH, à savoir : les dégâts des eaux, l’incendie, le vol et la responsabilité civile », explique Facts&Figures. Les hausses tarifaires en MRH devraient donc s'élever à 1,5% selon Actuaris, entre 1 et 2% selon Facts&Figures.
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