La crise s'immisce dans le réseau Allianz
ESTELLE DURAND
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ESTELLE DURAND
En période de réévaluation tarifaire, les relations entre assureurs et agents généraux sont souvent tendues. Cette année, elles le sont plus que de coutume. La situation économique amène, en effet, les compagnies à prendre des décisions drastiques et les syndicats d'agents à hausser le ton. À la morosité ambiante, s'ajoute une difficulté supplémentaire pour Allianz : un changement d'identité qui bouscule les repères et aiguise les revendications.
Une relance en peau de chagrin
Jean-Jacques Gadrat, le président de Mag3*, le syndicat des agents, l'a dit et répété : « Le passage à la marque Allianz doit s'accompagner d'une véritable relance commerciale. » Près de trois mois après le début des grandes manoeuvres médiatiques, la dynamique n'est pas au rendez-vous : « La compagnie a, apparemment, décidé de tout miser sur la communication, alors que nous avions demandé qu'une partie des moyens soit consacrée au développement du réseau », regrette Jean-Jacques Gadrat.
Le bilan du syndicat est sévère : « En auto et en MRH, les ventes sont inférieures à ce qu'elles étaient l'an dernier et, en entreprise, marché d'avenir pour les agents selon la compagnie, nous enregistrons depuis le début de l'année une baisse de chiffre d'affaires », précise Bruno Pelissier, secrétaire général de Mag3*. Seules activités épargnées : l'assurance vie et la santé, qui progressent respectivement de 12,3 % et de 7 %.
Après l'effet de surprise, place au travail de fond
Au lieu du rebond attendu sur le segment des entreprises, les agents font face à des majorations de tarifs et à des résiliations jugées disproportionnées par rapport à la situation observée sur le terrain. « Nous menons une surveillance accrue de notre portefeuille entreprise », reconnaît Jacques Caba, directeur commercial du réseau d'agents Allianz, qui estime agir « en assureur responsable, cherchant à optimiser son portefeuille pour être plus compétitif ».
Sur le fond, la stratégie d'Allianz diffère peu de celle des autres compagnies, mais la grogne du syndicat porte aussi sur la forme. « Les décisions tombent comme des couperets : difficile d'empêcher un client de confier tous ses contrats à un autre assureur lorsque le premier courrier estampillé Allianz qui lui parvient est une lettre de résiliation et que son agent, prévenu quelques jours avant, n'a pas eu le temps d'anticiper et de proposer une alternative », note Bruno Pelissier.
Conscient de l'impact que ces mesures peuvent avoir, Allianz vient de mettre en place un dispositif d'accompagnement afin d'aider les 200 agents touchés à passer le cap. Selon la compagnie, le plan de développement tant attendu ne s'est pas volatilisé avec la crise. « C'est un travail en profondeur que nous menons à différents niveaux - produits, processus de souscription, formation - et dont les retombées seront visibles à moyen ou long terme », souligne Jacques Caba. Pour répondre à l'impatience des agents, la compagnie a tout de même déclenché des actions à effet plus immédiat, telle que la possibilité d'accorder des remises de 30 % sur les contrats Profil Pro ou Profil Entreprise.
La crainte d'une dilution des spécificités de l'agent
Au-delà des préoccupations commerciales, les agents craignent aussi une rationalisation de la distribution au niveau européen et une dilution de leurs spécificités. Aujourd'hui, Jean-Jacques Gadrat parle de « crise d'identité, de confiance et de résultat », mais le dialogue n'est pas rompu pour autant. Le syndicat voit d'un bon oeil l'arrivée de Jean-Marc Pailhol à la tête de l'unité distribution. Et alors qu'un boycott s'organise (lire l'encadré), les discussions sur d'autres dossiers, comme Internet, avancent de manière positive...
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