Des guichets qui font des étincelles
ANGELA ENRIQUEZ
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ANGELA ENRIQUEZ
En affichant une croissance de leur chiffre d'affaires de 11 % en 2003 et de 19 % au premier semestre 2004, les bancassureurs vie continuent à grignoter des parts de marché. Ils font sensiblement mieux que le marché français, lequel a progressé de 8 % en 2003 et de 18 % sur les six premiers mois de 2004. Après deux années de pause, en 2001 et 2002, ils profitent pleinement de la reprise de l'assurance vie - elle suit un nouveau cycle de croissance à deux chiffres - et s'attendent que 2004 et 2005 soient également de bons crus. « Les fondamentaux permettant d'assurer durablement une croissance de l'assurance vie sont réunis, comme la sortie de la crise boursière et une baisse de la rémunération de l'épargne réglementée », analyse Frédéric Jacob-Peron, DGA de Sogecap. En outre, les campagnes de commercialisation autour du Perp contribuent à dynamiser la collecte sur les contrats vie classiques.
Un nouveau géant aux bottes de sept lieues
L'édition 2004 de ce classement est marquée par l'émergence du géant Prédica, fusionné avec UAF depuis le 30 juin (avec effet rétroactif au 1er janvier 2004). L'ensemble, avec une collecte de plus de 15 MdE en 2004, pèse dorénavant plus du double du numéro deux du secteur, Écureuil vie. Le champion de la croissance en 2003 est ACMN vie, dont le CA progresse de 52 %. Ce bond est cependant à mettre sur le compte du dynamisme de deux réseaux autres que celui du Crédit mutuel Nord-Europe. Le premier concerne les agences bancaires de la filiale belge du groupe, la BKCP, qui distribue les produits d'ACMN vie en libre prestation de service et dont la proportion dans la collecte totale du bancassureur est passée de 6 % en 2002 à 18 % en 2003. D'autre part, cette forte croissance provient du développement rapide du réseau de prescripteurs indépendants, UFG, dont la part dans la collecte totale est passée de 7 % en 2001 à 30 % en 2003. Ces facteurs ne reflètent donc pas la performance des guichets bancaires dans la vente de contrats d'assurance correspondant à la définition courante de la bancassurance. « Cette année, nous parvenons à un rythme de croisière, et la part de chacun de nos réseaux va se stabiliser », précise Bernard Lebras, DG d'ACMN vie.
Trois autres bancassureurs de taille moyenne ont fait nettement mieux que le marché en 2003 : Antarius (Crédit du Nord), Suravenir (Crédit mutuel Arkéa) et Prépar vie (Bred). La tendance se poursuit au premier semestre 2004, mais en prenant la suite d'une année 2002 en retrait, conformément au cycle de l'activité du secteur. Comme ACMN vie, Prépar vie voit sa croissance tirée par un apport croissant de partenaires extérieurs aux réseaux des agences de la Bred, dont le poids a doublé en trois ans (lire « l'Argus » du 10 septembre 2004, p. 25).
À l'opposé, les Assurances du Crédit mutuel (ACM), Erisa, Natexis et La Poste ont fait en 2003 nettement moins bien que la moyenne des bancassureurs. Chez Natexis, cette faible croissance de la collecte s'explique par la mobilisation des réseaux dans le lancement de la Gav. « Dans un réseau bancaire, le lancement d'un nouveau produit a un effet induit sur les autres », explique Marcel Pizzini, directeur du développement de Natexis assurances.
De leur côté, les Caisses d'épargne ont marqué une pause en 2003 - après avoir joué le rôle de locomotive du secteur en 2002 -, avec une progression de 20 %. Le premier semestre 2004 redémarre de façon satisfaisante pour L'Écureuil vie, grâce, notamment, au décollage de son contrat intergénérationnel, Nuances grenadine, ainsi qu'au service de gestion privée.
Un large tour d'horizon vaut mieux qu'un petit plan
Le premier semestre 2004 a également très bien profité à deux poids lourds du secteur, Natio vie (+ 44 %) et Sogecap (+ 36 %). La filiale de BNP Paribas avait pâti de l'évolution défavorable des marchés financiers en 2002 et début 2003, à cause de sa forte position sur le marché de contrats en unités de comptes. À l'inverse, le rebond de la Bourse lui a profité. Autre effet dopant sur son activité : le lancement de son opération Projets retraite. Sept mille conseillers de clientèle ont été formés à proposer une offre complète de solutions pour la retraite (et pas uniquement le Perp). De son côté, Sogecap a surfé sur le succès de son contrat lancé en avril 2003, Érable Évolution, orienté vers une clientèle tout public (180 000 contrats vendus en neuf mois).
Des formules gagnantes
Une timide reprise de la collecte des unités de comptes (UC) est constatée chez une majorité d'opérateurs. Mais ce retour s'opère en majorité sur les fonds à formule, réputés plus sûrs. « Depuis peu, nous observons un intérêt, encore très ténu, pour les actions émanant d'une clientèle patrimoniale. Une frange de la population estime que les cours d'achat sont désormais acceptables », indique Frédéric Jacob-Peron. Sogecap compte bien profiter de cette tendance et cherche à développer sa part en UC en intégrant une dimension performance à son offre. Même volonté chez Natexis assurances, qui constate une remontée progressive de la proportion des UC dans sa production. Le taux était au plus bas en 2001 (10 %), il est remonté à 20 %, l'objectif étant d'atteindre 22 % à la fin de l'année et 25 % en 2005. La collecte en UC a été essentiellement dynamisée par le lancement de trois campagnes de fonds à formule garantis, mais l'objectif du bancassureur est de tenter de ramener sa clientèle vers les fonds profilés. Son succès dépendra certainement de la tenue des marchés boursiers.
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