Durée du travailTémoignages Quelle que soit la date d'application de la loi, les agents veulent préserver leur disponibilité à l'égard de la clientèle. Ce faisant, ils exhument des gisements de productivité surprenants ou s'imposent des objectifs ambitieux.AVANT, APRÈS LE 1ER JANVIER, OU PLUS TARD ?

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Durée du travail

Témoignages Quelle que soit la date d'application de la loi, les agents veulent préserver leur disponibilité à l'égard de la clientèle. Ce faisant, ils exhument des gisements de productivité surprenants ou s'imposent des objectifs ambitieux.



AVANT, APRÈS LE 1ER JANVIER, OU PLUS TARD ?



AVANT , agent AGF à Manosque



L'ACTIVITÉ DE L'AGENCE CROÎT DE 15 % EN PASSANT À 32 HEURES...



Pour les trois employés des agences AGF d'Yves Teyssié à Manosque et Castellane, Alpes-de-Haute-Provence, la semaine ne compte pas 35 heures, mais 32. Comme l'horaire était déjà de 35 heures dans l'agence, lorsque la loi Aubry a été promulguée, Yves Teyssié a souhaité pousser la démarche plus loin, en accord avec ses employés, car elle impliquait une diminution de salaire. D'abord actée par une annexe à chaque contrat de travail, cette réduction relèvera bientôt d'un accord collectif. Paradoxalement, l'activité de l'agence a crû de 15 % en 2001 ! " Nous optimisons chacune de nos tâches, explique l'agent. C'est "la chasse au gaspi". Chaque mois, je réunis le personnel pour modifier tel ou tel aspect dans l'organisation, analyser les problèmes posés et imaginer des solutions. " Cet échange favorise l'évolution.



Fermer une demi-journée de plus ?



Il s'est aussi refusé à fermer l'agence une demi-journée supplémentaire par semaine. " Le client n'aurait pas compris. Nous ouvrons donc du lundi après-midi au samedi matin. Auparavant, traiter immédiatement un appel téléphonique constituait une priorité, même en présence d'un client. Nous recueillons désormais tous les appels et les traitons aux heures où nous sommes au moins deux au bureau. Notre temps est ainsi mieux géré et notre disponibilité plus grande vis-à-vis de nos assurés. " Cette adaptation l'amènera à investir en 2002 dans un central téléphonique. Tout en prenant deux heures par semaine pour affiner la stratégie de son agence, Yves Teyssié admet qu'il n'a pas trouvé la solution idéale pour les périodes de congés, chaque collaborateur étant lié à celles de ses collègues. Si elle améliore le confort des salariés, la réussite d'un tel projet, qui étonne sa compagnie, ne peut selon lui que reposer sur un engagement employeur/employé. " Chacun doit apporter sa pierre à la recherche de productivité. L'instauration d'un système d'intéressement constitue l'indispensable contrepartie de la RTT. "



MARIE-DOMINIQUE BOUCARD-PLANEL, employée de l'agence d'Yves Teyssié, a été la première à bénéficier des 32 heures.

" Travailler 32 heures au lieu de 35, c'est tenter d'accomplir autant de tâches avec une demi-journée de moins. L'investissement s'avère donc plus important en termes d'attention, de rapidité d'exécution et de rigueur. Une redéfinition des fonctions s'est imposée entre les salariés. Cette démarche a mené chacun à développer sa polyvalence et à sortir de son train-train quotidien. Nous avons même réorganisé l'agencement pour gagner en efficacité. Rien n'a été imposé, tout a été discuté. Sans les 32 heures, nous n'aurions sans doute pas accompli une telle remise en question. Chargée à la fois du commercial, de la gestion des sinistres et de la comptabilité pour l'agence, j'avais opté pour une pause le mercredi après-midi et une présence le samedi matin. Cette coupure me permettait de me ressourcer. Mais, comme ma collègue a des enfants en bas âge, j'ai accepté d'échanger le mercredi contre le samedi. Quant à la diminution de salaire, elle reste malgré tout légère, dans la mesure où l'on dispose d'heures supplémentaires pour soi. "

, à Salon-de-provence



APRÈS , agent général Axa à Montpellier



OUVRIR PLUS LONGTEMPS ET ÉQUILIBRER LE COÛT DU RECRUTEMENT GRÂCE AUX ALLÉGEMENTS DES CHARGES



Jusqu'au début de l'année 2001, nous n'avons pas sérieusement envisagé le passage aux 35 heures ", avoue Alain Vayssettes. L'agence qu'il dirige en compagnie de son fils Stéphane, également agent général n'emploie qu'une seule salariée, secrétaire à mi-temps, compte tenu du congé parental de trois ans dont elle bénéficie. La réflexion conduisant à réduire les horaires avant la fin de 2001 remonte à avril dernier. Elle s'est inscrite dans le cadre d'une action collective pilotée par les trois chambres Agea du département. " Nous souhaitions éviter l'alourdissement des coûts salariaux et bénéficier des allégements de charges sociales prévus au titre des deux lois Aubry ", explique Alain Vayssettes. Pour cela, il avait même envisagé deux hypothèses quant à la réorganisation de l'agence, mais aucune ne le satisfaisait : " Dans le premier cas, la réduction des horaires d'ouverture se répercutait négativement sur l'activité et, dans l'autre hypothèse, qui prévoyait le remplacement de la secrétaire par nous-mêmes en son absence, le nombre de nos rendez-vous avec les clients aurait diminué. " Puis, changement de décor au cours de l'été : Axa propose à Alain et Stéphane Vayssettes de reprendre le portefeuille d'un collègue décédé. L'opération se concrétise en octobre et ouvre des opportunités en vue des 35 heures.

Pour maintenir l'agence en bonne santé : + 8 % de CA en 2002



En effet, le recrutement d'une personne supplémentaire devient alors envisageable. Il doit permettre à la fois de faire face au surcroît d'activité et de réduire de 19 heures 30 à 17 heures 30 le temps de travail d'Agnès Barthez, sa secrétaire. Le passage aux 35 heures, avalisé par les autorités, est effectif depuis le 1er janvier 2002. La nouvelle salariée, engagée à cette date, effectue 22 heures 30 par semaine. L'agence, réorganisée en tout début d'année, est désormais ouverte une demi-heure de plus chaque jour, du lundi au vendredi. " Nous voulons que les deux secrétaires soient présentes le lundi afin de pouvoir tenir des réunions de travail et faire face à la surcharge résultant des déclarations de sinistres automobiles survenus au cours du week-end ", précise Alain Vayssettes. Sur le plan financier, l'agent général prévoit que la marge de l'agence sera sauvegardée grâce aux compensations financières prévues par la loi Aubry II et aux gains de productivité qu'il compte réaliser. Il a déjà fait ses calculs : pour maintenir l'agence en bonne santé financière, l'activité devra atteindre une progression de 8 % en 2002, puis de 10 % à 12 % en 2003. , à Montpellier



PLUS TARD , agent AGF à Cholet (Maine-et-Loire), se donne le temps de la réflexion



IL PRÉFÈRE GARDER SA LIBERTÉ ET SOUHAITE ORGANISER PROGRESSIVEMENT LES HORAIRES DE SES TROIS SALARIÉS



Pour Denis Bouyer, la priorité est le service au client qui serait pénalisé par la réduction du temps de travail de son personnel. Il compte adapter progressivement son équipe aux cours des deux prochaines années et envisage la possibilité pour ses assistantes de prendre à tour de rôle leur samedi après-midi. " Tout dépendra de la charge de travail, prévient-il. Si j'estime qu'elle est trop importante, nous resterons aux 39 heures, car l'agence ne peut pas supporter le coût qu'engendrerait l'embauche d'une quatrième personne. " L'échéance du 1er janvier 2002 tombe mal pour l'agent choletais. Il a en effet cumulé, en 2001, les perturbations liées à la fusion Allianz-AGF-PFA (dues notamment au nouvel outil informatique) et la reprise d'une seconde agence à Cholet. Ce qui a eu pour conséquence d'augmenter d'un tiers son activité, portant le nombre de ses contrats de 4 200 à 5 400.



" Éviter le carcan des aides "



" Si le rapprochement des deux agences ne s'était pas produit à ce moment-là, j'aurais peut-être fait l'erreur d'anticiper le passage aux 35 heures ", explique Denis Bouyer, convaincu d'avoir fait le bon choix. Surtout depuis l'assouplissement de la loi accordé aux entreprises de moins de 20 salariés, et même s'il ne bénéficiera pas de la réduction des charges sociales. " Je veux rester maître de l'organisation du travail et éviter de me mettre dans un carcan uniquement pour bénéficier d'aides ", justifie-t-il. Il a estimé à 7 000 J le coût annuel des heures supplémentaires (110 % de la rémunération de la 36e à la 39e heure). S'il reconnaît avoir aussi agi " par tempérament ", Denis Bouyer n'a pas pour autant pris sa décision à la légère. À partir des informations fournies par Agea et par l'Urssaf, il a finalement renoncé au passage aux 35 heures. Selon lui, dans cette affaire, chaque agence constitue un cas particulier. , à Cholet



LES AIDES EN FONCTION DE LA DATE DU BASCULEMENT



AVANT LES AVANTAGES LIÉS AUX DEUX LOIS CUMULÉS

C'est la situation la plus favorable. L'entreprise de moins de 20 salariés qui est passée aux 35 heures avant 2002 a le droit de cumuler l'allègement Aubry II et l'aide Aubry I. Celle-ci permet de bénéficier d'un abattement forfaitaire et dégressif sur cinq ans des cotisations patronales (lire encadré ci-dessous). Toutefois, en cas de cumul, l'allègement instauré par la loi Aubry II est minoré de 636,32 3 par an.

Pour pouvoir bénéficier de l'aide Aubry I, l'agence doit réduire sa durée de travail d'au moins 10 %. Les agences qui comptent un effectif inférieur à 8 salariés ne sont pas soumises à l'obligation d'embauche d'au moins 6 % des effectifs, mais sont obligées de maintenir l'effectif pendant vingt-quatre mois.

EXEMPLE DE CALCUL

Pour un salarié rémunéré 1 372,04 7 bruts par mois, l'entreprise bénéficie, la 1re année, d'une aide de 914,69 3, soit 76,22 7 par mois au titre de l'aide Aubry I, et d'un cumul mensuel de 197 7 (173,79 3 - 53,03 3 [636,32 3 ÷ 12]) au titre de l'aide Aubry II.

De la 2e année à la 5e année, l'aide Aubry I atteint 762,25 7 par an, soit 63,57 3 par mois, l'allègement Aubry II est le même, soit un cumul de 185,25 7.

Au-delà de la cinquième année, l'agence bénéficie de l'aide Aubry II pleine, soit 173,79 7 par mois.



APRÈS L'ALLÈGEMENT SEULEMENT

Elle n'a pas droit à l'aide Aubry I mais peut prétendre à l'allègement des cotisations patronales sociales Aubry II. Pour en bénéficier, elle doit effectuer 35 heures par semaine et appliquer un accord de branche étendu. L'allègement est calculé en fonction du montant du salaire brut ; aussi, peut-il varier en fonction de la prime de vacances, du 13e mois, ou de l'intéressement... Son montant est dégressif selon le salaire et va d'un minimum de 636,32 3 par an (53,03 3 par mois) pour une rémunération de 1 970,40 3 et plus par mois, à un maximum de 3 420,04 3 par an (285 3 par mois) pour une rémunération brute mensuelle de 1 094,58 3. Un barême a été établi par le ministère de l'Emploi par tranche de 3,05 3 (lire tableau ci-dessous). Cet allègement est pérenne.

EXEMPLE DE CALCUL

Pour un salarié rémunéré 1 372,04 7 bruts par mois, l'agence a une réduction mensuelle de 173,79 7. De plus, elle peut bénéficier du régime d'assouplissement des heures supplémentaires mis en oeuvre par le gouvernement pour les petites entreprises (lire tableau ci-dessous).



PLUS TARD LES HEURES SUPPLÉMENTAIRES MAJORÉES DE 25 %

Si elle y a droit, l'entreprise qui n'est pas encore passée aux 35 heures continue à bénéficier du dispositif de réduction des charges sociales patronales sur les bas salaires. Celui-ci ne s'applique qu'aux salariés dont la rémunération n'excède pas 1 464,32 3 par mois (depuis la revalorisation au 1er juillet 2001). Le montant maximal de la réduction est égal à 205 3. Aucune aide n'existe pour les rémunérations supérieures à 1 464,32 3.

EXEMPLE DE CALCUL

Pour un salarié rémunéré 1 372,04 7 bruts mensuels, et travaillant 169 heures par mois, la réduction des cotisations s'élève à : 1 464,32 3 (1)- 1 372,04 3 X 0,607, soit 56,01 7.

Depuis le 1er janvier 2002, le nouveau régime des heures supplémentaires s'applique et donne lieu à une bonification de 10 % (payable en majoration de salaire ou en temps de repos) pour les heures effectuées entre 35 et 39 heures. La majoration passera à 25 % en 2003 et 2004.

(1) 1,3 fois le Smic.

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