L'année de tous les sinistres
ALEXANDRA OUBRIER
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ALEXANDRA OUBRIER
Aucun doute, 2003 restera dans les annales de l'assurance habitation comme une année noire. Gel, grêle, orages, sécheresse, incendies et inondations se sont succédé, si bien que peu de régions ont échappé à la sinistralité. Le dérèglement climatique préoccupe énormément les assureurs, qui redoutent la généralisation des inondations à répétition du Sud-Est. Le ratio sinistres sur primes s'est dégradé pour atteindre 70 % en 2003, et certains assureurs présentent de pire taux encore : 91 % pour Aréas-CMA, 75,8 % pour Sogessur ou 73 % pour la Maaf. Un signe : nombreux sont ceux qui refusent de publier leurs chiffres. De son côté, le ratio combiné atteint 105 %. Conséquence inéluctable : l'augmentation des tarifs se poursuivra pour les clients en portefeuille. Pour les autres, la pilule sera plus facile à avaler, car tous les acteurs du marché, assureurs, bancassureurs ou mutuelles, pratiquent de belles promotions sur l'assurance habitation, notamment, pour les banquiers, lorsqu'elle est souscrite en même temps qu'un contrat auto ou qu'un prêt immobilier. Globalement, l'influence sur les ventes sera limitée.
Flambée des sinistres à prévoir
Toutefois, l'aggravation de la fréquence et de la gravité des sinistres conduit les assureurs à s'interroger sur la prévention. Notamment en ce qui concerne les incendies, en forte augmentation en 2003, comme en 2004. La Maaf, par exemple, étudie actuellement les causes et les circonstances précises des sinistres afin d'identifier les caractéristiques du risque. Son analyse montre que les incendies touchent plus souvent les vieilles maisons ou les habitations datant des années soixante et soixante-dix, que la présence d'un insert de cheminée est un élément favorisant les incendies et que certains défauts d'installation électrique ou l'utilisation de multiprises surchargées sont à l'origine de feux dévastateurs. La Maif a diffusé ainsi un cahier pratique dans « Maif infos », le journal des sociétaires, intitulé « L'incendie dans la maison, un risque majeur » pour alerter ses assurés. D'autres assureurs remettent même à leurs nouveaux clients des dépliants comportant des conseils de vigilance. Reste que le vieillissement du parc de logements en France fait inexorablement peser un risque croissant de sinistre.
Une seule solution, la résiliation ?
En ce qui concerne les catastrophes naturelles (les inondations sont les plus courantes), s'il n'est pas officiellement question de se retirer des zones sensibles, les politiques de sélection se font plus précises. Les collectivités territoriales, encore en phase de prise de conscience des risques, commencent à prendre des mesures : rehaussement des berges des rivières, alertes mieux organisées... Axa, dont la charge sinistres a augmenté de 15 % en 2003, a même décidé de peser de tout son poids pour les pousser à l'action : dans les zones à fort risque, l'assureur augmentera les primes si des mesures de prévention ne sont pas prises. La Macif est également active dans ce domaine, mais avec un état d'esprit différent : elle a financé des expertises permettant d'identifier les causes des inondations et formulant des recommandations, que certaines communes ont d'ailleurs suivies (lire l'« Argus » du 9 janvier 2004, p. 18). Mais elle reste une exception.
Si l'automne 2004, période critique pour les inondations, apporte son lot de catastrophes naturelles, parions que les assureurs feront alors montre de plus d'initiatives dans le sens de la fermeté.
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