Les multiples atouts de la rémunération
MADELEINE VATEL
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MADELEINE VATEL
À défaut de savoir si la crise est passée ou non, les directions des ressources humaines semblent avoir profité d'une inflation faible pour mettre en avant cette année le maintien du pouvoir d'achat. L'enquête d'Altedia montre une évolution des salaires dans l'assurance assez terne. Une relative sobriété que l'on observe de manière générale dans les autres secteurs.
Petite hausse, donc, avec une mise en avant des avantages prodigués par l'entreprise. « Je ne note pas de crispations, pas de modifications fondamentales » confirme Éric Verhaeghe, directeur des affaires sociales de la FFSA, qui rappelle que les politiques de rémunération sont votées sur plusieurs années, et qu'elles entrent actuellement dans leur troisième annuité.
Si l'on compare les salaires de base médians, la plus forte augmentation est observée au niveau des ingénieurs système (7,7 %), qui faisaient déjà figure de favoris en 2008 (9,7 %), à côté des gestionnaires d'actifs financiers (11,6 %). Les moins bien lotis cette année étant les juristes généralistes (- 1,7% ).
Étendre le variable et vendre les avantages
Il est difficile de savoir si l'état d'esprit reste celui de l'an dernier où, en plein brouillard, l'attitude générale était de mettre le cap sur une approche collective des augmentations salariales. À la très grande différence près que, cette année l'inflation, est minime. D'où un nouveau constat : la part de bonus, exprimée en pourcentage du salaire de base, a augmenté depuis l'année dernière. « On voit bien une généralisation de la pratique de parts variables individuelles au-delà des simples populations commerciales : 66 % des cadres sont bénéficiaires de bonus en 2009, contre 62 % en 2008. Les montants, quant à eux, sont restés relativement stables, voire ont légèrement diminué chez les cadres », remarque Arnaud Siegemund, responsable du développement chez Oberthur consultants. Ainsi, la tendance selon laquelle des professions autrefois rémunérées uniquement par un fixe se voient aujourd'hui concernées par une rétribution liée à l'atteinte d'objectifs se poursuit. C'est le cas du marketing, par exemple.
Mais le vrai changement est à chercher du côté des employeurs. La rémunération est plus que jamais un enjeu de communication. Dernier outil à la mode : le bilan social individualisé. Il est de bon ton, en période où l'on n'augmente pas les salaires, de favoriser l'explication autour de ce qui constitue la rémunération globale. Ainsi, autour de fiches pédagogiques personnalisées, c'est toute la part de l'employeur qui est détaillée : quelles charges paye-t-il sur le salaire, comment participe-t-il à la complémentaire santé, la retraite, l'intéressement, les tickets restaurants, ou encore l'admission à la cantine, ou à des avantages comme ceux qu'offre une conciergerie.
L'étude de l'observatoire Cegos donne raison aux employeurs. Elle montre que si 40 % des salariés, tous secteurs confondus, trouvent que les règles en matière de rémunération variable sont claires, ils ne sont plus qu'un tiers à penser de même dans la banque-assurance.
Venez chez nous, notre CE est une perle
La communication autour des avantages sociaux de l'entreprise et du comité d'entreprise devrait en outre ravir les 59 % de salariés du secteur banque-assurance qui en sont satisfaits, selon cette même étude réalisée en septembre. « Pour le salarié, c'est un atout très rassurant, car il est donné de façon constante, quelle que soit la performance », met en avant Valérie Jaunasse, manager de l'offre droit du travail et relation sociale chez Cegos.
De fait, cela se retrouve au niveau de la recherche d'emploi, les candidats semblent y être particulièrement attentifs, au point « qu'ils ne demandent plus s'ils auront des RTT, mais veulent savoir si leur mutuelle sera bonne », constate Francine Aufray, responsable d'agence Kelly assurances. À poste équivalent, des candidats aux fortes prétentions salariales vont choisir celui qui offre le plus d'avantages salariaux et sociaux. Important, quand on connaît la grande volatilité des candidats. « Ils changent souvent d'avis. Et tant que le candidat ne s'est pas présenté à son premier jour de travail, nous savons qu'il peut appeler la veille pour se désengager », poursuit Francine Aufray.
Élévation du niveau des diplômes
Cette nouvelle politique, et ce nouveau contexte économique, pourraient-il avoir une influence sur les recrutements ?
Altedia confirme la forte demande de commerciaux, de comptables, de contrôleurs de gestion, d'informaticiens, mais une certaine détente autour des actuaires, et constate une augmentation du niveau technique recherché par les entreprises. C'est le cas du métier d'expert : les sinistres baissent, mais leur complexité est en hausse. Cet exemple significatif est conforté par les nouvelles arrivées. Si les personnes qui partent à la retraite étaient rentrées avec un niveau bac, elles sont aujourd'hui remplacées par des bac + 4 ou des masters. Quant aux candidats en provenance de la banque, le phénomène est beaucoup trop infime pour avoir une influence sur les salaires. Ce qui fait dire à Altedia que, globalement, les niveaux de salaire des jeunes diplômés sont restés stables par rapport à l'année dernière.
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