Tant qu'on a la santé... mais pas seulement

Les mutuelles sont-elles assez diversifiées hors de leur coeur de métier ? La réflexion est ouverte dans tous les domaines, même dans l'auto et l'habitation. Mais le principal enjeu qui se dessine est la constitution de groupes complets en assurance de personnes.
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Cet automne, Mutuelle bleue, une mutuelle interprofessionnelle basée à Paris, annonçait le lancement d'une assurance auto sous son nom, qui sera suivie l'an prochain d'une assurance habitation. Pour faire face à l'« intensité concurrentielle », en particulier en Île-de-France, la vingt-sixième mutuelle santé française diffuse en marque blanche l'offre de Nexx Assurances, la filiale de vente directe du groupe Covéa. Mutuelle bleue ne devrait pas rester seule. Intériale, une mutuelle de la fonction publique, a déjà annoncé le lancement de produits IARD en 2010. Le groupe Adréa, qui prépare la fusion de ses huit mutuelles, est lui aussi convaincu de la nécessité de se diversifier. « Demain, notre activité ne pourra pas reposer sur la seule complémentaire santé », estime Jacques Février, directeur général d'Adréa mutelle Alpes-Dauphiné. « Faut-il avoir une présence en IARD ? », s'interroge-t-il. La question devrait être tranchée l'an prochain.

Des alliances au-delà de la Mutualité

En fait, la tentation semble plus forte chez les mutuelles qui gèrent un régime maladie obligatoire, régime des fonctionnaires ou des travailleurs indépendants : l'organisme ferait ainsi office de guichet unique pour le régime obligatoire, le régime complémentaire et les autres assurances.

Mais l'idée ne fait pas l'unanimité. « Lorsqu'on vend en marque blanche, cela coûte en général plus cher pour l'assuré », note Patrick Sagon, président de la Mutuelle générale. Nombre de mutuelles santé préfèrent donc nouer des partenariats avec les mutuelles d'assurances. Les premières privilégient d'ailleurs parfois les secondes, même sur leur coeur de métier. Sur son site internet, la Mutuelle nationale territoriale (MNT) affiche « à la une » les avantages de son partenariat avec les 1 300 opticiens du réseau Santéclair (Covéa). La Mutuelle générale de la police (MGP) lancera aussi en 2010 un nouveau produit santé en co-assurance avec la GMF.

Les deux familles, Gema et FNMF, entretiennent des liens : Daniel Havis, président de la Matmut (lire l'interview p. 34), est aussi vice-président de la Mutualité française. Il siège en effet au bureau de la FNMF au titre de sa branche Smac (Société mutuelle des accidents corporels), et il est aussi vice-président délégué de Prévadiès. Les partenariats sont donc dans l'ordre des choses, même si la concurrence vient parfois troubler l'harmonie des relations entre les deux familles.

Autre grand domaine de réflexion, la prévoyance. « Nous sommes en réflexion approfondie sur la stratégie à adopter », déclare André Geffard, directeur général de Prévadiès et codirecteur du groupe Harmonie Mutuelles - il souligne que cette réflexion a bien pour cadre le groupe, et nécessairement « au-delà ». « Pour nous, l'enjeu est de devenir un assureur de personnes complet », indique-t-il.

Un objectif partagé par Patrick Sagon, qui souhaite que la Mutuelle générale devienne « le pôle d'excellence santé d'un groupe d'assurances de personnes ». Les dirigeants de MCD et Sphéria Val-de-France, qui ont engagé la fusion de leurs mutuelles, ont aussi en ligne de mire la mise en place d'une offre complète en assurance de personnes et citent également la prévoyance en priorité. Mais cette stratégie de développement de la prévoyance pose aux mutuelles une question existentielle : avec qui travailler ? Des partenaires mutualistes, ou d'autres comme la CNP, déjà très présente et puissante ? Car la prévoyance « implique des partenariats », comme le souligne André Geffard. « Rien n'est décidé. Nous discutons avec tout le monde, au sein de la Mutualité et au-delà », ajoute-t-il, sans préciser si les projets de partenariat avec le groupe Malakoff Médéric intègrent aussi ces thèmes. D'autres dirigeants mutualistes confirment l'existence d'échanges, sur la prévoyance mais aussi en assurance vie et en épargne retraite. Tout se déroule dans la plus grande discrétion.

Car les problèmes à résoudre semblent nombreux. « Il n'y a pas vraiment de réassurance mutualiste », estime un président de mutuelle. L'Union nationale de prévoyance de la Mutualité française (UNPMF), qui a connu un développement rapide en 2008 et 2009, court après les fonds propres. Et avec un chiffre d'affaires d'environ 700 ME, elle demeure relativement modeste. Une réflexion de fond est donc en cours sur l'avenir de l'UNPMF, voire sur la forme juridique, mutualiste ou assurantielle, que devrait prendre un grand pôle mutualiste de prévoyance.

Un troisième pilier en retraite

L'Union mutualiste retraite (UMR), qui distribue le Corem, un complément retraite par points dédié à l'origine aux fonctionnaires, cherche aussi à nouer des partenariats avec l'UNPMF et des mutuelles interprofessionnelles. Alain Hernandez, son président, défend sa vision : « Il faudra un troisième pilier en retraite, car les deux premiers vont être en difficulté. Et Solvabilité 2 incitera aussi à des diversifications pour répartir leurs risques. » Enfin, la FNMF a mis en place plusieurs groupes de travail dans le cadre de son nouveau conseil des mutuelles prévoyance et retraite. L'un d'eux est consacré à la dépendance, domaine où la Mutualité revendique la première place, avec 1,2 million de personnes couvertes. Il doit définir les contours de ce que pourrait être une offre mutualiste en matière de dépendance, du volet assurantiel au volet services.

Un autre groupe se penche sur les problématiques liées à la retraite. L'idée est de couvrir les adhérents durant toute leur vie, en santé, puis en retraite, et enfin en dépendance. La FNMF prendra position publiquement sur ces sujets en 2010. Un positionnement nouveau, qui est aussi un retour aux sources des sociétés de secours mutuel, avant même la création de la Sécu.

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