Une douceur pour quelques privilégiés

Plus souvent dans l'ombre que les branches traditionnelles, elles n'en constituent pas moins des couvertures primordiales pour les grands groupes... et un terrain propice aux luttes de pouvoir entre courtiers. Seule une poignée d'entre eux se partage ce gâteau juteux.
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À côté des branches classiques (dommages, RC, transport et flottes auto), les branches spécialisées représentent un enjeu important pour les courtiers. Qu'il s'agisse de la protection de leurs dirigeants (responsabilité civile des mandataires sociaux ou RCMS), de leur bilan (via les sociétés captives) ou des couvertures pour leurs projets de construction, les budgets des fleurons de l'économie française peuvent atteindre des montants très élevés. Un gâteau que très peu de courtiers se partagent, tant ces domaines nécessitent (entre autres) une expertise pointue. Revue de détail des forces en présence sur deux spécialités : les captives et la RCMS.

captives un marché qui frémit

La situation des captives d'assurance ou de réassurance reste sensible, alors que la plupart des grands groupes en sont dotés. L'Amrae a d'ailleurs publié début 2007 une enquête sur le sujet pour le dédiaboliser. Les courtiers leaders dans ce domaine restent Aon et Marsh. « Notre groupe gère un quart des captives au niveau mondial, via des filiales spécialisées », précise Hervé Houdard, directeur général délégué d'Aon France. D'autres ont tenté de leur emboîter le pas, comme Siaci avec la société 2RS (rachetée en 2005). Créée en 2003 au Luxembourg, cette dernière parviendrait tout juste à l'équilibre. « Le business plan est respecté. Avec une quinzaine de captives en gestion et un chiffre d'affaires d'environ 1 ME, l'exercice 2007 dégage un léger bénéfice », déclare Laurent Belhout, de Siaci Saint-Honoré. Aussi sensible soit-il, ce marché présente des ouvertures. En effet, depuis deux ans, les industriels ont une gestion plus dynamique de leurs captives, soucieux d'en faire de véritables outils de risk management et d'optimisation du capital. Dans le même temps, les demandes de projets sont plus nombreuses. Pour preuve, les courtiers sont en train de conduire de nombreuses études de faisabilité pour la création de nouveaux véhicules. « Les évolutions réglementaires, Bâle 2 pour les établissements financiers, la directive réassurance ou encore Solvabilité 2, induisent des enjeux importants pour ces groupes, donc des opportunités intéressantes pour nous », commente Marie-Astrid Van Buuren, responsable du département financement des risques chez Marsh France.

Ces opportunités sont d'autant plus précieuses qu'il est rare que les entreprises changent d'intermédiaires pour leurs captives. Marsh s'occupe notamment des captives de Danone, Renault, Saint-Gobain ou encore Total. De son côté, Aon est le courtier des captives d'Accor, Air Liquide, Alstom, Bongrain, EDF ou encore Nexans, entre autres. Dès lors, tout changement est remarqué. Ainsi, au 1er janvier 2008, Marsh France a récupéré la captive de Carrefour. Le groupe mène en effet une politique de conservation de ses sinistres de fréquence, via sa captive de réassurance et, depuis 2005, via sa propre société d'assurances implantée en Irlande, Carrefour Insurance Limited. « Cette société couvre principalement les risques de dommages aux biens et de pertes d'exploitation des filiales de la zone Europe en libre prestation de service », précise Carrefour. Les risques RC font en outre l'objet d'une réassurance par la captive.

RCMS plus de peur que de mal

Le marché de la RCMS est en constante évolution. L'exposition des dirigeants des groupes nationaux ne cesse de croître, même si les taux de primes, en France, n'ont plus de corrélation avec ceux pratiqués outre-Atlantique. L'éventuel impact sur ces polices de la crise des « subprimes » américaine devrait donc être limité. De même, l'arrivée des actions collectives en France n'inquiète plus réellement les entreprises et leurs assureurs, rassérénés par le projet de texte très restrictif qui a failli être adopté l'an passé. La vigilance reste cependant de mise.

Le fait d'être « listé » (coté en Bourse) sur le marché nord-américain fait néanmoins partie des facteurs entraînant une surcote pour les entreprises (aux côtés de l'organisation de son management, de la structure de son capital, de la nature de ses participations financières, de la localisation de ses filiales, etc.), qui disposent alors d'un budget RCMS plus important.

Les courtiers présents dans cette spécialité en France sont plus nombreux que pour les captives. Aux côtés des leaders Gras Savoye (RCMS de Bouygues et Bouygues Télécom, de Christian Dior, d'Eiffage, de la Française des jeux ou encore des Pétroles Shell, entre autres) et Marsh (EDF, GDF, l'Oréal, Lagardère, Renault, notamment), plusieurs courtiers gèrent la RCMS des comptes dont ils détiennent les autres branches, tel Diot. D'autres encore, beaucoup plus discrets, n'interviennent que sur un secteur d'activité précis, à l'instar d'ACP, spécialisé dans les sociétés de télécoms et de high-tech. Enfin, la branche RCMS est souvent témoin d'attaques opportunistes de certains courtiers non spécialisés, mais pour lesquels cette spécialité permet d'entrer sur des comptes dont les branches principales sont beaucoup plus difficiles à décrocher.

« Le marché européen semble aujourd'hui arrivé à maturité. Il y a quelques années, cette branche était en quelque sorte un laboratoire d'essai pour les assureurs. Aujourd'hui, ils ont suffisamment de recul sur leurs résultats techniques pour affiner leurs conditions. Le rôle du courtier consiste donc surtout, désormais, à s'assurer que les clauses de la couverture correspondent bien aux besoins et au profil du client, et qu'elles sont en conformité avec les évolutions réglementaires », observe Paul-Émile Leroy, directeur du département entreprises et RC chez Gras Savoye, qui vient notamment de gagner la RCMS d'EuroDisney et de la Poste contre Aon. Ce dernier conserve cependant, après appel d'offres, celle du groupe Véolia et remporte la RCMS du groupe Michelin contre Marsh.

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