ANGOISSE
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ANGOISSE
Le doute est anxiogène. Nul besoin d'être psychologue pour analyser les comportements vendeurs sur les marchés boursiers. La période d'incertitude qui s'éternise (la guerre en Irak aura-t-elle lieu ?) use les nerfs des opérateurs... parce que la nature humaine a horreur du vide ! Le gouvernement Raffarin ferait bien de ne pas négliger cette dimension psychologique dans un autre domaine : celui des retraites. Samedi 1er février, défileront des milliers de personnes pour défendre leurs droits. Et le Premier ministre ne parviendra pas à calmer uniquement par le dialogue, l'écoute et un tour d'Europe hypermédiatisé l'angoisse qui s'exprime. Il devra aussi entendre et très certainement négocier avec les syndicats (même s'il s'en défend) les bases d'une réforme, forcément douloureuse. Mais pour faire avaler la pilule aux Français, donc diminuer leur anxiété, il est impératif de réduire la zone de doute. Comment ? En garantissant le niveau de la pension par rapport au dernier salaire (le fameux taux de remplacement). D'ailleurs, la récente enquête réalisée pour le ministère des Affaires sociales est symptomatique : seules 4 % des personnes interrogées consentiraient à une diminution directe des pensions. Pourtant, insidieusement, cette baisse est bel et bien engagée dans le privé, sous l'effet de la réforme Balladur de 1993 du régime de base. La chute est intériorisée, elle est source d'angoisse, car on ne sait pas bien où elle s'arrêtera. Elle suscite parfois même des réactions excessives : il n'est plus rare d'entendre les jeunes affirmer qu'ils ne toucheront rien à la retraite. La proposition de la CFDT semble donc raisonnable. Garantir au Smicard qu'il touchera une pension égale à son dernier salaire ou à 80 % pour ceux qui terminent leur carrière à 1 500 € par mois peut lever une angoisse. Au-delà, cette garantie minimale pourrait baisser en fonction des revenus d'activité. Les plus solvables ayant pu, en principe, se constituer un patrimoine et le faire fructifier. Y compris auprès des assureurs vie, comme en témoigne le succès de la formule actuelle, et peut être, demain, d'un système généralisé de type Préfon. Mais encore faut-il donner aux Français les moyens d'accéder à une information individuelle fiable, leur permettant d'évaluer, au moins dix ans avant leur départ, leur taux de remplacement. L'idée de Patrick Peugeot, président de La Mondiale, de mettre en place un service national de calcul des retraites contribuerait donc aussi à calmer l'angoisse.
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