Comment la loi Hamon a pesé sur l’assurance auto et habitation en 2015
Un peu plus d’un an après son entrée en vigueur, la loi Hamon continue d’agiter le secteur de l’assurance française. L’Association française de l’assurance (FFSA-Gema, AFA) a observé une accélération du turn-over des portefeuilles auto et MRH au cours de l’année 2015. Un environnement de marché de nature à renchérir les coûts d’acquisition et dégrader la profitabilité technique, dixit la profession.

L’assurance française nous avait donné rendez-vous en 2016 pour mesurer et commenter les premiers effets de la loi Hamon. C’est désormais chose faite ! A l’occasion de sa traditionnelle conférence annuelle des résultats de l’assurance, l’AFA, qui réunit la FFSA et le Gema, a observé un « effet d’accélération du turn-over des portefeuilles en auto et habitation », conséquence directe de la résiliation infra-annuelle des contrats en auto et habitation instituée par la loi consommation.
Un effet visible, pas une rupture
La preuve : en auto, le taux de rotation a progressé d’1,1 point entre 2014 et 2015, de 13,8% à 14,9%. En MRH, l’amplitude est plus forte. Le turnover s’est apprécié d’1,5 point, de 12,6 à 14,1%. Un mouvement de marché que la profession tempère : « Nous n’assistons pas à une rupture dans le fonctionnement du marché mais l’effet est néanmoins visible », souligne Pascal Demurger, président du Gema et vice-président de l’AFA.
Taux de rotation des portefeuilles auto et habitation entre 2014 et 2015 : (Source : AFA)
Pression tarifaire et inflation des frais de gestion
Et c’est peu de le dire. En effet, l’accélération du taux de rotation des portefeuilles alimente la guerre tarifaire à laquelle se livrent les poids lourds de l’assurance dommages en France. Une bataille des prix qui n’est, certes, pas nouvelle, mais dont la pression s’est clairement renforcée depuis l’entrée en vigueur de la loi Hamon. En témoigne les stratégies commerciales plutôt offensives opérées au 1er janvier 2016 par les mutuelles sans intermédiaires et les bancassureurs, en particulier en auto. « Personne ne peut nier la réalité de la concurrence en assurance auto en France, dont le montant moyen de la prime est de 450 € contre 750 € au Royaume-Uni », admet Bernard Spitz, président de l’AFA.
Conséquence : la prophétie de 2013 de la profession annonçant une dérive des frais de gestion serait en passe de se concrétiser. « Imaginer que la fluidification du marché se fait au bénéfice du consommateur final est peut-être un effet d’optique. Au contraire, le turn-over va peser fortement sur les coûts d’acquisition dans la facture finale. Nous verrons bien quels en seront les impacts au plan tarifaire », commente Pascal Demurger.
Le marché perd de l'argent en auto...
De là à penser que la loi Hamon explique la dégradation de la profitabilité technique des assureurs, en particulier en auto, il n'y a qu'un pas que la profession n’hésite pas à franchir. « Il existe un lien entre les ratios combinés dégradés et l’entrée en vigueur de la loi de consommation. Le marché perd de l’argent en auto », confie Arnaud Chneiweiss, secrétaire général du Gema. Chiffres à l’appui. Selon les premières projections, le ratio combiné 2015 en auto s’établirait à 106% contre 104% en 2014 (chiffre révisé de la première estimation à 107% en 2014). Une dégradation qu’il convient surtout d’attribuer à « l’augmentation des coûts moyens d’indemnisation des dommages corporels et matériels », rappelle Pierre Michel, délégué général de la FFSA.
De même, difficile de mesurer l’effet de la Hamon en MRH. La branche, dont le ratio combiné 2015 s’établit à 96% (-3 points), renoue pour la deuxième année consécutive avec la rentabilité. Une embellie qui s’explique par une baisse du nombre de cambriolages de l’ordre de 1% à 233 720, selon les données d’Interstats.
Auto : une dégradation durable et tenable ?
Une question demeure en suspens : un marché comme l’assurance auto peut-il structurellement continuer à dégager des résultats déficitaires ? Pour Pierre Michel, il faut distinguer le ratio combiné du secteur de celui dégagé par la compagnie. « Un ratio combiné peut-être dégradé dans la durée mais ce ne sont pas systématiquement tous les acteurs qui sont concernés », précise-t-il. En revanche, les mécanismes d’absorption des pertes techniques par les produits financiers risquent de s’éroder à moyen terme dans un environnement où les taux bas pèsent sur le rendement des actifs des assureurs.
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