E. Villette (Fédération des sociétés d'expertise) : « Nous voulons échanger davantage avec les directions indemnisation »
En se regroupant, il y a un peu plus de six ans, au sein d’une nouvelle organisation professionnelle, La Fédération des sociétés d’expertise (FSE), les acteurs de l’expertise après sinistre, intervenants pour le compte des assureurs IARD, ont prouvé qu’ils pouvaient parler d’une seule voix et œuvrer collectivement pour le bien de la profession.

Depuis décembre 2009, plusieurs projets ont été concrétisés : formation au risque amiante, charte de sécurité des experts, amélioration, en concertation avec Darva, du système d’échanges de données informatisés... La fédération a aussi joué un rôle important dans la révision de la convention collective qui vient de faire l’objet d’un accord entre les partenaires sociaux de la branche. La FSE a trouvé sa place au sein de la profession. Dans la sphère de l’assurance, son influence s’avère plus discrète. Renforcer les échanges avec les assureurs fait d’ailleurs partie des priorités du nouveau président, Emmanuel Villette. L’enjeu est de taille. Il s’agit pour la profession d’être plus impliquée dans les débats ayant une incidence sur le quotidien des adhérents (convention d’indemnisation, par exemple), mais aussi d’être force de propositions à l’heure où la gestion de sinistres se modernise – en laissant parfois peu de place aux experts – et devient prépondérante dans la fidélisation des assurés, renforçant par là même les attentes des assureurs.
Comment abordez-vous ce mandat de trois ans ?
La FSE est une jeune fédération. Les deux précédentes mandatures ont permis d’en construire et consolider les bases. L’objectif est maintenant d’aller plus loin dans le développement de chantiers et services aux adhérents ainsi que dans les relations avec les assureurs, notamment avec les directions indemnisation et directions générales. Aujourd’hui, les contacts entre sociétés d’expertise et assureurs passent surtout par les directions en charge des prestataires. En nous rapprochant davantage des directions indemnisation, nous pensons pouvoir donner à nos clients une vision plus précise de nos organisations et du potentiel de nos prestations. À l’avenir, la FSE sera davantage force de proposition dans les échanges avec les assureurs.
"À l’avenir, la FSE sera davantage force de proposition dans les échanges avec les assureurs".
La création de la Fédération française de l’assurance (FFA) vous ouvre-t-elle des portes ?
Il est encore un peu tôt pour le dire. Nos relations avec la FFSA et le Gema se résument aux comités de liaisons qui ont lieu une fois par an. Nous espérons pouvoir échanger plus régulièrement dans le cadre de l’AFA.
Vis-à-vis des adhérents, comment évolue le rôle de la fédération ?
L’expertise a connu des changements majeurs ayant conduit à des regroupements, des acquisitions, des investissements importants pour faire évoluer les organisations, les industrialiser afin de répondre aux besoins du marché. Un des enjeux aujourd’hui est de travailler davantage sur des sujets qui serviront la collectivité de l’expertise et à celle de l’assurance – en harmonisant ou standardisant certaines pratiques, par exemple – sans pour autant empiéter sur la dimension concurrentielle de nos relations. Ces réponses collectives sont essentielles dans un contexte où la réglementation (la loi Hamon, par exemple) accroît les exigences des assureurs en matière de satisfaction des assurés.
L’organisation de la fédération va-t-elle évoluer ?
Les commissions de travail permanentes viennent d’être réorganisées. De sept, elles sont passées à cinq et sont maintenant pilotées par des élus du bureau. Le périmètre de la commission EDI – échanges de données informatisés – a ainsi été élargi à l’innovation, au digital et aux datas. La commission métier réunit désormais tous les dossiers d’ordre technique et réglementaire, tels que le traitement des sinistres en cas de présence suspectée ou avérée d’amiante.
La précédente mandature s’est clôturée par un accord des partenaires sociaux sur la révision de la convention collective de la branche. Qu’apporte ce texte ?
La nouvelle convention collective répond aux préoccupations sociales qui se posaient du fait de la mutation de nos activités et de la réorganisation de nos modèles de production. La classification des emplois a été revue pour prendre en compte de nouveaux métiers liés à l’expertise à distance et aux services de réparation, activités qui se développent dans nos organisations. En matière de temps de travail, la branche est passée au forfait annuel en jours, ce qui offre plus de souplesse pour la gestion des événements de grande ampleur, par exemple. De manière générale, le secteur va gagner en flexibilité dans la construction des services de demain.
Est-ce que vous avez lancé d’autres projets ?
À l’avenir, les deux organisations du secteur que sont la FSE et la Compagnie des experts (CEA) qui réunissait à l’origine des cabinets et fédère aujourd’hui des experts sur des problématiques de compétence –, auront à s’interroger sur la façon dont elles cohabitent. Aucune décision n’a encore été prise sur leur future vie commune, les débats sont ouverts. Par ailleurs, nous envisageons une adhésion de la FSE à une organisation patronale (Medef ou CGPME), ce qui nous permettrait de nous rapprocher des pouvoirs publics et d’être au cœur des grands débats économiques et sociétaux.
Propos recueillis par Estelle DURAND
La Fédération des sociétés d’expertise
- Créée fin 2009, la FSE réunit les sociétés et groupements intervenant dans l’expertise après sinistre pour le compte des assureurs IARD. Dans le secteur de l’expertise (hors automobile), la FSE coexiste avec d’autres associations professionnelles : la Compagnie des experts agréés (CEA) dont l’action est centrée sur le métier et la formation et à laquelle adhèrent des personnes physiques ; les fédérations d’experts d’assurés (Upemeic et Fedexa) ainsi que des organisations plus spécialisées telles que la CFEC, Compagnie française des experts construction.
- 17 adhérents...
Adenes, Cabinet Anthore, Cabinet Hudault, Cerec Expertises, CPA Experts, Cristalis, Cunningham Lindsey, Duotec, Erget, GM Consultant, Groupe CET, Naudet DB&A, Polyexpert, Groupe Prunay, Saretec, Texa et Union d’experts.- ... au poids important
- 95 % du marché de l’expertise IARD.
- près de 10 000 salariés.
- plus de 2 millions de sinistres par an, soit 8 à 10 Md€ (d’indemnisations transitant par les experts).- Le bureau
Président Emmanuel Villette, Adenes.
Vice-présidents Patrick Weil, Groupe Prunay ; Philippe Tromson, Saretec ; Pierre-Antoine Lagé, Texa.
Secrétaire général Emmanuel Géli, Polyexpert.
Secrétaire général adjoint Philippe Egg, Groupe CET.
Trésorier Ludovic Redier, Erget.
Conseillers du président Olivier Vial, Cunningham Lindsey France et Jean-Luc Maynard, Union d’experts.
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