Election américaine : la victoire de Donald Trump fait vaciller les marchés financiers
A la surprise générale et déjouant la plupart des pronostics des instituts de sondage, le milliardaire Donald Trump a été élu 45e président des Etats-Unis en recueillant le minimum de 270 grands électeurs au détriment de sa rivale démocrate Hillary Clinton. Un dénouement qui inquiète les marchés financiers qui s’apprêtent à vivre une séance aussi chaotique que lors du Brexit.

L’Amérique déchirée. Une nouvelle page de l’histoire des Etats-Unis est en train de s’écrire et pas forcément dans le sens attendu par les analystes.
En recueillant la majorité absolue des grands électeurs (288 à ce stade pour une majorité absolue à 270), le candidat républicain Donald Trump a remporté, contre toute attente, la course à la Maison Blanche au détriment de sa rivale démocrate Hillary Clinton, pourtant donnée largement favorite dans l’ensemble des enquêtes d’opinion ces dernières semaines.
« Il est temps pour nous de panser nos blessures, de nous rassembler, Républicains et Démocrates, en tant que nation unie. Je fais la promesse à chaque citoyen que je serai le président de tous les Américains. Nous allons reconstruire notre nation et renouveler le rêve américain », a déclaré le président nouvellement élu à son QG de campagne.
Favorite déchue
Un coup de massue dans le camp démocrate rassemblé à New-York :
Ces images de supporters d'Hillary Clinton... #ElectionNight pic.twitter.com/XjqT7qOPDt
— Abder Heudz (@abderheudz) 9 novembre 2016
This team has so much to be proud of. Whatever happens tonight, thank you for everything. pic.twitter.com/x13iWOzILL
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 9 novembre 2016
Après avoir mené largement selon les premières estimations, Hillary Clinton s'est effondrée au fur et à mesure de la soirée. A partir de 3h30 heure française, les lignes se sont progressivement inversées après la victoire d’Etats-clés comme l’Ohio et la Floride (29 grands électeurs) rendant la probabilité de l’élection du candidat républicain de plus en plus forte, ainsi que le démontre la courbe de prédictions du New York Times. La candidate a reconnu sa défaite.
Réactions officielles
Les premières réactions officielles n’ont pas tardé à survenir face à ce que les observateurs qualifient de séisme politique. « Un monde s'effondre devant nos yeux », a réagi l'ambassadeur de France aux Etats-Unis, Gérard Araud sur son compte officiel Twitter. Marine le Pen, la présidente du Front National, a adressé ses « félicitations au nouveau président des Etats-Unis Donald Trump et au peuple américain, libre ! ». Au Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire, y voit un avertissement pour la France : « Continuons nos enfantillages irresponsables et ça sera Marine Le Pen ».
Dans une allocution prononcée à la sortie du Conseil des ministres, François Hollande a salué la victoire de Donald Trump « comme il est naturel entre deux chefs d’Etats démocratiques ». Et d’ajouter : « Cette élection ouvre une période d’incertitude. Je dois l’aborder avec lucidité et clarté. »
Vent de panique sur les marchés financiers
En cas d’élection, Donald Trump avait promis un « Brexit puissance 10 ». Les faits semblent, pour l’heure, lui donner raison. A quelques minutes de l’ouverture des Bourses européennes, les indices s’affolent. Les futures (contrats à terme) sur le CAC 40 chutent sous le seuil des 4300 points, en recule de 230 points par rapport à la clôture de la séance du 8 novembre. A l'ouverture, le la Bourse de Paris perd 2,64% à 4358 points.
Les futures sur le CAC 40 :
Même constat s’agissant des futures sur le Dow Jones, l’indice phare américain, lequel abandonne plus de 700 points à 17 690 points.
A l’ouverture de la bourse japonaise, l’indice Nikkei reculait de 2,32% alors que les résultats officiels n’étaient pas encore connus avant de creuser ses pertes à plus de 5%. Les marchés financiers se heurtent ainsi aux mêmes conséquences post-Brexit : « Une élection de Donald Trump pourrait avoir un impact significatif à court terme sur l’environnement de marché, engendrant une période d’aversion au risque juste après les élections », commentait la société de gestion Candriam à 24 heures du scrutin américain. Et d’ajouter : « La volatilité des marchés devrait restée élevée tant que les priorités législatives du président Trump ne sont pas gravées dans le marbre »
Les valeurs financières, dont le secteur de l’assurance, s’apprêtent à vivre une séance chaotique comme ce fut le cas fin juin à l’annonce du Brexit. En baisse de 3,7% dans les premiers échanges, l'action Axa réduit une partie de ses pertes au cours de la journée à -1,18%. Idem pour Allianz qui ne recule que de 0,6%.
Quels effets sur les classes d’actifs ?
Outre la volatilité des marchés, l’élection de Donald Trump devrait avoir un impact à court terme sur une série de classes d’actifs. Les actions des marchés émergents devraient en pâtir sur fond de probable déclin des relations commerciales américaines avec cette zone économique.
Sur le marché des changes, le peso mexicain chute de près de 13%, atteignant son plus bas historique, au-dessous de 20 pesos pour un dollar tandis que le yen et l’euro s’apprécient par rapport au dollar. L’or confirme plus que jamais son rôle de valeur refuge. L’once d’or atteignait 1323,17 $ vers 7h00 heure française contre 1 268,3 $ quelques heures plus tôt. « Une hausse à long terme des rendements obligataires US pourrait subvenir suite à l'augmentation attendue du déficit fiscal à moyen terme et une politique plus agressive de la Réserve fédérale », prévoit Candriam.
Le programme économique de Trump, principale source d’aversion au risque
Economistes et hommes d’affaires s’inquiètent notamment des retombées du programme économique et sociale du magnat de l’immobilier. Des mesures qui alternent protectionnisme, dérégulation financière et allègements fiscaux.
- Economie : consacrer 1 000 Md$ (900 Md€ environ) dans le cadre d’un vaste programme d’infrastructures en s’appuyant notamment sur des partenariats public-privé. Il a également promis de renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), responsable, selon lui, des délocalisations vers le Mexique. Il s’oppose également à l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe (Traité Tafta), en cours de ratification.
- Fiscalité : Réduire le taux d’imposition fédéral le plus élevé de 39,6 % à 33 %. L’impôt sur les sociétés serait, quant à lui, abaissé à 15 % (contre 35 % actuellement) et la taxe foncière supprimée.
- Finance : Abandon du Dodd-Frank Act, adopté en 2010 à la suite de la crise financière de 2008, qu'il accuse d'empêcher les banques de prêter aux ménages. De façon générale, il est favorable à un assouplissement de la réglementation financière. Une démarche qui pourrait se traduire par un fossé prudentiel des deux côtés de l’Atlantique, y compris dans le secteur de l’assurance avec Solvabilité 2. L’élection pourrait notamment compliquer les travaux en cours au Conseil de stabilité financière (FSB) visant à introduire un standard de capital international (ICS) applicable aux assureurs actifs à l’international à horizon 2019.
- Santé : Abrogation de la réforme sur l’assurance-santé, dite « Obamacare » adoptée en 2010 par Barack Obama. Cette mesure serait, d’après le candidat, de nature à maintenir 2 millions d’emplois d’ici dix ans.
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