Le Sénat se penche sur l’agence de notation européenne

Dans le cadre de ses consultations, la mission d’information du Sénat sur « le fonctionnement, la méthodologie et la crédibilité des agences de notation » a écouté, ce 2 mai, Markus Krall, ancien consultant du cabinet Roland Berger, dont il vient officiellement de démissionner pour se consacrer entièrement à sa grande passion : la création d’une fondation européenne de notation. Et visiblement, son projet intrigue autant qu’il intéresse.
Eviter les conflits d'intérêt
Son idée : concurrencer les trois agences phares de notation de crédit (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch), fortement décriées depuis le début de la crise, avec un nouveau modèle économique d’agence, dont le principe de base sera de faire payer les investisseurs plutôt que les émetteurs (Etats dans un premier temps, puis les entreprises) en vue d’éliminer les conflits d’intérêts, et de mettre en place une vaste plateforme de données accessible à toutes les parties prenantes, afin de garantir la transparence.
Scepticisme sur le projet
Soulignant que Markus Krall s’engouffre effectivement dans une faille du système de notation établi depuis des années, le rapporteur de la mission au Sénat, Aymeri de Montesquiou, sénateur (Union Centriste) du Gers, n’a toutefois pas caché son scepticisme sur l’aspect soi-disant « non lucratif » de cette fondation. « Les agences de notation ont été incapables de prévoir les catastrophes économiques et en même temps elles sont devenues un passage obligé. C’est intellectuellement monstrueux. Votre objectif semble extrêmement sain mais son but non lucratif est pour le moins surprenant », a-t-il déclaré.
Tournée des investisseurs
Markus Krall, ainsi que Bernard de Montferrand, ancien ambassadeur de France en Allemagne et co-porteur du projet, ont précisé que les profits réalisés par la future agence de notation, dont la fondation sera propriétaire, seront soit réattribués à la fondation qui les reversera à des associations, soit redistribués aux clients. Pour l’heure, Markus Krall fait le tour du monde dans le but de trouver une trentaine d’investisseurs afin de lever 300 M€.
Néant réglementaire
Certains auraient déjà manifesté leur intérêt pour ce projet. Interrogé par la présidente de la mission d’information, Frédérique Espagnac, sénatrice (PS) des Pyrénées-Atlantiques, sur la qualité d’écoute dont il a pu bénéficier auprès des autorités européennes notamment, Markus Krall a certifié que son projet intéressait fortement ses interlocuteurs, d’autant qu’au plan de la réglementation, il reste encore beaucoup à faire.
Les conclusions de la mission d’information du Sénat, qui poursuit ses consultations, seront publiées cet été.
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