Maghreb : l’économie sociale et solidaire peine à se structurer

En Europe, l’économie sociale et solidaire (ESS) est un phénomène installé. En France, ce pan de l’économie contribue à hauteur de 10% au produit intérieur brut (PIB) et emploie quelque 2,3 millions de salariés. En Belgique, l’ESS représente 10% du PIB et 10% des emplois. De l’autre côté de la Méditerranée, le secteur est clairement sous-représenté, avec à peine 1% du PIB au Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie). Pourtant, «ce tiers secteur peut être, en période de crise et de fort chômage des jeunes, une solution alternative aux structures traditionnelles qui séparent le travail et le capital», souligne Jean-Louis Guigou, délégué général de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed), lors d’une rencontre avec la presse.
Des situations contrastées entre le Maroc, l'Algérie et la Tunisie
Premier élément d’explication : le développement de l’ESS au Maghreb est freiné par les difficultés des principales organisations – coopératives, associations, mutuelles, fondations – à accomplir leur mission sociale tout en intégrant une orientation économique. Sans compter les situations propres à chaque Etat. En Tunisie, Ipemed déplore un manque de soutien réglementaire et juridique aux initiatives d’ESS qui contribue à accentuer le décalage entre les formes traditionnelles de solidarités et l’émergence d’un secteur structuré de l’entrepreneuriat social. «Nous préconisons des solutions laïques et transversales à la différence de la finance islamique et de l’assurance takaful (islamique, NDLR), dont il faut néanmoins se préoccuper sérieusement», indique Gérard Andreck, président de Macif, dont la mutuelle compte près de 500 000 sociétaires au Maghreb.
En Algérie, le périmètre de l’ESS est difficile à définir. En cause : l’omniprésence de la machine étatique qui n’encouragerait ni à la prise d’initiative ni à l’esprit d’entreprendre.
A l’inverse, le Maroc fait figure d’exception. A partir des années 80, le secteur de l’ESS s’est relativement structuré, et depuis le lancement de l’Initiative nationale de développement humain (INDH), en 2005, les entreprises de l’économie sociale interviennent pour identifier les besoins des populations.
Des solutions communes au nord et au sud de la Méditerranée
Reste que l’ESS devrait accroître sa volumétrie économique d’ici à quelques années. «Les Etats sont de plus en plus désargentés dans cette région du monde. Le secteur privé n’a pas la volonté de répondre à ces besoins dans la mesure où la rentabilité n’est pas suffisamment attractive. Il y a donc la place pour cette troisième voie», prédit Radhi Meddeb, président d’Ipemed.
Dans ce contexte, l’institut propose des recommandations visant à mettre sur pied un référentiel et des outils communs pour permettre au secteur de se structurer sur les deux rives de la Méditerranée : création d’un statut de l’entreprise sociale et solidaire, mutation du micro-crédit à la micro-finance solidaire, incitation à la création d’instituts de micro-assurance…
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