Mutualité Française : la feuille de route de Thierry Beaudet
Le nouveau président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), élu sans surprise à l’occasion de l’Assemblée générale du 23 juin, a dressé le programme de ses premiers mois de mandat, ponctués par une nouvelle AG extraordinaire en décembre.

Son élection n’a effectivement été qu’une formalité. Elu par près de 87% des délégués réunis à la Maison de la Mutualité, à l’occasion de l’assemblée générale de la Mutualité française, Thierry Beaudet va se mettre au travail pour les cinq années à venir, en compagnie du nouveau directeur général Albert Lautman – succédant lui-même à Emmanuel Roux.
Les chantiers qui l’attendent sont nombreux. Le nouveau président de la FNMF, anciennement vice-président de la première fédération mutualiste, a pu observer, comme son prédécesseur Etienne Caniard, ces évolutions qui ont impacté les mutuelles, ces « attentes déçues » qu’a voulu tempérer en partie le Premier ministre Manuel Valls en introduction de cette journée.
Répondre aux inquiétudes des mutualistes
SI la hausse « incontrôlée » de la fiscalité des contrats complémentaires santé et les effets des règles prudentielles (Solva II) ne sont pas à mettre au débit du gouvernement actuel, Thierry Beaudet a toutefois dénoncé « l’inflation réglementaire d’un Etat tatillon » et la segmentation des activités, qualifiant les réformes de la complémentaire santé pour les salariés du privé (ANI) et les seniors (contrats labellisées) de « réponses inadaptées ». Et de résumer en une phrase l’inquiétude du millier de délégués présents à la Maison de la Mutualité : « Les réformes des dernières années fragilisent trop dangereusement notre modèle économique. »
Autre inquiétude, évoquée par certains depuis de nombreux mois : le cumul des fonctions de M. Beaudet. Celui-demeure effectivement président de la MGEN. Ce nouveau cas de figure, autorisé par une modification statutaire votée de justesse lors du dernier congrès de Nantes, a laissé craindre une emprise grandissante des mutuelles de taille importante – le futur groupe MGEN-Istya-Harmonie pèsera pour 5 milliards d’euros de cotisations en santé. « A ceux-là, je veux dire que je serai un président au service de l’ensemble des mutuelles et le président de la seule fédération qui rassemble toutes les mutuelles », a-t-il assuré.
Prospective... et diversification
Quelle orientation donner à ce mandat pour rassurer les mutuelles, dans un environnement économique difficile ? L’une des principales orientations de M. Beaudet, explicité alors même qu’il n’était que candidat (unique) à la succession de M. Caniard, est la diversification. « Attention à l’auto-enfermement des mutuelles sur la santé » prévenait-il alors, un marché de la santé de plus en plus réglementé et aux marges en diminution régulière. « D’autres besoins émergent », a-t-il simplement ajouté ce jeudi.
Cette volonté de prospective devrait ainsi être au cœur des Journées de rentrée, organisées fin septembre, pour « ouvrir de nouveaux horizons et questionnements » pour les mutuelles. Nouvelles voies de développement qui, entre autres, pourraient passer par l’e-santé ou l’économie collaborative.
L’avenir de la fédération en elle-même a également été au programme de ce premier discours du nouveau président de la FNMF. Thierry Beaudet a ainsi affirmé qu’il entendait poursuivre la diminution de la cotisation fédérale, après une baisse « sans précédent des cotisations » au cours du mandat de M. Caniard.
Une assemblée générale extraordinaire
Autre chantier en cours : l’évolution des structures fédérales. Une assemblée générale extraordinaire a ainsi été annoncée sur ce sujet, précédée par des réunions interrégionales organisées dès octobre. Plus généralement, M. Beaudet espère qu’à terme, la FNMF ne soit plus perçue comme un « corps étranger » aux yeux de certains mutualistes.
« Corps étranger » en interne, mais aussi une somme de « lieux communs » en externe : Thierry Beaudet entend améliorer l’image des mutuelles, vis-à-vis du public et notamment des professionnels de santé. Il donne en tout cas rendez-vous aux principaux syndicats, pour « travailler ensemble à l’amélioration de notre système ». Un agenda par conséquent bien chargé, dans l’optique – hasard du calendrier – des prochaines élections présidentielle et législatives de 2017…
Les ultimes inquiétudes d’Etienne Caniard
Le Premier ministre Manuel Valls a voulu rassurer les mutuelles quant à leur spécificité et la considération que leur portait le gouvernement. Mais le désormais ex-président de la FNMF Etienne Caniard, qui l’a précédé à la tribune, n’a pas manqué de soulever certains points de discordance. « Depuis de longues années nous mettons en garde devant les risques d’augmentation des exclusions, d’augmentation du renoncement aux soins. Nous ne sommes pas toujours entendus » a-t-il d’abord regretté, insistant notamment sur les risques liés à l’accentuation de la segmentation (ANI, contrats seniors).
La question de la solidarité est revenue à de nombreuses reprises dans cette ultime intervention de M. Caniard, ce dernier pointant que « le débat sur la place de la prévoyance n’est pas achevé » et prenant l’exemple des contrats dépendance en inclusion au sein des mutuelles de la fonction publique, une « réponse qui ne doit pas être fragilisée au nom d’une uniformisation ». Et d’insister sur ses doutes : « nous sommes encore solidaires, le serons-nous encore demain ? ».
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