Réformer la protection sociale : Macron et le "pognon" relancent le débat
Emmanuel Macron Protection sociale

Les déclarations d’Emmanuel Macron au congrès de la Mutualité et sur Twitter alimentent les réactions sur l'évolution de notre couverture sociale. Les acteurs sociaux sont loin d’être sur la même longueur d’onde.
Emmanuel Macron l’a dit et redit ! Très officiellement, lors de son discours au congrès de la Mutualité française, le président de la République a dressé un bilan très critique de notre système social, épinglant une « société qui sécrète toujours plus d’inégalités, qui exclue sans possibilité de recours » alors qu’elle consacre « une part toujours plus grande de sa richesse nationale à la protection sociale ». Plus officieusement, dans une vidéo publié par sa communicante, le chef de l’Etat dénonce dans un langage moins châtié l’inefficacité de notre protection sociale, au regard du « pognon » dépensé.
Le Président ? Toujours exigeant. Pas encore satisfait du discours qu’il prononcera demain au congrès de la Mutualité, il nous précise donc le brief ! Au boulot ! pic.twitter.com/2mjy1JmOVv
— Sibeth Ndiaye (@SibNdiaye) 12 juin 2018
Des propos qui ont alimenté la polémique et de nombreuses réactions. Lors d’une table ronde consacrée à la mutation de la protection sociale au congrès de la Mutualité française, Pascal Pavageau, le nouveau secrétaire général de FO, a dénoncé la volonté de «casser le système au motif de faire des économies » et jugé « intolérable » le fait que l’on puisse « laisser penser que les 14% de personnes qui vivent en dessous du taux de pauvreté aient une quelconque responsabilité dans leur situation ». Et le leader syndical de se méfier d’une individualisation qui conduirait à instaurer une « loi de la jungle ».
Clarification sur la solidarité
Une position aux antipodes de celle défendue par Claude Tendil. Selon le vice-président du Medef, président de Generali IARD, il est nécessaire d’optimiser et non d’augmenter les quelque 700 Md€ consacrés à la protection sociale et le contexte politique fournit « l’opportunité de refonder les deux piliers que sont la santé et la retraite » : « Il faut clarifier ce qui relève de la solidarité et de la contributivité. La solidarité est un engagement politique nécessaire qui doit être financée par un impôt à base large. Pour le reste, le secteur privé a un rôle à jouer avec des solutions collectives et individuelles. » C’était la volonté de clarification affichée par Nicolas Sarkozy, au début de son quinquennat en 2007, volonté qui est restée lettre morte.
Mais Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, « ne croît pas une minute que l’enveloppe consacrée à la santé puisse stagner voire baisser dans une société qui vieillit.» Et d’évoquer également la prise en charge de la dépendance qui est « dramatique ». Cela dit, souligne le dirigeant cédétiste, d’autres dépenses peuvent être en baisse, à l’exemple de celles consacrées à l’indemnisation des chômeurs en cette période de reprise de l’emploi. Et Laurent Berger d’insister, plus largement : « Il faut partir des besoins, ce n’est pas simple et cela exige parfois de regarder ce que l’on a contribué à creuser comme inégalités »
Redonner de la mutalisation
Et de fait Patrick Brothier, vice-président de la Mutualité française, n’a pas manqué de souligner que si « la France affiche le niveau de reste à charge le plus bas de tous les pays de l’OCDE, cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y ait pas de problème d’accès aux soins ». Et le dirigeant mutualiste, vice-président d’Adrea, de critiquer un « système totalement atomisé », marqué par « des inéquités qui touchent certains jeunes, indépendants et retraités » : « Il faut refonder un système plus mutualisé »
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