Vif débat sur la régulation des dépenses d’optique
Les Français paient deux fois plus cher leurs lunettes que leurs voisins européens. La Cour des comptes réclame prioritairement davantage de concurrence dans le marché de l’optique et des contrats santé moins inflationnistes.

Un débat peut en cacher un autre. Avant même que la Cour des comptes ne publie son volumineux rapport sur la Sécurité sociale, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, réagissait aux fuites de la presse, en déclarant dans une interview à Ouest France : « Il n’y aura pas de déremboursement des lunettes ». A bien relire les recommandations de la rue Cambon, le propos est bien plus mesuré puisqu’il s’agit de « réexaminer à terme, pour la prise en charge de l’optique correctrice, l’articulation entre l’assurance maladie obligatoire et l’assurance maladie complémentaire dès lors que cette dernière aurait été généralisée ».
Situation inacceptable
« Ce n’est pas notre message principal. Nous disons que la Sécurité sociale s’est déjà désengagée et c’est le sujet. C’est un constat d’échec de la part de la sécu. Les organismes complémentaires ont pris le relais mais selon les contrats et les situations, le reste à charge est très important. Nous disons que cette situation n’est pas acceptable », a déclaré Didier Migaud, Premier président de la Cour des comptes, lors de la conférence de presse. La prise en charge de l’assurance maladie n’est plus que de 200 M€ sur une dépense totale de plus de 5 Md€.
Une prise en charge plafonnée
Et de fait, les principales recommandations de la Cour sur l’optique visent d’une part à « ouvrir le marché à plus de concurrence » - « le panier français est plus de deux fois supérieur à la moyenne de ses quatre grands voisins » - et d’autre part à encadrer plus fortement la complémentaire santé. Il s’agirait notamment de « rendre les contrats responsables plus exigeants et plus sélectifs, notamment en fixant des plafonds aux dépenses prises en charge ».
Peser sur le prix des lunetttes
La ministre estime également que les lunettes coûtent trop cher en France. « On s’aperçoit qu’il y a des marges importantes sur l’optique, des différences assez étonnantes et qu’on est en droit de questionner…Il s’agit d’engager la concertation et le dialogue pour faire en sorte de peser sur les prix en particulier des lunettes. J’ai bon espoir d’aboutir », poursuit Marisol Touraine dans l’interview accordée à Ouest France.
Développer les réseaux de soins
Pour l’UFC-Que Choisir, le rapport de la Cour des comptes ne fait que conforter le dossier qu’elle avait publié en avril dernier. « Les lunettes sont en France bien trop chères pour beaucoup d’usagers […] ces surcoûts proviennent d’abord de l’explosion du nombre de points de vente (+47% ces 12 dernières années), à l’origine d’une sous-activité chronique de ces magasins […] Conséquence : une marge brute des opticiens de 233% écrasante pour les consommateurs », explique l’association dans un communiqué, avant de réclamer une « régulation impérative » et d’en appeler « au développement des réseaux de soins pour réellement faire baisser les prix ».
Préserver l'emploi
Un discours rejeté par les professionnels de l’optique. Au micro de BFM, Philippe Peyrard, directeur général délégué d’Atoll, n’a pas hésité à mettre en cause les principaux financeurs de ce budget. « La qualité, les complémentaires santé et la TVA contribuent au coût des lunettes. La problématique des complémentaires, c’est qu’elles ne rétrocèdent pas ce qu’elles ponctionnent », a –t-il déclaré en expliquant en substance qu’il revenait à l’Etat de faire baisser le coût du travail pour maintenir un savoir-faire industriel et des emplois dans l’Hexagone.
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