Risques à forte intensité : Faire de la rareté une priorité

Quelle est la différence entre une crue centennale et une crue centenaire ? La première a une chance sur cent par an de se produire, la seconde pourrait intervenir une fois tous les cent ans. L'événement centennal a ainsi plus de risques de se produire que le second. Malgré ce constat, il n'en reste pas moins que les chefs d'entreprise les traitent de la même manière en termes de prévention et optent pour le non moins célèbre « cela n'arrive qu'aux autres ». Clotilde Marchetti, senior manager de Tuillet Risk et Management, en convient : « Il est évident que le chef d'entreprise fait bon nombre de choix, et que les risques à faible occurrence et même à impact lourd ne sont pas en tête dans sa liste des priorités. » Ainsi, il est difficile, pour n'importe quel conseil, de faire comprendre aux chefs d'entreprises qu'il vaut mieux mettre ce type d'événements en haut de la pile !

L'innovation ouvre la porte des entreprises

« Ce n'est pas simple de faire admettre aux dirigeants qu'il est préférable d'assurer un risque d'intensité, ou, du moins, de se préparer à y faire face, que de se prémunir de manière excessive de certains risques de fréquence », confirme Pierre-Marie Gauthier, directeur associé de Filhet-Allard. Outre les catastrophes naturelles, d'autres risques à forte intensité sont encore très peu considérés par les entrepreneurs. « Certains, comme le risque environnemental peuvent être sous-estimés par les entreprises », précise Hugues Souris, directeur du département risques d'entreprise de Servyr. Cet état de fait s'expliquerait par le manque de clarté des solutions proposées aux assurés sur le marché français et par une méconnaissance de la réglementation en vigueur. « Ce risque de forte intensité paraît lointain et plus difficile à identifier pour le chef d'entreprise. Mais le courtier est aussi là pour éclairer les industriels sur ces nouvelles réglementations et les aider à évaluer ce type de risque », continue Hugues Souris.

Pour autant, dans les dernières tendances des renouvellements de fin d'année, risk-managers et courtiers estiment que les contrats d'assurance responsabilité civile atteinte à l'environnement, par exemple, deviennent de plus en plus flexibles et innovants, et cela au niveau même de la rédaction des garanties. C'est une aubaine pour les sociétés de courtage et les compagnies d'assurances, qui, du fait de cette évolution, arrivent plus facilement à sensibiliser les entreprises à ces risques émergents, mettant en place par la suite des ateliers de sensibilisation destinés aux salariés ainsi qu'une batterie d'outils de prévention.

ÉTUDE DE CAS

ACCENT SUR LA PRÉVENTION APRÈS UN INCENDIE

• L'entreprise Pocheco (22 M€ de chiffre d'affaires, 114 salariés) produit chaque année près de 2 milliards d'enveloppes de gestion (impression, adressage, mise sous pli de courriers). En novembre 2011, rien n'avait préparé son président, Emmanuel Druon, à un tel sinistre. La toiture a pris feu, l'obligeant à tester grandeur nature son plan d'évacuation, qui lui aura permis de sortir tous ses salariés en à peine quelques dizaines de secondes et de ne compter aucun blessé.
• Après ce sinistre, accompagné de son courtier Verlingue, il réfléchit à un nouveau bâtiment entièrement équipé d'outils de prévention. Sprinklage, murs en béton cellulaire ou encore portes coupe-feu, tout y passe. « Je ne sais pas si cela aura une répercussion directe sur notre niveau de primes. Néanmoins, notre réaction aura eu le mérite de montrer aux assureurs que nous étions sur la même longueur d'onde. Ils nous accompagnent d'ailleurs toujours », conclut Emmanuel Druon.