Francky Vincent (SNIA) : «L'inspecteur, un relais incontournable au fonctionnement des entreprises»

Alors que le numérique remet en cause le rôle de l’inspecteur sur le terrain, le nouveau président du SNIA défend sa profession. Il en profite pour réaffirmer l’importance d’un syndicat spécifique dans l’assurance. 

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Francky Vincent (SNIA) : «L'inspecteur, un relais incontournable au fonctionnement des entreprises»
Francky Vincent, président du Syndicat national des inspecteurs d'assurances.

Pourquoi avoir voulu devenir président du Syndicat national des inspecteurs d’assurances ?

Je suis rentré au bureau exécutif du SNIA en 2002. J’avais alors 34 ans, et je représentais les jeunes pousses de l’inspection. Fin 2009, Sabrina Roche a été élue présidente du ­syndicat et je suis alors devenu son président adjoint. Quand elle a envisagé de passer la main, le choix de prendre sa succession s’est alors rapidement imposé à moi, car je souhaite poursuivre les chantiers entrepris par le SNIA depuis déjà quelques années.

SON PARCOURS

Francky Vincent, 48 ans, est diplômé de l’Institut supérieur international de commerce (Isic). Il est également titulaire d’un BTS Action commerciale. Il débute sa carrière comme ingénieur commercial chez un distributeur IBM.
  • 1992 Conseiller commercial chez Generali Proximité Assurances (GPA).
  • 1995 Conseiller commercial en mission d’animation chez Generali.
  • 1998 Inspecteur manager performance chez Generali.
  • 2006 Membre du bureau exécutif du SNIA
  • Depuis 2009 Inspecteur manager développement chez Generali.
  • Depuis 2015 Président du SNIA.

Quels sont ces chantiers ?

Aujourd’hui, pour exister dans le monde syndical, il faut avoir un développement fort. Le SNIA CFE-CGC représente 28 % des inspecteurs répertoriés en France, soit environ 1 700 personnes. Nous visons 2 000 adhérents d’ici trois ans. Pour parvenir à ce chiffre, nous comptons séduire les inspecteurs de moins de 40 ans, les retraités, mais aussi les femmes. Ces dernières ne représentent qu’un cinquième des inspecteurs en activité, mais nous voulons anticiper un mouvement de féminisation de notre profession qui nous apparaît légitime et cohérent.

Nous voulons faire comprendre que notre convention est pérenne, adaptable et contemporaine.

J’imagine que vos travaux vont aussi porter sur la défense de votre convention collective…

Nous avons la chance d’avoir une convention collective spécifique à notre métier, en ­l’occurrence la CCN du 27 juillet 1992. Or, ce texte est souvent contesté à tort. Certaines entreprises tentent de rattacher leurs inspecteurs, notamment ceux qui sont appelés ­inspecteurs techniques, comme les compta­bles ou les régleurs, à la convention des cadres de l’assurance de mai 1992. Sans faire de corporatisme exacerbé, nous voulons faire comprendre que notre convention est ­pérenne, adaptable et surtout, contrairement à ce que certains syndicats pensent, très contemporaine.

À l’heure de la transformation digitale, l’inspecteur n’est pas un problème, mais une solution.

Quelles sont les différences majeures entre les deux textes ?

Déjà, le périmètre de rémunération n’est pas le même. La partie variable est certainement plus facile à encadrer sur la CCN des sociétés d’assurance que sur la nôtre. Ensuite, ­l’article 55 de notre convention permet d’exposer, lors des entretiens annuels, les difficultés rencontrées par nos interlocuteurs sur le terrain. Lorsqu’ils sont, par exemple, en désaccord avec leur direction sur certains objectifs, les inspecteurs peuvent le signaler par écrit à leur hiérarchie. Enfin, notre article 17B insiste sur l’obligation de mettre en place des concertations uniquement entre l’inspection et sa direction. Nous sommes l’une des rares conventions à avoir réussi à ins­taurer un dialogue direct entre des dirigeants d’entreprise et leur encadrement commercial. Cette mesure permet aux directions d’adapter leurs objectifs en fonction des problématiques de terrain que nous pouvons rencontrer. Ces deux articles conduisent, en tout cas, les inspecteurs à travailler dans un environnement plus serein, bien négocié et concerté.

Pourquoi estimez-vous, dans ce cas-là, être autant contesté ?

Il y a toujours eu un lobbying politique très dur mené contre le SNIA. Comme nous réalisons 65 à 80 % des voix dans des entreprises qui ont des collèges spécifiques, notre présence syndicale est très forte. Nous pesons, en conséquence, dans les négociations. Le SNIA est pourtant l’une des composantes de la fédération CFE-CGC de l’assurance. Nous avons donc une vision globale de la défense des salariés de l’assurance. À l’heure où le gouvernement cherche à réduire le nombre de branches, les entreprises peuvent s’interroger sur l’intérêt de conventions spécifiques. Or, là aussi, le SNIA est convaincu que le ­dialogue social doit porter à la fois sur des sujets globaux tels que l’intéressement, la santé, la prévoyance, mais aussi sur des sujets spécifiques liés au métier. Nous sommes un syndicat réformiste qui ambitionne de trouver le meilleur équilibre possible entre la performance de nos entreprises et le bien-être des inspecteurs que nous ­représentons.

Pourquoi de nombreux dirigeants ont, d’après vous, une mauvaise image du SNIA ?

Je ne suis pas persuadé de cela. Étant donné l’ancienneté de l’inspection et du SNIA – qui a été créé en 1928 – il est possible que certains pensent que nous sommes archaïques, voir « ringards » alors que notre objectif est bien d’être de plain-pied dans l’ère contemporaine et d’aider l’industrie de l’assurance à anticiper au mieux les évolutions telles que celles générées par le numérique. Nous avons d’ailleurs pour objectif de rencontrer les directions pour être force de propositions sur ce sujet.

En quoi le numérique change le métier d’inspecteur ?

Par définition, l’inspecteur est rarement assis derrière son ordinateur. Il est en mouvement perpétuel. Il ne peut donc pas consulter ­régulièrement ses mails. Seulement voilà, avec la généralisation des Smartphones, les inspecteurs sont désormais connectés en permanence, et leur direction attend qu’ils soient réactifs aux questions posées. Les ­inspecteurs doivent notamment être en capacité de faire un reporting à leur supérieur ­pratiquement chaque jour, alors qu’aupa­ravant, on attendait d’eux plutôt un rapport mensuel. Cette connectivité permanente est une source de stress pour ces professionnels, les outils numériques pouvant même être, dans certains cas, contre-productifs. Il est de notre ressort de faire des propositions sur un modèle alliant performance, rentabilité pour l’entreprise et bien-être valorisant pour ­l’inspecteur.

Le numérique peut-il, à long terme, menacer l’existence même du métier d’inspecteur ?

Bien au contraire ! À l’heure de la transformation digitale, l’inspecteur n’est pas un problème, mais une solution. Il doit être perçu comme le relais stratégique de la direction. C’est à lui que revient le rôle d’aller décliner la stratégie de l’entreprise auprès des agents généraux, des courtiers et des réseaux ­salariés. En d’autres termes, c’est à lui d’aller ­expliquer l’importance du digital aux équipes sur le terrain.

À vous écouter, le rôle de l’inspecteur n’a jamais été aussi primordial…

Montrer que le métier d’inspecteur est indispensable est l’une des missions que je me suis fixée avec le bureau exécutif durant ce mandat. Toutes les entreprises d’assurance mettent à présent en avant leur univers client. Seulement voilà, à une époque où la digitalisation fait inévitablement évoluer les mœurs et les modes de fonctionnement, ces acteurs se doivent de trouver le juste équilibre entre le numérique – c’est-à-dire la captation des clients par les nouvelles technologies – et l’humanisation nécessaire. Or, qui rencontre les assurés ? Les agents généraux, les courtiers et les réseaux salariés. Et qui est en contact avec ces réseaux de distribution ? Qui remontent leurs échanges avec les clients ? Les inspecteurs. De ce fait, nous nous considérons encore comme le chaînon présent dans toutes les compagnies d’assurance qui peut ­servir cette industrie dans tous les marchés locaux. Cela fait de l’inspecteur un relais ­incontournable au fonctionnement des stratégies de l’entreprise.

Dans ce sens, comment comptez-vous renforcer l’attractivité du métier, mais aussi celle de votre syndicat, dans les prochains mois ?

Nous allons lancer plusieurs chantiers dont l’objectif sera d’être à l’écoute de toutes les populations d’inspectrices et d’inspecteurs, afin de faire ensuite des propositions aux dirigeants d’entreprise. Ainsi, nous allons faire intervenir un coach auprès de nos adhérents en région afin de leur parler risques psychosociaux, management personnel et gestion de l’équilibre vie pro/vie perso. Nous venons aussi de lancer une application ­mobile, dans laquelle nous retrouverons notamment … l’intégralité de notre convention collective ! Pas question de lâcher prise sur ce sujet. Enfin, nous sommes en train de développer un service baptisé Cap’Privilèges pour permettre aux retraités de bénéficier des mêmes avantages que ceux proposés par leurs comités d’établissement lorsqu’ils étaient en poste.

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