Hervé De Veyrac président d'Agea : « Les agents ont une place à prendre dans les débats de société »
Réforme de la directive intermédiation, projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, élections municipales de 2014 : en France comme en Europe, les sujets qui touchent les agents généraux ne manquent pas. Hervé de Veyrac fait le point sur l'actualité et les travaux de la fédération nationale des syndicats d'agents généraux.
PROPOS RECUEILLIS PAR ESTELLE DURAND

Pourquoi avoir axé votre feuille de route sur le repositionnement de l'agent général dans la distribution ?
Depuis la réforme de la profession intervenue en 1996, le paysage de la distribution a changé. Par le passé, les agents généraux, en tant qu'intermédiaires, faisaient l'interface entre les compagnies et les clients. En évoluant vers ce qu'on appelle la multidistribution, nos mandantes se sont mises à exploiter différents canaux pour capter des prospects, et à s'adresser directement aux consommateurs. Ce qui pose la question du positionnement des agents généraux dans cette nouvelle organisation de la distribution.
Quels sont vos axes de travail dans ce repositionnement ?
Outre la défense de la profession dans son environnement législatif et réglementaire, que ce soit au niveau national ou européen, nous travaillons d'une part sur ce que j'appelle la proximité de valeur de l'agent général, c'est-à-dire la mise en relief de ce qu'il apporte dans la relation avec le client, un sujet que nous abordons notamment à travers la professionnalisation, d'autre part sur le renforcement de la lisibilité et de la visibilité de la profession.
Quelles actions menez-vous dans ce domaine ?
Un travail de refonte de l'appellation et du logo de la fédération est en cours pour faciliter son identification. Notre priorité est de renforcer notre présence à l'extérieur du monde de l'assurance. En tant qu'acteurs de proximité, les agents généraux ont une place à prendre dans les débats de société. Les élections municipales de 2014 doivent être pour nous l'occasion de rappeler l'implication de la profession dans la vie de la cité. Il ne s'agit pas de faire de la politique, de défendre des positions ou de réclamer quoi que ce soit, mais de participer de l'intérieur aux débats. Nous allons aussi nous rapprocher des associations de consommateurs au niveau local afin d'être plus à l'écoute des besoins.
Où en est le dossier de la professionnalisation ?
Au niveau d'Agea, nous proposons régulièrement de nouveaux dispositifs pour aider les agents à évoluer, que ce soit par la maîtrise des nouvelles technologies à travers des formations en e-learning, ou par la connaissance des évolutions réglementaires, avec des vidéoconférences sur le devoir de conseil par exemple. Mais nous souhaitons amplifier ce mouvement à travers la création d'un passeport qui puisse devenir un instrument de valorisation de notre métier. Nous avons récemment repris les discussions avec la FFSA sur ce sujet.
SON PARCOURSHervé de Veyrac exerce le métier d'agent général depuis 1993, à Marseille.
- 1998-2002 Secrétaire général du syndicat des agents AGF, Sagagem devenu Sagga puis Saggora
- 2002-2004 Président du syndicat Saggora.
- 2004 Vice-président de l'Association interprofessionnelle de santé et médecine du travail des Bouches-du-Rhône (AISMT 13).
- 2006-2012 Président adjoint d'Agea.
- 2012 Président d'Agea.
Les compagnies sont-elles prêtes à vous suivre dans ce projet ?
À ce stade, les discussions portent sur les personnes concernées par le passeport : tous les agents, comme le veulent les com-pagnies, ou uniquement les nouveaux agents, avec le risque dans ce cas, selon elles, de créer des réseaux à deux vitesses. La question ne se pose pas en ces termes, selon moi. Le taux de renouvellement de la profession - environ 6% par an -, l'intérêt des agents pour des formations qui leur sont utiles au quotidien, et l'obligation de formation continue qui se profile dans le cadre de la directive intermédiation : tout est là pour que, sur la base du volontariat pour les agents déjà en activité, nous montions en puissance sur ce sujet.
Comment avez-vous accueilli le rapport du député Werner Langen sur la directive intermédiation ?
Nous sommes assez satisfaits dans la mesure où son rapport s'avère en phase avec les réserves que nous avons formulées et les préoccupations que nous avons exprimées, depuis cet été, par rapport notamment au manque de proportionnalité des mesures ou à la surabondance d'informations non pertinentes, comme la transparence des rémunérations. C'est un document qui fait preuve de bons sens, de pragmatisme et de réalisme économique, mais rien n'est encore acquis. Nous continuons à suivre le dossier, car la directive, selon ce qu'elle véhiculera au final, pourra bouleverser de manière fondamentale notre métier.
Comment réagissez-vous à la généralisation des complémentaires santé ?
Que nos concitoyens puissent avoir accès à une complémentaire santé me paraît tout à fait légitime ; d'ailleurs, nous y oeuvrons. Le transfert vers les collectives des assurances individuelles - qui représentent en moyenne 7% du chiffre d'affaires - risque cependant d'avoir un impact sur l'activité des agences et sur les emplois. La question est de savoir si les compagnies entendent positionner leur réseau sur la collective. À notre niveau, notre rôle sera d'accompagner les agents sur ce marché via la formation.
Et si les clauses de désignation ne sont pas remises en question ?
Les conséquences seraient nettement plus préoccupantes, car c'est tout un pan du marché qui échapperait à la profession. Il est illusoire de penser, comme certains le prétendent, qu'il sera toujours possible de proposer des surcomplémentaires, parce qu'en termes de gestion cela sera non pas impossible, mais complexe à mettre en oeuvre. Le danger, c'est aussi que les salariés et les employeurs soient enfermés dans des solutions collectives et des options cadrées, et voient leur liberté de choix réduite. Sans compter le manque de transparence dans la gestion de ces régimes de branche. Du côté des salariés, la pertinence des clauses de désignation n'est pas démontrée à ce jour.
Que vous inspirent les initiatives des compagnies qui associent Internet à leur réseau de vente physique ?
Aujourd'hui, la difficulté n'est pas de capter des clients sur Internet, mais de les fidéliser. Pourquoi dépenser des millions pour gagner des contrats en direct dont la durée de vie moyenne est de dix-sept mois, alors qu'elle est de six ans en agence ? Qu'est-ce qui coûte cher ? Acquérir des clients ou les conserver ? Que les questions du rôle des intermédiaires et de la répartition des coûts se posent me paraît logique. Mais qui rend service à qui ? La question du coût ne peut se réduire à une ponction sur le commissionnement.
Si les clauses de désignation ne sont pas remises en question, les conséquences seront préoccupantes : tout un pan du marché échappera à la profession.
Base des organismes d'assurance
AbonnésRetrouvez les informations complètes, les risques couverts et les dirigeants de plus de 850 organismes d’assurance
Je consulte la baseHervé De Veyrac président d'Agea : « Les agents ont une place à prendre dans les débats de société »
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir